Le sandre est bien connu pour être tatillon et se caler également dans les courants farcis de rochers… des paramètres si tentant pour la pêche ! Alors, évidemment, lancer au petit bonheur la chance n’est pas la meilleure solution. Mais analyser ses zones de pêches, repérer les zones potentielles de courants -marquées ou non- les décortiquer… voici un bon début pour mieux appréhender cette pêche.
Scruter la zone…
Prenons l’exemple des contre courants, une zone où le courant revient sur lui-même décrivant ainsi un large cercle. Ces zones sont généralement issues d’une cassure sur la berge : vieux arbres morts ou non, rochers collés sur la berge, berge convexe… A leur pied, il y a généralement une belle fosse. Il s’en suit une ligne de courant bien marquée en surface entre le courant descendant et, celui, le long de la berge provoqué par cette cassure et prenant la direction amont. Généralement, des fosses naissent et se déplacent tout le long de cette ligne au grès des crues. Les carnassiers s‘y tiennent volontiers, ceci à toutes les hauteurs d’eau. Au milieu, vous pourrez rencontrer sur le fond de nombreux obstacles : branches, rochers, racines… c’est souvent une zone de concentrations des débris.
Les barrages, quant à eux sont une autre zone à courants, ce sont LES zones d’excellence pour les courants marqués en rivière ! Replongez vous d’ailleurs dans l’article « Comment bien pêcher les barrages à la traque des carnassiers » d’aout 2014, disponible sur l’appli’ d’1max2peche : toutes les zones de courants y sont détaillées. Celle qui nous intéresse ici, est celle contre la berge, dite « Zone 5 » sur cet article. C’est ici que les courants y sont les plus puissants et que le fond est pavé de blocs… un rêve pour le sandre !
… pour mieux la pêcher !
Après cette observation visuelle, qui n’explore hélas que la surface, il est temps de passer à l’action.
Sur les contre courants, le mieux est de les attaquer en barque. Calé dans l’axe formé par la frontière entre ces deux courants contraires, commencez avec les poissons nageurs. Ces derniers vont explorer toutes les couches d’eau et vous renseigner sur l’humeur des sandres. Prenez les ensuite par surprise et sortez les leurres souples. Vous changerez alors du tout au tout et pouvez en faire craquer quelques uns de cette manière. L’important est de pêcher dans le sens du courant. Vous pouvez aussi pêchez à contre courant sur cette zone en laissant sur place un poisson nageur suspendu animé seulement par quelques coups de scion. Un écart avec votre canne le remet dans le courant venant de l’amont pour le ramener vers vous.
Pour les barrages, la fameuse zone 5 est agressive… Nombreux accrocs, belles pièces embusquées (le silure ça existe…) et blocs très abrasifs pour les lignes. Tout est dit. Il n’est cependant pas obligatoire de prendre des tresses de 30°/°° et des bas de ligne de 45… Plus votre ligne est fine, plus elle passera facilement dans les courants et moins vous aurez à plomber, et donc de chances de vous accrocher. Le courant offrira également moins de prises sur elle. Sans tomber dans l’exagération non plus, une tresse de 6 kilos, un bas de ligne en fluoro’ de même résistance et vous avez de quoi jouer sérieusement. Le bas de ligne, par contre, doit être plus long que la moyenne pour éloigner la tresse des blocs. Une longueur d’1m20 environ est une bonne base. Pour le raccord, faites vous confiance, celui que vous préférez est le bon. Mieux vaut avoir un nœud en lequel vous avez confiance, qu’un nœud à la mode que vous ne maitrisez pas totalement ! Car de l’attention pour autre chose, il vous en faudra ici.
Action de pêche du sandre dans le courant
Une fois en tête toutes les données (forts courants, gros blocs et belles pièces parfois), il faut vous faire une carte mentale du fond. C’est le plus difficile. Le nombre de blocs est important mais certains se détachent parfois des autres. Un « plat » dans le courant en surface ? L’eau remonte à cause d’un obstacle qui l’y oblige. Si vous le voyez plus ou moins souvent, c’est qu’un bel obstacle est présent. C’est là une zone à ne pas louper.
