Lorsque les eaux se refroidissent, les poissons sont moins actifs et de suite la pêche se complique. C’est en tout cas dans ces conditions que la pêche au coup prend toutes ses lettres de noblesse. Bienvenue à l’école de la finesse et de la précision !
La pêche en canal est très certainement la meilleure école pour apprendre et progresser. Elle rassemble tellement de petites subtilités que la moindre erreur peut parfois se payer cash. Un mauvais sondage et réglage de la ligne, une erreur d’amorçage ou de stratégie d’amorçage, une mauvaise gestion des esches et des rappels, une ligne et un hameçon inadapté, un élastique intérieur trop gros… et c’est la catastrophe ! La partie de pêche qui était à la base un plaisir peut vite se transformer en vrai calvaire où il faudra s’armer de patience avant de voir le flotteur s’enfoncer. C’est au début du mois de décembre que j’ai retrouvé Jacky Mardelé à Rennes, au canal Saint-Martin. Jacky est un pêcheur très talentueux qui est en première division nationale depuis plusieurs années. Que ce soit sur des pêches de rivière de gros poissons, des pêches de vitesse ou encore des pêches techniques dans les canaux, Jacky fait très rarement fausse route !
L’art de la finesse
Si vous décidez de venir un jour pêcher au canal Saint-Martin à Rennes, sachez que vous pourrez d’ors et déjà laisser à la maison vos lignes câblées, flotteurs plats et autres gros hameçons. En effet, la profondeur est d’environ 1,80 m sous la grande canne et il n’y a pas de courant. C’est donc l’endroit idéal où il faut plutôt sortir la bijouterie. C’est en tout cas ce que fait Jacky. Lorsque les eaux sont froides et que la pêche est délicate, la première chose à faire est de choisir la bonne ligne (poids du flotteur et diamètre de fil) et la bonne forme de flotteur. Pour pêcher les gardons difficiles, la ligne doit être fine (corps de ligne en 8/°° et bas de ligne en 6/°°) et la forme du flotteur doit être plutôt effilée, surtout lorsqu’il n’y a pas de vent. Autre détail très important auquel Jacky attache une grande importance : le diamètre de l’antenne. Un flotteur muni d’une antenne fine aura beaucoup moins de résistance à l’enfoncement qu’un flotteur muni d’une antenne de plus gros diamètre. Parfaitement équilibrée, l’antenne doit dépasser de seulement quelques centimètres de la surface de manière à pouvoir vous indiquer le moindre petit « coup de nez ». Une ligne qui n’est pas suffisamment sensible et parfaitement équilibrée vous entrainera des refus en cours de pêche. Je veux parler des satanées micro-touches qui ne se concrétisent jamais. Toujours au niveau de la ligne, il est très important d’utiliser des hameçons très spécifiques. Les modèles fins de fers très légers sont ceux qui sont bien évidemment à privilégier. Jacky utilise très fréquemment les hameçons Sensas 3010 n° 22 et 24 pour toutes les pêches fines et délicates. Pour finir, Jacky attire aussi l’attention sur le choix de l’élastique qui doit être fin et surtout qui doit être en mesure de parfaitement sortir du scion du ferrage. Il utilise soit les élastiques creux Sensas (diamètre ???) soit des élastiques pleins en latex. A ce sujet, pour leur assurer une glisse parfaite dans le scion, pensez à les lubrifier avant chaque partie de pêche. Cela vous demandera seulement quelques secondes mais vous aurez au moins le plaisir d’utiliser un élastique qui travaille à merveille.
