Tant d’articles écrits sur le sujet du brochet et bien d’autres viendront mais qu’en est-il de la notion de taille ? Elle est, à notre humble avis, pas assez abordée ou du moins de façon trop catégorique et schématique ce qui ne laisse pas présumer de l’intérêt réel de ce paramètre pour réussir…
Avant de parler de la taille des leurres, il est nécessaire d’expliquer ce que le terme de « taille » signifie pour le poisson prédateur et pour nous humain, qui ne nous rattachons qu’à la mesure métrique ce qui est bien insuffisant pour faire le bon choix.
Définition de la taille
Pour un prédateur comme le brochet, la taille des proies qui l’intéresse est toujours liée au déplacement d’eau qu’elles opèrent. En fait, si nous replaçons cette donnée dans le choix de notre leurre souple, nous devons regarder les différents paramètres qui le constituent et qui lui permettent donc de déplacer un volume d’eau défini.
Les paramètres physiques des leurres souples
Les principaux sont au nombre de 4 et avec un peu d’habitude, nous pouvons comprendre juste en regardant un leurre inconnu dans un rayon de magasin ce qu’il va déplacer comme volume d’eau et donc à quelle taille il correspond pour le carnassier. Les paramètres à noter sont : la dureté du silicone constitutif, la hauteur du leurre, son appendice vibratoire et sa longueur.
Dureté du silicone : elle est capitale selon les profondeurs de pêche et impacte directement le déplacement d’eau autour du leurre. Une gomme dure aura la possibilité de déplacer plus d’eau qu’une gomme tendre.
Hauteur du leurre : plus la hauteur est importante, plus il y a de surface donc de déplacement d’eau.
Appendice vibratoire : c’est la caudale du leurre et selon son diamètre et sa forme, nous pouvons augmenter ou réduire le déplacement d’eau.
Longueur du leurre : comme la hauteur, plus le leurre est long plus il déplace d’eau.
Avec ces données, nous pouvons dès lors adapter la taille de notre leurre à ce qui existe dans la nature pour pêcher juste.
La taille dans la nature
Les prédateurs privilégient toujours selon la saison une taille de proie particulière. En fait, ce n’est pas eux qui la choisissent mais le milieu qui leur impose la taille des différents fourrages existants. En fleuve comme en lac, les paramètres du milieu influencent les reproductions des proies et selon la thermie des eaux, nous pouvons avoir des croissances différentes donc des intérêts variants selon les moments de l’année.
Par exemple lorsque des chasses explosent sur des fourrages de 4 pouces – 10,2 cm -, les prédateurs ne se focalisent que sur cette taille et il nous est important de proposer cette « taille » ou plutôt le déplacement d’eau équivalent selon les paramètres expliqués. Des leurres de 3 pouces – 7,5 cm, silicone ferme, corps trapu et grosse caudale – seront parfaits mais certains 4 pouces – 10,2 cm, silicone souple, corps classique de shad et caudale moyenne sont les plus efficaces pour déclencher les carnassiers car ils déplaceront le bon volume d’eau. Et nous ne parlons pas du cas des 5 pouces – 13 cm – comme les finess ou les grub – silicone très souple, corps fin et queue très fine ou bifide – qui sont aussi intéressants pour déplacer le même volume que les shad de 3 ou 4 pouces définis plus haut. Mais attention, la vision des poissons est liée à la couleur de l’eau et impacte directement la taille « métrique » à choisir pour nos leurres.
La turbidité de l’eau
En eau très claire, la vue des poissons est tellement précise qu’il ne faut pas monter trop en taille (en cm) de leurres par rapport aux tailles de fourrage existants sinon nous risquons de rater notre pêche. En eau limpide, si nous observons des fourrages de 10 cm, nous pouvons utiliser des LS entre 8 et 11 cm par contre, évitons les 13 cm. L’inverse est aussi vrai, en eau teintée, certains 13 cm pourront figurer pour le poisson des proies de 8 cm.
Exemple vécu encore cette année…
Si vous suivez mes articles, vous savez que je guide exclusivement sur le Léman et que je recherche les brochets tout au long de l’année de février à décembre si la climatique le permet. Je peux établir un constat pour cette année, la quasi-totalité des poissons capturés par mes stagiaires et moi-même ont été pris sur des leurres trapus à grosse caudale et silicone ferme de 11 à 14 cm ! L’explication est simple, nous avons eu des eaux très claires tout au long de l’année et la majorité des poissons de fourrage ne dépassaient pas les 17 cm…