Il n’y a pas que le grand débutant qui se pose la question, même le pêcheur expérimenté qui n’a pas encore osé sauter le pas regarde un peu de travers l’ensemble casting qui trône sur l’étal de son détaillant. A quoi cela peut-il bien servir et quelle est donc son utilisation optimale ? Ce sont les deux grands thèmes que nous allons tenter d’aborder ensemble. Le casting est à la mode, malheureusement ! Phrase qui pourrait prêter à controverse si on ne voyait pas fleurir tout un tas de moulinet et de cannes bas de gamme qui sont prompts à dégouter le premier novice venu qui tenterai de les dompter. S’il existe une vérité en casting, c’est que cette technique ne souffre pas la médiocrité au niveau du matériel. Sans un bon et vrai moulinet, on accumulera perruques sur perruques et ce bel ensemble rutilant finira oublié au fond d’un placard alors que pour quelques euros de plus on serait devenu le parfait bassman américain.
N’omettons pas les cannes, celles-ci sont plus rigides que les spinning mais tout autant sensibles alors qu’une bas de gamme ne sera qu’une trique tout juste bonne à finir en piquet de tomate !
Ne croyez pas non plus qu’un moulinet à 500 euros et une canne au même prix fera de vous le parfait pêcheur bien dans son époque, pas besoin de se ruiner pour y arriver mais sans un budget minimum de 200 euros, on risque fort d’être vite dépité.
Alors pourquoi passer au casting ? Pour le fun, pour les techniques modernes, pour la sensation ? La réponse est un peu tout cela mon Général ! Le casting vous permettra de vous évader quelques temps de la routine du spinning. Cette découverte dont l’intérêt ira croissant vous fera entrevoir une nouvelle façon de lancer votre ligne, de déposer votre leurre et surtout de combattre le poisson.
Une canne casting c’est, à la différence d’une spinning, une canne plus courte, plus raide, possédant plus d’anneau et ayant un porte moulinet avec une gâchette pour mieux l’empoigner. Un moulinet casting est un petit treuil débrayable disposant d’un frein de combat et d’un frein de lancer sur lequel je reviendrai.
En prenant en main un ensemble casting, la première impression est bizarre, le moulinet est placé en haut tout comme les anneaux de la canne. La première erreur du débutant est de ternir la canne comme une spinning alors qu’en fait la main doit supporter le moulinet. Celui-ci doit être tenu dans le creux de la main comme si vous teniez un objet prêt à être balancé ! L’ergot ou la gâchette doit s’insérer idéalement entre le majeur et l’annulaire mais c’est plus la taille de votre main qui dictera ce choix. La canne trouvera facilement sa place, tout naturellement avec ce moulinet qui la ceinture presque.
Une fois en place, le pouce viendra s’appuyer naturellement sur le dos de la bobine ou sur la partie supérieure des flasques du moulinet. Cette position en supination pour votre main mettra les articulations de votre bras « dans le bon sens » par rapport au coude. Vous ressentirez la différence lors de la prise d’un poisson, une sensation difficile à expliquer mais quelque chose de très jouissif qui ne vous donne qu’une envie : celle d’y retourner.
Le moulinet casting pour lancer doit être débrayé en appuyant sur le levier, ainsi la bobine tournera librement et c’est là que les ennuis commencent pour le débutant qui ne freine pas la bobine avec le pouce en fin de lancer. Avec le temps tout s’arrange et ce pouce si sensible deviendra votre meilleur allié pour des posés tout en discrétion. Un tour de manivelle suffira à embrayer le système et le moulinet retrouvera son usage habituel.
On constate déjà là que la rapidité d’exécution d’un lancer l’emporte sur le spinning, pas besoin que l’autre main vienne ouvrir le pick-up, de prendre le temps de coincer le fil sous son doigt. Ici tout se fait dans le même mouvement, dans une continuité qui se cale avec les lancers. On obtient déjà un grand avantage pour qui pratique en powerfishing. Là où un ensemble spinning fait cinq lancers, un casting en fait sept donc couvre plus de terrain et sollicite par là même d’avantage les sens des prédateurs.
Lors de la première touche, ce qui surprend voir désarçonne complètement le pêcheur (ce fut mon cas) c’est l’absence de cliquet lorsque le poisson vous prend du fil. On mouline sans savoir si sa bobine tourne voir même si elle tourne à l’envers, on panique, on ressert son frein ou on le desserre puis on ne sait plus ! Et là le fabuleux carnassier tant convoité vous fait une superbe chandelle et se décroche….
Donc on règle son frein une bonne fois pour toute et on évite d’y toucher durant le combat, règle qui prévaut aussi en spinning.
Lorsque vous aurez pris votre premier poisson en casting, vous serez accroc et aurez tendance à n’employer que ce nouvel accessoire pour vos parties de pêche. Mais le casting, s’il est fun et intéressant n’est pas la technique idéale pour certaines pêches. Voyons pourquoi.