Sondage et amorçage
Comme toujours, l’étape du sondage doit demander la plus grande rigueur. Gardez toujours à l’esprit que la pêche du gardon est une technique exigeante. De ce fait, il est très important de s’assurer tout d’abord que le fond qui se trouve devant vous soit régulier tout au long de la coulée. Si ce n’est pas le cas, il ne faut surtout pas hésiter à décaler votre panier ou station de plusieurs mètres pour trouver la zone la plus plate et régulière. Chose faite, réglez ensuite votre antenne « pile poil» au ras du fond pour commencer la partie de pêche. N’hésitez ensuite pas à varier la profondeur en enlevant quelques centimètres si les poissons sont légèrement décollés ou au contraire en ajoutant 3 ou 4 centimètres, surtout lorsqu’il y a un peu de vent. Jacky se laisse toujours une porte de sortie en sondant aussi au bord ou à mi-distance de manière à trouver l’endroit même où se trouve la « marche ». Ce n’est pas un scoop car les pêcheurs de carnassiers recherchent aussi toujours les cassures. Pour ce qui est ensuite de l’amorçage, Jacky prépare 11 petites boules plus ou moins serrées qui travailleront donc plus ou moins rapidement sur le fond et qu’il lancera à la main. L’amorçage du coup situé à mi-distance (7 m) sera quant à lui réalisé à la coupelle en y déposant 5 petites boulettes. A cette période de l’année, il n’est pas toujours facile de se procurer du fouillis de vers de vase frais. Jacky ajoute alors du fouillis congelé qui a tout de même l’avantage de faire réagir les poissons très rapidement.
L’AMORCE DU JOUR
1 kg de Sensas 3000 Gros Gardons fine mouture
+ 250 g de chapelure rousse
Comme vous pouvez le constater, l’amorce n’a rien de bien compliquée. Même si l’amorce Sensas 3000 Gros Gardons est fine, Jacky la repasse au mixer (lorsqu’il s’agit de pêches techniques en automne ou en hiver) pour qu’elle soit encore plus fine.
Tenue de ligne
Là encore, il faut être extrêmement précis. Compte tenu de l’absence de courant, Jacky utilise une bannière très courte de manière à toujours être certain de bien pêcher sur la zone où il a lancé ses boules d’amorce. Il dépose lentement sa ligne à l’aplomb de son scion, canne haute, en freinant légèrement sa descente pour que la ligne puisse parfaitement se mettre en place. Les premières touches sous la grande canne se font un peu attendre et au bout de 5 bonnes minutes, le flotteur très sensible s’enfonce timidement. Les premiers gardons commencent à se mettre à table. Pour essayer de sélectionner la taille de ses prises, Jacky agraine quelques pinkies de temps à autre. Les premiers poissons sont des petits gardons de 20 g et plus le temps passe, plus les touches deviennent régulières. Pour essayer de sélectionner la taille de ses prises, Jacky décide de pêcher avec un pinky et agraine en parallèle régulièrement en veillant toujours à fronder sous la grande canne que quelques pinkies à la fois pour éviter de gaver les poissons. Plus le temps passe, et plus sa stratégie commence à payer car quelques jolis gardons viennent compléter ses nombreuses prises. Jacky alterne entre le coup situé à la grande canne et celui situé à mi-distance pour voir celui qui est le plus régulier. Comme toujours, que ce soit à mi-distance ou sous la grande canne, les gardons sont au rendez-vous et les touches sont régulières. Il y a même quelques petites plaquettes qui viennent rejoindre sa bourriche. Une fois encore, pour essayer d’attraper de plus gros gardons, Jacky décide d’escher deux voire même trois pinkies sur un hameçon n°22. Il en profite aussi pour ajouter un peu de fond. Son choix paye très rapidement car le poids moyen des prises augmente et il réussit même à attraper deux ou trois gros gardons.
Il est 16H et il est déjà temps pour Jacky de remballer tout son matériel car les journées sont très courtes. En tout cas, lorsque l’on regarde Jacky pêcher, on a vraiment l’impression que tout est simple car les touches ont été très régulières même si elles ont été parfois un peu timides. Et pourtant… réussir une telle partie de pêche à cette saison nécessite une grande application et attention et surtout d’utiliser du matériel adapté. Ce fut pour moi un véritable plaisir de partager ce moment avec Jacky car les sorties en sa compagnie sont toujours très riches en enseignements. En espérant que cet article puisse aussi vous apporter quelques clés pour réussir vos prochaines sorties hivernales !
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