La pêche du black bass au leurre de surface est la pêche la plus amusante qui soit. Elle n’a aucun égal en France. En eau douce, il faut aller au Brésil pour trouver une pêche qui lui est supérieure : la pêche du Peacock Bass au leurre à hélice. Mais avant d’entrer dans ce monde merveilleux où plus rien d’autre n’existe, il est nécessaire de bien se préparer pour rencontrer les black bass. Commençons donc par nous familiariser avec nos principales armes que sont le popper, le buzzbait, le stickbait et la grenouille.
Pêcher le black-bass en surface au Popper
Le popper est un leurre de surface compact muni d’une bouche concave et d’une plume en queue. La partie concave a pour fonction de créer un son caractéristique lorsque l’on actionne la canne d’un coup sec : le POP ! La plume, quant à elle, remplit le rôle de parachute (comme sur un dragster) en empêchant le popper de trop avancer et de faire une cabriole vers l’avant lors de l’animation.
Pour les non initiés à la pêche du bass, le popper est le leurre emblématique. Le black bass au popper fut un grand classique de la littérature halieutique des années 70, 80 & 90. Même si aujourd’hui nous savons que ce petit leurre n’est que la partie émergée de l’iceberg de leurres auxquels le bass répond, le popper continue d’exercer un très fort attrait sur le bass bien entendu, mais aussi sur ses pêcheurs.
Et c’est bien normal ! Le popper est le leurre de surface qui colle le mieux au comportement fantasque de ce poisson. Le popper peut s’actionner au plus près des obstacles, dans un mouchoir de poche : il n’a pas besoin d’une grande récupération comme un crankbait pour entrer en action. Il n’a pas besoin d’autant de place qu’un stickbait. Il est plus compact qu’une frog. Il est plus lent qu’un buzzbait. Bref, partout où les bass s’embusquent dans le cover, un popper lancé à proximité immédiate et actionné d’un simple coup de scion, suffit à le faire popper bruyamment et à déclencher une réaction de la part du poisson.
Le popper possède aussi la particularité de pouvoir pêcher très lentement : un seul Pop peut être suivi d’une très longue pause. Ces temps d’arrêt plus ou moins longs ont pour fonction de laisser le temps nécessaire au poisson pour arriver sur le leurre et le prendre. On peut donc pêcher au popper sur des postes profonds : le bass situé au fond a alors le temps de monter pour se saisir du leurre et c’est l’une des principales caractéristiques de ce topwater : la lenteur et l’insistance.
Si l’on peut se contenter de restreindre le popper aux postes encombrés, on peut tout aussi bien lui ouvrir un champ d’application plus vaste : l’open water. En effet, comme il attire de loin les poissons éparpillés (par sa sonorité et sa lenteur), il peut être profitable de le lancer et de l’actionner en pleine eau, là où aucun poste n’est visible. Le popper n’a pas son pareil pour faire sortir des herbiers les poissons et pour imiter une chasse de perches ou de petits bass. Il est alors conseillé d’alterner une petite série de Pops, suivie de courtes pauses. Contrairement à la pêche des endroits encombrés où la lenteur et l’insistance sont de mise, la prospection de pleine eau demande des fréquences de Pop plus soutenues.
Pour animer correctement son popper, il est conseillé d’utiliser une canne pas trop raide, du nylon ou de la tresse directement, mais surtout pas de fluorocarbone, qui aura tendance à faire couler notre leurre. Le ferrage devra être différé, lent et ample. Les gestes réflexes, rapides et secs sont à proscrire sous peine de raté, de casse ou de décroché.
Pêcher le black-bass en surface au Stickbait
Le stickbait se traduit littéralement par « leurre bâton », c’est à dire qu’il s’agit d’un leurre sans bavette, flottant, de forme allongée et pisciforme; il ressemble souvent à s’y méprendre à un vrai poisson ! Il existe deux type de stickbaits, ceux qui flottent à plat, on les appelle parfois des « sliders » et ceux qui flottent à 90° avec seulement la tête qui émerge de l’eau.
Ces leurres sont destinés aux pêches plutôt rapides de la période estivale, la nage consiste à réaliser ce que l’on appelle le « walking the dog », c’est à dire faire zig-zaguer son leurre de droite à gauche à la surface de l’eau, créant ainsi un sillage et tout un tas d’éclaboussures… C’est très ludique et les attaques des blacks sont souvent violentes et tout aussi pleines d’éclaboussures !
De part leur forme, ils se lancent à merveille et sont capables d’atteindre de longues distances. Il s’agit tout simplement du leurre le plus efficace pour attraper des carnassiers qui chassent ! Initialement développé pour le black bass, ce leurre s’utilise avec succès sur presque tous les prédateurs d’eau douce et marins.
