Comment pêcher au coup en rivière moyenne pour de beaux poissons ?

Certains poissons vivent en eaux rapides, d’autres en eaux calmes, d’autres entre les deux… Le pêcheur au coup doit adapter sa technique et son matériel à ces diverses configurations. Lorsque le pêcheur au coup installe son panier-siège sur les berges d’un cours d’eau, sa priorité première est l’observation du milieu : clarté de l’eau, vitesse du courant, profondeur et ripisylve, consistance de la berge. Ces deux derniers points sont importants puisque des nénuphars ou une berge en béton changent les habitats et donc les espèces présentes.

Un nombre important de facteurs est à prendre en compte pour déterminer la répartition des poissons dans les eaux courantes. Ceux évoqués ci-dessus bien entendu, mais me semble-t-il aussi, et c’est bien là toute la subtilité de la pêche au coup, les différentes vitesses du courant qui sont conditionnées par le débit et les hauteurs d’eaux, ceci affectant également la (les) température(s). Cela doit permettre au pêcheur de sélectionner sa ligne mais aussi de choisir l’amorce adaptée.

L’OBSERVATION DU MILIEU PERMET DE COMPRENDRE SON FONCTIONNEMENT

Le facteur écologique d’un cours d’eau ne doit jamais être considéré seul. Il ne serait pas raisonnable de considérer un seul facteur écologique pour déterminer les conditions de pêche. Il doit être intégré avec les autres composants de l’environnement en fonction des relations qu’il entraîne. Pour exemple la vitesse d’un courant lourd et puissant d’une grande rivière comme la Vilaine à Tranhaleux (Rieux – Morbihan) n’a rien de commun avec le canal de l’AA à Gravelines (Nord). La vitesse du courant conditionne la nature du fond  et le fleuve entraine des éléments vers l’aval, plus ou moins vite suivant leur taille, alors que le petit canal prend son temps pour uniformiser le fond. Dans les deux cas, cette vitesse a une influence directe sur la teneur en oxygène dissous qui est à peu près nulle (population de carpes, brèmes et carassins) ce qui n’est pas le cas d’une rivière semi-rapide comme le Gardon d’Anduze dans le Gard ou le Giffre en Haute-Savoie qui profitent du brassage de l’eau, ce qui favorise l’oxygénation (population de blageons, gardons et hotus).

LE PROFIL EN LONG

Le profil d’un cours d’eau se matérialise d’une manière suggestive suivant sa pente. Sachant que chaque espèce a une préférence pour une zone bien déterminée, pour matérialiser ces zonations, le scientifique belge Marcel Huet a classifié les différents cours d’eau en quatre zones piscicoles qui s’adaptent à une majorité de bassins versants et qui portent le nom de l’espèce la plus représentative de cette zone.

LA RIVIÈRE MOYENNE

Les cyprinidés se pêchent à la gardonnette, à la télescopique et à la bolognaise un peu plus en aval. Délaissons pour le coup la zone à truites et celle de l’ombre pour se concentrer sur des sites où la pêche en seconde catégorie a déjà toute sa place avant de poursuivre, un peu plus tard, vers l’aval. Cette zone est riche en cyprinidés au corps fuselé, un facteur à ne pas négliger. Ils ont aussi la particularité de se reproduire au printemps avec des œufs qui adhèrent au fond (goujon, barbeau) ou aux plantes aquatiques… Les différents postes sont occupés : le fond par le barbeau, le hotu et le goujon ; l’ablette, la vandoise et le chevaine (tout au moins en partie) occupent la surface et la zone dite entre-deux-eaux. La flore de bordure est sauvage et odorante comme la menthe et les carex aux longues feuilles très coupantes. La glycérie, le potamot perfolié et le crépu aux feuilles finement dentées et totalement immergées, indiquent une eau fraîche et bien oxygénée ce qui nous donne de précieuses indications sur les espèces de poissons présentes. Comme la rivière est peu large, les petites cannes télescopiques sont de sorties.

Une canne de 4 mètres permet de faire de belles pêches dans les rivières peu profondes.

LE GOUJON

A la petite gardonette les pieds dans l’eau. Ce petit cyprinidé (Gobio gobio) a une tête massive, un museau rond et porte deux barbillons à la commissure des lèvres. Les yeux sont placés haut sur la tête. Les plus gros goujons (tourets) ne dépassent guère 15 à 18 centimètres. Le dos est brun verdâtre, le ventre blanc à reflets argentés, les flancs sont marqués de taches sombres disposées en bandes longitudinales. Il vit en bandes nombreuses dans les eaux claires, fraîches et rapides à fond de sable et de gravier. Il fuit les fonds vaseux. Le goujon se nourrit de larves, de vers et de petits animaux du fond. La ponte a lieu d’avril à juillet sur les graviers, la femelle dépose entre 1000 et 2000 œufs. La ligne sera légère, plombée basse. Une amorce nuageuse et foncée est recommandée.

LE HOTU

A la bolognaise si le parcours le permet. Le corps de ce cyprin (Chondrostoma nasus) est élancé. Sa particularité essentielle est sa bouche qui présente des lèvres cornées tranchantes lui permettant de racler le fond. Le corps est gris métallique brillant. Il peut atteindre 45 centimètres pour un poids de 2 kilogrammes. Le hotu vit dans les eaux courantes, en bancs d’individus de même taille. Il se nourrit d’algues qu’il gratte sur les pierres du fond. Il se reproduit de mars à mai, la femelle pond 50000 œufs environ sur les graviers. Amorce lourde, sucrée et collante avec un traçant jaune pour faire remonter les hotus qui viendront en groupe, les plus gros en fin de coulée. Gozzers et asticots rouge. Canne bolognaise flotteur boule de 1 à 3 grammes suivant la profondeur et la vitesse du courant.

