Les premières disciplines qui ont vu le jour en France se sont intéressées à un seul espace, celui des rivières de la première catégorie et de leurs plans d’eau, en créant un Championnat pêche à la mouche et un Championnat pêche aux appâts naturels de la truite. Il a fallu attendre quelques années et plus précisément 2002 pour voir la création du Challenge Interdépartemental Henri Hermet. Le but du challenge étant de regrouper les compétitions départementales de pêche des carnassiers aux leurres et aux appâts naturels mais cette compétition ne concernait que les pêcheurs en bateau. En 2005 un second groupe de passionnés de pêche aux leurres s’est rassemblé, pour créer l’Association Française des Compétiteurs de Pêche aux Leurres (AFCPL). La première discipline qui voit le jour est une nouvelle fois le bateau en 2006. Puis en 2007 nous assistons à la naissance de la compétition de pêche aux leurres des carnassiers du bord. Le Championnat float tube ne verra le jour qu’en 2009, sous l’impulsion de certaines personnes de l’AFCPL. En 2012, l’AFCPL devient le GN CARLA. Avec ce changement d’appellation, la transformation des statuts s’opère, jusqu’à arriver en janvier 2016 à la dernière appellation en date : Fédération Française de Pêche Sportive des Carnassiers.
En France comme on peut le constater la compétition pêche des carnassiers est encore très jeune et n’a pas le recul que peuvent avoir d’autres pays comme les Etats-Unis avec la création du 1er BASS MASTER en 1971, ou l’ESPAGNE plus proche avec le 1er CASPE BASS INTERNATIONNAL en 1991.
La pêche de loisir
Elle se déroule généralement seul, c’est la pêche que l’on pratique tous les jours. Le pêcheur va sur son secteur, en un lieu qu’il connaît déjà. A priori, il n’y a que très peu d’incertitudes, à force de pratiquer régulièrement le pêcheur connaît les moindres recoins de sa zone. Il connaît l’humeur des poissons et leur positionnement. Il a dans sa boîte la série de leurres qui lui a déjà rapporté du poisson et n’envisage aucune évolution. En pratiquant seul, le pêcheur se satisfait de son résultat. Qu’il soit capot, ou avec dix poissons il aura réponse à tout. Le capot se conclura par « les poissons ont la gueule fermée » et le jour où les prises se multiplient cela se traduira par « je suis un bon pêcheur » !
Lors de la découverte des nouveaux secteurs à l’occasion de ses vacances ou de ses déplacements professionnels, le pêcheur va pratiquer les techniques qu’il préfère, pourquoi se remettre en cause et chercher à évoluer ? Mais encore une fois, est ce que les résultats pourront être révélateurs de ce qui se passe sous l’eau et de la population piscicole, rien n’en est moins sûr.
La pêche en compétition
La pêche reste la même, il s’agit toujours de pêche du bord aux leurres, mais cette fois il va y avoir un cadre, il faut une licence et un club. C’est certes contraignant par rapport à l’idée que se fait le grand public de la pêche, mais totalement passé dans les mœurs pour d’autres sports que sont le hand, le foot, le tennis, l’athlétisme ou tout autre discipline officielle. Alors pourquoi pas la pêche aux leurres ? La date de la compétition est imposée, le lieu fixé. Les horaires et le déroulement sont annoncés au préalable à tous et ne souffrent d’aucun écart. Le compétiteur va partager son terrain de jeu avec d’autres participants qui comme lui découvriront le secteur, alors que d’autres auront pris le temps de repérer la zone quelques semaines avant et auront même pu effectuer quelques essais de techniques. Il faut avouer que pratiquer un repérage canne en main présente un réel intérêt, cela permet d’évaluer les différentes espèces potentiellement capturables, de cerner les obstacles et les changements de profondeur. Un atout pour le déroulement de la compétition, car le repérage évite de se déplacer en aveugle.
Le jour de la compétition, il y a un protocole à respecter. Tout d’abord l’heure d’arrivée obligatoire au début du briefing, au cours duquel est rappelé le règlement national ainsi que le règlement local qui le complète. Tout est passé au crible, qu’il s’agisse des rappels sur le matériel à utiliser, les zones autorisées avec leurs limites, les zones interdites pour cause de réserve ou de danger, les distances entre pêcheurs, les espèces comptabilisées et leurs tailles de capture sur la compétition, les horaires. Tout cela peut paraître un peu lourd, mais il est important de bien avoir en tête tout le côté réglementaire de la compétition pour pêcher et ne pas perdre de points inutilement. Comme dans tout règlement, les infractions font l’objet de sanctions plus ou moins importantes. Ce rappel élémentaire des règles va permettre à chacun de recevoir les dernières informations et permettre également de lever tout doute en interrogeant l’organisateur. Il est important de bien tout écouter, car le briefing va vous donner la ligne de conduite à adopter et vous éviter une erreur qui pourrait entraîner un déclassement ou pire une exclusion !
Conseils en compétition
Il faut de tout sans trop. Les leurres souples se révèlent être des armes hyper efficaces. Il faut impérativement maîtriser les différents montages, qu’il s’agisse de montage drop shot, texan ou autres. Il ne faut pas pour autant mettre de côté les leurres durs, car en début de saison les cranks donnent souvent de très bons résultats.
Quel est l’intérêt de la compétition ?
Devant toutes les contraintes que peut engendrer le fait de participer à une compétition, le pêcheur est en droit de se poser la question sur l’intérêt réel d’y participer.