Limites du casting
Si le casting excelle lorsqu’il s’agit de lancer des gros leurres, il trouve vite ses limites avec les leurres durs de moins de 10 cm et les leurres souples de moins de 4 pouces. J’oserai dire au risque de fâcher certains adeptes exclusifs que le casting me paraît indispensable pour le bigbait, le swimbait de bonne taille, le crankbait, la cuiller et le spinnerbait. Tous ces leurres tirent sur la canne et quelquefois il est désagréable de les ramener en spinning toute une partie de pêche. Avec l’avènement des tresses et la pêche finesse tous les pêcheurs ont descendu d’une taille leur moulinet. Désormais en spinning, le moulinet passe partout est le 2500 alors qu’à l’époque du nylon c’était le 4000 qui ornait les cannes. Descendre en taille c’est s’alléger mais c’est mettre à mal ces équipements en plus de ses bras sur des leurres imposants, c’est pourquoi le casting par sa puissance, car il est en prise directe comme un treuil, permet de pêcher léger sans sacrifier à la solidité.
Là où on pêche light, là où on pêche à gratter, à manier, la manivelle du moulinet spinning est ce qui apporte le plus d’agrément. C’est pourquoi au leurre souple à gratter, au drop, au petit leurre, c’est un ensemble spinning qui sera le plus à même de vous offrir les meilleures sensations. Je mettrai juste un bémol au spinning sur la verticale que je pratique en casting, c’est plus rapide pour « coller » au relief et le mouvement de ferrage en étant assis est facilité avec un ensemble casting.
Autre élément à prendre en compte : la météo. Pêcher en casting lorsqu’il gèle c’est assurément avoir son pouce qui va vous faire souffrir, celui-ci étant en contact direct avec la tresse ou le nylon mouillé et glacé, il se refroidit très vite et la technique devient désagréable.
Les moulinets
Si du côté des cannes l’une est à l’endroit l’autre à l’envers, du côté des moulinets quelques différences notoires sont spécifiques à l’un ou l’autre. Chez le moulinet casting, ce qui fait s’interroger le pêcheur c’est le frein de lancer et le frein centrifuge, accessoires que le spinning ne connait pas. Le frein de lancer devrait dans l’idéal permettre d’éviter l’emballement de votre bobine en évitant qu’elle tourne plus vite que ne se délove le fil. Il faut donc régler une petite molette généralement située sur le côté de la manivelle. Celle-ci frotte sur la bobine durant la phase de débrayage. Pour régler ce frein il convient d’accrocher un leurre, de débrayer et de régler afin que la bobine s’arrête de tourner lorsque le leurre a touché le sol. Plus tard on affinera et c’est le pouce qui fera ce travail avec plus de précision.
Le frein le plus énigmatique, que je n’utilise quasiment jamais est celui qui possède une multitude de noms mais que j’appelle le frein centrifuge. Ce dernier via des masselottes ajustables ou un système aimanté doit permettre de réguler la vitesse de rotation à l’instar de ce que fait un patineur sur glace en éloignant ou rapprochant les bras de son corps. J’ai toujours eu du mal avec ce système donc je le règle en position intermédiaire dès le début et j’évite d’y toucher par la suite.
Nous avons donc fait un rapide tour de cette technique venue des USA mais très développée dans les pays nordiques et au japon, technique qui là-bas est installée à part égale voir supplante le spinning et qui chez nous a trouvé son public chez les spécialistes et chez les jeunes mais qui peine à intéresser le pêcheur basique.
On voit encore trop de vendeurs ne pas maitriser le casting et mal conseiller leurs clients. Une fois déçu, comment alors lui faire comprendre d’essayer à nouveau ? C’est là une autre question mais c’est à nous tous pêcheurs de briser le carcan et de tenter de maitriser toutes les techniques. Une fois réussi on peut alors varier les plaisirs et trouver le bonheur à simplement jeter sa ligne.
Alors le casting pour qui et pour quoi ? Pour tous, grands comme petits pêcheurs, pour presque tous les poissons sauf les plus petits mais pas pour tous les leurres dans l’absolu.
J’aurai donc tendance à conseiller le casting pour les leurres qui tirent sur la canne comme le spinnerbait, la cuiller, le crankbait mais aussi le jerkbait car la compacité de l’ensemble canne moulinet facilite le mouvement de jerking. Je le conseille aussi pour les pêches en bateau des bordures, là où un posé précis et discret est recommandé pour glisser un leurre souple en texan au milieu des frondaisons. Là le casting est roi car votre pouce permettra un freinage tout en douceur de la ligne permettant au leurre de se poser discrètement sur l’eau sans faire fuir le carnassier posté en dessous. Pour le bigbait, il est aussi un atout indéniable car sa puissance vous facilitera l’emploi de leurres dont le poids peut vite dépasser les 100 g et faire souffrir votre matériel spinning habituel.
Avis perso
A titre personnel, je l’emploie beaucoup, un peu pour toutes les techniques de pêche, c’est selon mon inspiration du moment mais c’est mon caractère que d’aimer varier les plaisirs. Si vous désirez vous y mettre, attendez-vous quand même à quelques perruques, rappelez-vous lorsque vous avez appris le vélo, vous êtes tombés mais ça ne vous a pas empêché de continuer et de réussir !
Gardez la pêche.