La ligne à barbeau possède une plombée basse pour tenir le fond et réaliser des arrêts de ligne (ligne identique pour le hotu).

LE BARBEAU

Canne style anglaise pour les courants. Ce cyprinidé (barbus barbus) est un poisson de fond avec un corps allongé, le profil se baissant vers l’avant. La bouche est située sous la tête, bordée de lèvres épaisses, 4 barbillons attachés à la lèvre supérieure. Les yeux sont petits, le corps est gris olivâtre, le ventre blanc avec des taches brunes. Les nageoires inférieures sont rougeâtres. Les individus les plus fréquents en moyenne rivière mesurent entre 30 à 40 centimètres pour 2 à 3 kilogrammes. Ce poisson aime les eaux vives mais se cantonne le plus souvent à l’abri des grands courants autour des piles de pont et à l’aval des barrages. Canne bolognaise de 6 mètres avec un flotteur porteur et une plombée basse. Pêche au ver de berge. Amorce brune, légèrement collante mais permettant un nuage persistant.

LE CHEVAINE

Le lèche-à-tout, déclencheur d’alertes. Ce cyprin (Leuciscus cephalus) possède un corps couvert d’écailles relativement grandes et terminé par une forte tête. La bouche est largement fendue, les lèvres sont épaisses, dépourvues de barbillons. La nageoire anale a des bords arrondis. Le dos est gris brunâtre, les flancs argentés à reflets jaunâtres. Les nageoires sont grises sauf l’anale et les ventrales qui sont rougeâtres. Il peut atteindre dans certains parcours 60 centimètres pour 6 kilogrammes. Il vit dans les eaux courantes, claires et se nourrit de tout ce qui peut se manger : vers, larves, plantes, fruits, insectes, alevins… La ponte a lieu en mai ou juin à raison de 50000 œufs par femelle. La pêche à rôder au stick est très intéressante. Asticots à la fronde, sans amorçage pour rester dans la discrétion.

Le stick permet une pêche à rôder basée essentiellement sur l’agrainage à la fronde.

L’ABLETTE

Le poisson argenté des eaux vives. Joli cyprinidé, l’ablette est assez facile à reconnaître à son corps fuselé légèrement comprimé latéralement et surtout à ses écailles très brillantes. Le dos peut aller du brun au vert, les flancs sont argentés, brillants, les nageoires grises, le ventre est blanc. Dans les eaux vives, vous trouverez également une autre ablette, baptisée spirlin (Alburnoides bipunctatus), qui possède un ventre plus arrondi et surtout une latérale soulignée par deux rangées de petits points noirs. Elle cohabite souvent avec le vairon et le blageon, voire la vandoise, à la sortie des courants ou dans les remous. Sa pêche se réalise avec une petite canne télescopique de 4 à 6 mètres avec une ligne légère de 0.30 à 0.80 grammes. Amorce très nuageante.

La ligne pour l’ablette est très sensible et doit s’enfoncer à la moindre aspiration.

LES PÊCHES DE VITESSE

La rapidité de cette technique donne des résultats étonnants. L’ablette et les spirlins sont des poissons qui permettent de réaliser des performances inimaginables comme le record du monde de Patrick Burkenstock avec 590 poissons en 1 heure. Voici quelques astuces pour une technique irréprochable. Pour aller vite, les champions utilisent des cannes très courtes (mitraillettes). Légères et rigides, elles sont parfois longues de 1,50 à 2 m, avec une petite poignée en liège – comme une canne à lancer – bien utile pour la prise en main. Mais les cannes télescopiques les plus courtes et les plus nerveuses (de 2 à 4 m) sont également très bonnes… et souvent bien moins chères. Pour réaliser ces pêches rapides voici deux amorces « maison » gagnantes :

Autres farines intéressantes pour l’ablette: lait en poudre, farine de riz, Alba 2000 (colorant blanc très puissant), Ablettix (additif particulièrement efficace et excitant).

Je vous propose aussi quelques mélanges du commerce : 3000 surface Sensas, Surface plus Rameau, Van Den Eynde spécial concours, 3000 ablettes Sensas, Plumm X21, Record 515 rouge et jaune Sensas, Rameau Gazza, Le corsaire, la X21. Ces pêches ne nécessitent pas de matériel lourd et encombrant, un bon moyen pour retrouver les plaisirs de la pêche à la ligne.

LA PÊCHE A RODER

La pêche au coup des poissons blancs n’est pas uniquement statique ! En pratiquant la pêche à rôder, vous pourrez aussi aller à la rencontre de poissons blancs tout en découvrant de nombreux coins différents. Vos captures habituelles sont alors le chevesne, le rotengle, la vandoise mais aussi l’ablette et le gardon que vous pêcherez à la canne télescopique ;  parfois des poissons lourds et combatifs comme le barbeau, le hotu et le carpeau et vous devrez alors privilégier une canne à anneaux de 4 mètres style bolognaise. Sur le moulinet, prévoyez un nylon classique de 14 à 16/100, avec un flotteur bon porteur boule dans les courants ou du genre stick de pêche à l’anglaise pour les calmes. Pensez à répartir le lest, cela favorisera une immersion progressive de la ligne et permettra de rouler plus facilement sur le fond, si cela se révèle nécessaire. Apportez également une musette avec petit matériel et lignes de rechange, où vous logerez également les boîtes à appâts.

Il faut jouer avec la couleur et le collant des farines pour sélectionner l’espèce recherchée.
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