Il faut prendre ça, comme une remise en question de sa capacité à s’adapter et prendre du poisson en tous lieux et toutes circonstances. Chaque pêcheur est bon, voire excellent quand il pratique sur ses terres, face à quelqu’un qui les découvre. C’est logique, le pêcheur suit son milieu depuis des années, mais qu’en est-il en d’autres lieux ?
La compétition est souvent l’occasion d’un changement de cadre géographique, le pêcheur se retrouve face à lui-même et surtout face à ses adversaires, dans un milieu qu’il ne pêche pas d’habitude, cela peut être une grande rivière, comme une rivière rapide, un plan d’eau ou un canal avec beaucoup de végétation et là pas question de faire capot. Le compétiteur doit alors tirer le meilleur de ses observations et ses connaissances pour sortir son épingle du jeu. C’est d’autant plus difficile que les zones de compétitions sont annoncées à l’avance et sont massivement pratiquées jusqu’à une semaine avant la compétition, ce qui ne laisse malheureusement que peu de repos aux poissons et tend à les détourner des leurres.
Faire face à la pression
Le jour de la compétition, c’est le débarquement d’une multitude de pêcheurs sur les berges habituellement tranquilles. Au top départ c’est la charge des compétiteurs en direction des points repérés. A peine arrivés au bord de l’eau que déjà une première salve de leurres tombe dans l’eau, cela rappelle tout à fait la bande dessinée de la Vandoise lors de l’ouverture, porter des casques et tous aux abris !
Malgré ces difficultés évidentes, certains pêcheurs parviennent à tirer leur épingle du jeu en surclassant leurs adversaires. L’avantage des compétitions pêche du bord aux leurres, c’est que les pêcheurs se voient, se côtoient, se croisent et s’observent. Il est ainsi beaucoup plus simple pour chaque pêcheur d’améliorer son niveau de connaissance technique et de progresser plus rapidement qu’en restant seul dans son coin. En effectuant plusieurs dates, c’est l’occasion de voir son niveau réel par rapports aux autres pêcheurs. Manquer de chance sur une date cela arrive, mais sur plusieurs c’est déjà plus rare. Le constat est simple, si les résultats ne sont pas au rendez-vous, il faudra accepter de se remettre en question et travailler les différentes techniques. Il ne faut pas hésiter à affiner les montages.
La compétition est aussi l’occasion de découvrir de nouvelles régions, de nouveaux secteurs, rencontrer d’autres passionnés au sein de son club comme des autres. Pour limiter les frais il ne faut pas hésiter à se regrouper par voiture, si c’est économiquement plus rentable, c’est également beaucoup plus convivial. Il est tout à fait possible d’être adversaire en compétition et de partager pour s’améliorer.
Stratégie de pêche
Le but est de prendre du poisson et vu que sur une compétition chaque poisson se mérite il n’est pas question de commettre des impairs. L’épuisette est un élément indispensable pour assurer une prise, ensuite vient le choix du matériel, inutile de partir avec 10 kg de leurres, car il va falloir se déplacer facilement tout au long de la journée. Il est donc inutile de se charger avec des trop gros leurres. Pour les cannes il est possible d’en prendre plusieurs, mais plus il y en a, plus c’est gênant pour le déplacement, alors il faut rationaliser sa pêche. Il n’est pas facile de faire ses choix, si en pêche loisir le pêcheur fait ce qu’il veut, en compétition il doit faire ce qu’il faut pour concrétiser. La première chose à prendre en compte est l’espèce de carnassier la plus présente sur le secteur, dans 95 % des milieux ce sera la perche. Il faut donc cibler en premier cette espèce et capitaliser un maximum de points en capturant des perches. Si l’opportunité se présente de pêcher à vue un chevesne ou un black-bass, il ne faut pas être pris au dépourvu et toujours être en mesure de réagir rapidement avec la seconde canne. Généralement le poisson ne vous attendra pas. Sur les compétitions officielles depuis quelques années, il y a une notion de quota, par exemple sur le championnat de France ou régional, le quota est de 6 poissons. L’objectif pour le compétiteur est de faire le quota pour prendre un bonus points. En appliquant le règlement le compétiteur va chercher le quota en pêchant la perche, ce qui n’exclut pas de rentrer un brochet ou tout autre poisson. C’est seulement ensuite qu’il va falloir commencer à rechercher des poissons plus gros. Effectuer la démarche inverse est souvent peu payante.
Côté leurres durs et les différentes familles, tout est bon, il faut en avoir un peu de chaque. Les leurres souples sont incontournables, tout comme les cuillères qui sont trop souvent délaissées par les jeunes générations à tort. La pêche reste relativement simple et accessible à tous avec un minimum de matériel.
Alors si l’envie vous prend de vouloir vous essayer à la compétition de pêche des carnassiers aux leurres du bord, rien de plus simple rendez-vous sur le site de la FFPS Carnassiers , il y a plusieurs championnats possible, la version Challenger, la version Truite, la version Régionale, toutes les infos vont arriver en début de saison. Avec une simple licence événement s’offre à vous la possibilité de participer à une date pas très loin de chez soi et de profiter de sa connaissance du terrain pour voir comment les autres s’en sortiront, tentant non ?
Stratégie pêche
Le syndrome de la berge d’en face est une réelle pathologie du pêcheur tout type confondu. Si la berge d’en face est toujours très attrayante, le compétiteur doit conserver à l’esprit qu’il a la même sous les pieds. Approche discrète et pêche fine seront souvent les clés de la séduction des carnassiers qui sortiront de sous vos pieds !
C’est une réelle habitude à prendre et il faut parfois savoir se forcer à rester discret et pêcher efficacement sa propre bordure avant d’espérer pêcher la bordure d’en face qui semble si prometteuse… mais qui ne l’est pas forcément autant que la vôtre !