Les stickbaits ont tous la même nage, ou plutôt façon de nager … « le walking the dog », mais il existe quand même de grandes subtilités selon les modèles : les sliders, qui flottent à plat sur l’eau ont une nage plus ample créant un plus gros déplacement d’eau, on peut les utiliser pour des prospections plus lentes sur des secteurs assez ouverts et vastes. Tandis que les sticks qui flottent tête en l’air sont plus nerveux, plus réactifs, ils démarrent à la moindre tirée une nage plus serrée que leurs confrères. Ils sont à privilégier pour des pêches précises autour du cover ou sur des chasses localisées.
L’autre grande subtilité de la pêche au stickait résulte dans le choix de la sonorité : en effet, leurre de prospection et de poissons actifs par excellence, le stickait est équipé dans 90% des cas de billes bruiteuses. Chaque modèle propose et associe une sonorité à sa nage et il est intéressant d’avoir plusieurs modèles pour varier sa pêche, les résultats peuvent changer du tout au tout selon le modèle et l’humeur des poissons. Exemple : nage serrée, sonorité aigue / nage ample, sonorité grave … à vous de deviner l’équation gagnante!
Pour bien pêcher au stickbait il faut une canne d’action assez rapide, Fast / Reg Fast afin de pouvoir imprimer avec précision les petits coups de scion qui actionnent le leurre, et pas trop longue sous peine de vous fatiguer le poignet. On peut utiliser nylon ou tresse selon ses goûts mais pas de fluorocarbone (coulant), sauf si l’on souhaite voir son stickbait évoluer sous l’eau ? Pour réussir un maximum ses ferrages, pas de geste brusque et pas de ferrages trop précipités à la moindre éclaboussure … il faut bien sentir le poids du poisson avant d’engager le combat.
Pêcher le black-bass en surface avec des Grenouilles ou frogs
Dans le monde de la pêche de surface, un type de leurre se diffère des autres. Il s’agit des grenouilles communément appelées frogs. Car si celles-ci ont de commun avec les autres qu’elles restent en surface, les comparatifs s’arrêtent à peu près là.
Les grenouilles possèdent généralement un corps mou associé à un hameçon anti accroche. Ces caractéristiques permettent d’aller là où les poppers, stickbaits et autres leurres durs ne s’aventurent pas : les endroits très encombrés. C’est d’ailleurs leur domaine de prédilection. Qu’il s’agisse d’une zone couverte d’herbiers comme des nénuphars ou d’un mur de ronces surplombant l’eau, les grenouilles s’accommodent des situations impêchables.
Pour ce qui est des animations, on distinguera les crawlers qui sont plus aptes à être ramenées linéairement que les autres grenouilles. Mais dans cette pêche, l’animation n’est pas le point le plus important. Ce qui fera très souvent la différence est la possibilité d’aller chercher les bass dans des endroits peu visités suscitant ainsi les attaques reflexes. Une grosse proportion des touches aura ainsi lieu lors de la tombée du leurre sur le poste où dans le premier mètre de récupération, c’est-à-dire avant que notre grenouille ne soit sortie de la zone de confort du bass sollicité. Grossièrement, on skippe sa grenouille sur le poste visé. Si la touche n’a pas lieu lors de l’arrivée du leurre, on peut patienter jusqu’à ce que l’onde se dissipe avant d’entamer la récupération. On récupère de quelques mètres seulement, avant de lancer à nouveau vers un autre poste. C’est un peu tout le paradoxe de la pêche aux grenouilles, on pêche vite des poissons postés.
Vous l’avez compris, cette pêche ne s’embarrasse pas de subtilités. Aussi vous devrez opter pour un matériel approprié aux risques de décrocher ou casser un nombre important de poissons. On choisira donc une canne puissante, de medium heavy à heavy en fonction des marques à laquelle on associera un moulinet casting possédant un ratio important que l’on garnira de tresse de 20 centièmes au minimum. On terminera le montage par un morceau de fluoro carbone qui aura moins tendance à s’accrocher dans les branches et à s’emmêler dans les ronces que la tresse du corps de ligne.
Une fois équipé de la sorte, vous êtes prêt à affronter les berges les plus inaccessibles et à faire de belles rencontres. Comme dans toutes les pêches de surface, gardez vos nerfs, attendez que le poisson se soit retourné avant de ferrer. Et si vraiment vous pêcher des endroits très encombrés, faites confiance à vos oreilles plutôt qu’à vos yeux…
Pêcher le black-bass en surface au Buzzbait
Pour les non initiés, un buzzbait peut s’apparenter à un spinnerbait. Il possède la même armature en métal, avec deux parties bien distinctes. A la différence d’un spinner, la tête est étudiée pour sortir rapidement de l’eau lors de la récupération. L’autre élément est une hélice plus ou moins large, qui a pour fonction de brasser l’eau en surface. Celle-ci peut être seule, ou munie d’un « clacker » qui vient ajouter un signal sonore supplémentaire très utile par eau trouble ou agitée.
Dans certains cas le buzzbait est en ligne, afin de proposer un profil plus discret et de faciliter les lancers à grande distance.