Sur la zone 5, ne lancez pas comme on le ferait d’habitude. Prenez la même attitude qu’un pêcheur au toc. Fil dans la main, canne dans l’autre : lancez votre monture devant vous perpendiculairement à la berge et laissez la descendre jusqu’aux premiers blocs (Gare à la limite des 50 mètres aval !). Une fois le contact pris, laissez le courant porter votre monture avec un petit coup de canne à chaque choc, ceci afin de la faire passer au plus près des blocs. Vous allez ainsi limiter les accrocs car votre sensibilité sera parfaite au travers de vos doigts et non plus de votre canne. Et quand la touche interviendra… gros coups de sang ! Ferrer et sortir la prise le plus rapidement possible !
Pour éviter de se taillader la main lors du ferrage avec la tresse, posez juste votre doigt dessous sans trop la soulever du galet de pick up. Moins il y aura de jeu et plus rapidement votre tresse sera à sa position initiale sur le moulinet. Gardez également à l’esprit que votre canne doit IMPERATIVEMENT être à moins de 45° d’inclinaison. Peu importe que l’angle soit quasi nul car vous avez du suivre votre monture dans une fosse que vous ne connaissiez pas, c’est le ferrage et son amplitude qui sont les plus importants ; la sensibilité vous l’avez de toute manière. Plusieurs dizaines de passages de cette manière vous renseignent bien mieux que des dizaines de sorties en lançant de façon classique ! Et en insistant, ils finissent parfois par craquer !
Pas de touche ? Soit la technique et le lieu ne sont pas bons : les sandres se déplacent beaucoup. Soit le leurre ne plait pas. Le second cas est un peu plus rare, car les sandres semblent, par leur comportement, se sentir en sécurité dans ces zones : peu de personnes aiment y laisser une dizaine de leurres par sortie et les sandres sont donc généralement tranquilles. Mais avec cette façon de faire, vous diminuez grandement les accrocs. Reste aussi l’option de l’hameçon texan qui rend de fiers services ici. Pensez-y.
Vous loupez une touche ? Cela arrive. Dans ce cas, laissez reposer le poste. Profitez-en pour regarder votre ligne : elle souffre. Refaites votre montage si nécessaire, même si vous ne voyez rien. Un ferrage et un pompage appuyé sur de telles lignes peuvent créer de mauvaises surprises… Pêchez aussi à un autre endroit, car les sandres ne reviendront pas avant une grosse demi-heure selon les cas. Et quand vous reviendrez, ne pensez pas qu’ils ont oublié ! Ils sont sur leur garde. Un montage correctement armé dès le départ peut alors vous rendre de fiers services.
Quels leurres, quels montages pour pêcher le sandre dans le courant ?
Bien entendu, selon l’humeur des sandres, certains marcheront mieux que d’autres. Les bases comme les virgules blanches et les shad sont naturellement à prendre. Si « vos » sandres sont sensibles à tels ou tels leurres, bien entendu sortez-les. Bref, ne vous prenez pas la tête, pêchez, essayez et, surtout, gardez le contact ! Le piquant de l’hameçon doit ainsi être irréprochable et donc suivi régulièrement ! Emoussé ? Remplacez-le et/ou changez de références ! Tordu ? Poubelle ! Certaines références ne supportent pas d’être redressées, elles cassent par la suite. La consommation peut donc être importante, surtout quand on commence avec cette technique. Vous pouvez prendre au choix des têtes plombées ou des montures articulées, ce dernier cas donne plus de vie à votre leurre par exemple : c’est à vous de tester, choisir, trier… bref pêcher !
Courants forts et montages fins…
Antagonistes ? Non, vous êtes loin. C’est vous qui allez jauger l’ensemble sur une belle pièce dans ces courants, savoir relâcher la tension quand il faut, ou être ferme à d’autres moments. Cela se rapproche du judo : il faut se servir de son adversaire et de ses failles pour le déséquilibrer. Sans pousser à la consommation, les cannes d’un certain prix trouvent leur place ici. Une action de pointe sensible, une puissance de 10/25 grammes avec une belle réserve de puissance devant la poignée, il n’y a pas tant de cannes comme celles-là sur le marché… Le frein devra être précis et le moulinet se faire oublier. Là, il y a plus de monde aujourd’hui. C’est à vous de choisir. Personnellement, je ne me sépare jamais de ma Daiwa Shogun Z spécial LS ! C’est juste un indice en passant…