Avec son profil de poisson fourrage et les nombreux signaux qu’il émet, le buzzbait est l’emblème du power fishing et de la pêche du black-bass. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de s’en servir et d’obtenir des résultats ont vite compris pourquoi. Facile à utiliser, puisqu’il suffit de le lancer et de le ramener à la surface de l’eau, le buzzbait ne se résume cependant pas à cela. Voici quelques points qui vous permettront d’être un peu plus efficace et de changer votre conception de ce leurre très particulier.
Le premier facteur à prendre en compte selon moi est la température de l’eau. En début de saison dès que l’eau atteint treize à quatorze degrés le buzzbait fait partie de mon arsenal. Il permet de parcourir beaucoup de terrain et de faire réagir de beaux poissons.
Je prends en compte la température de manière différente à l’automne et à l’entrée de l’hiver. Les poissons sortant de l’été et donc d’un cycle chaud, ont un métabolisme encore assez actif pour se déplacer et venir percer la surface. Le fait que le fourrage se regroupe considérablement à cette période est pour moi le facteur principal qui me fait moins regarder la température de l’eau. J’ai attrapé des black-bass au buzzbait dans une eau oscillant entre huit et dix degrés, parce que j’avais trouvé une concentration de baitfish sur la zone.
La précision du lancer est un élément déterminant. Le buzzbait ne s’accrochant que très peu, il ne faut pas hésiter à le lancer au cœur des obstacles et à le faire rentrer en contact avec les structures. Petite astuce supplémentaire à laquelle on ne pense que rarement, lorsque vous pêchez un mur, un ponton, ou une rangée de cailloux, choisissez votre buzzbait en fonction du coté duquel sont tordues les pales de l’hélice de votre leurre. Si elles sont tordues vers la droite votre buzzbait se déportera vers la droite lors de la récupération, et inversement. Ainsi en choisissant l’hélice adaptée, vous pourrez inciter votre leurre à « toucher » la cible que vous visez de manière constante et répétée et donc déclencher beaucoup plus d’attaques.
En début de saison j’utilise le buzzbait comme il se présente, avec sa jupe, en faisant attention aux différentes couleurs d’hélices et de jupes.
Par eau claire j’emploie des hélices métalliques brutes, avec des jupes blanches. Mais si le ciel est vraiment très ensoleillé, j’aurais tendance à conserver une hélice brute, mais à y adjoindre une jupe noire. Pourquoi ? Parce que cette association permet de présenter un profil plus fin dans l’eau, et que lorsque l’on rencontre ce genre de conditions, les poissons sont beaucoup plus méfiants.
Par eau teintée ou boueuse, une hélice cuivrée ou noire aura ma préférence, avec une jupe white et chartreuse ou noire.
Après la phase de début de saison, quand le baitfish commence à se rassembler et que les grenouilles sont vraiment dehors, je n’utilise quasiment plus de jupe. Je monte un trailer en forme de shad ou de grenouille. Etrangement je n’enregistre que très peu de ratés par rapport à un buzzbait avec une jupe. Les poissons semblent se concentrer beaucoup plus sur le trailer et ne le manque que très peu.
La vitesse de récupération est un autre facteur clé dans la pêche du buzzbait et vouloir aller vite tout le temps serait une erreur. Votre récupération dépend de la température de l’eau et de l’activité des poissons. Une chose est certaine, c’est qu’un gros poisson se déplacera beaucoup plus facilement sur une récupération lente. Pour cela, une astuce permet de ralentir la récupération. Il suffit d’écarter l’armature de votre leurre. Votre hélice sera alors plus retenue et tournera plus lentement. Une hélice de taille plus conséquente sera également une solution.
Concernant le matériel il vous faudra une canne casting allant de médium à heavy, en fonction du poids du leurre que vous employez et de l’encombrement du spot que vous pêchez. Je vous assure qu’un bass d’un kilo peut vous mettre rapidement dans une mauvaise situation si vous n’avez pas le matériel adéquat dans un environnement hostile. Le scion de votre canne devra être souple afin d’éviter trop de décrochages.
J’utilise du monofilament entre dix sept et vingt livres, de manière à aider mon leurre à sortir de l’eau. En effet, le nylon flotte donc ajoute de la portance à mon leurre. De plus son élasticité évite trop de ratés lors du contact avec le poisson. J’utilise contact et non ferrage, car à la touche vous devez mettre de la pression sur le poisson en comprimant votre canne tout en accélérant votre récupération au moulinet au lieu « d’envoyer » comme lorsque vous pêchez au jig.
Je n’utilise de la tresse que lorsque j’évolue vraiment dans des endroits très chargés en végétaux et structures immergées.
Enfin, j’emploie un moulinet à ratio élevé, 7.1, de manière à pouvoir accélérer comme je le souhaite, mais aussi à ralentir un maximum sans que mon leurre ne descende sous la surface.
Trop longtemps considéré comme un leurre estival, ce fabuleux outil qu’est le buzzbait offre de multiples possibilités lorsque l’on réfléchit bien. Efficace une grande partie de l’année, vous vous devez d’en posséder dans votre boite.
Essayez vous risquez de vous amusez. C’est bien là l’essentiel. Non ?