Le développement des tresses et des nouveaux copolymers permet désormais de pêcher avec des fils qui sont de plus en plus fins et qui offrent une plus grande discrétion dans l’eau. Parallèlement à cela, les carbones haut-modules permettent eux aussi de pêcher avec des cannes de plus en plus fines, de plus en plus légères et tout ceci pour notre plus grand plaisir.
Lorsque je reprends en main la canne et le moulinet qui m’équipaient il y a une petite quinzaine d’années, je mesure tous les progrès qu’ont pu faire les matériels en termes de finesse. Ma tresse 4 brins de l’époque était au moins de la 25 centièmes mais vendue pour de la 15 ! Celles qui sont montées sur mes moulinets maintenant ont des diamètres annoncés plus proches de la vérité et leur résistance est devenue si élevée qu’un 12 centième permet de combattre facilement les brochets de taille courante.
Une cure d’amaigrissement
La tendance des années précédentes, venue de la pêche des grands brochets alpins voulait qu’on utilise une tresse de fort diamètre, aboutée avec une tête de ligne fluoro de 40 centièmes qui se terminait par un bas de ligne fluoro lui aussi mais en 100 centièmes. Ce montage assez lourd a cependant permis d’offrir plus de discrétion que nos anciens nylons en 40 centièmes et nos vieux bas de lignes en câble gainé. Or, depuis quelques années, une tendance vers l’affinement de tous ces équipements est en phase de s’imposer. On recherche désormais plus de finesse, plus de discrétion tout en voulant garder la même puissance et la même résistance qu’auparavant. C’est ainsi que les copolymers nous vantent désormais leur résistance aux dents du brochet à partir du 60 centièmes pour nos bas de ligne. Toute cette finesse va désormais nous permettre de nous équiper de façon plus discrète afin de leurrer plus efficacement les carnassiers.
Les cannes aussi ont subi une cure d’amaigrissement, on pêche dorénavant plus communément en spinning avec une 10/30g alors qu’avant la norme était une 15/40. Ce n’est pas que nous pêchons plus petit mais la qualité des cannes nous permet de pêcher avec les mêmes tailles de leurres tout en ayant une canne bien plus légère. Ces dernières, grâce à la science des enroulements de nappes de carbone deviennent capables de sécher un beau poisson en un temps record sans besoin d’utiliser une canne prévue pour le thon ! A titre personnel il m’est arrivé de prendre des brochets bien gras de plus de 80 cm sur une canne ultra light, ce qui aurait été impossible il y a quelques années sans que la canne ne casse.
Les montages leurres
Il m’arrive de croiser des pêcheurs aux leurres débutants qui par peur de la casse pêchent surdimensionnés. Si pour le casting une tresse de 20 centièmes ou plus est efficace c’est parce que le système du moulinet permettra de la lancer aussi loin qu’une 12 centièmes tout en se parant des effets dévastateurs d’une spire coincée entre les autres. Néanmoins en pêche normale, pas la peine de choisir une tresse en 30 centièmes comme je l’ai vu faire. En spinning là aussi on peut tout à fait descendre en 12 voire 10 centièmes qui possèdent des résistances de plus de 6 kg, ce qui était je le rappelle la norme des nylons il y a 15 ans. 6 kg avec un frein bien réglé et une canne moderne vous permettront de mettre au sec n’importe quel poisson de taille normale, bien évidemment pour des géants ou des milieux encombrés ce raisonnement est caduc.
On utilisera donc une tresse huit brins en corps de ligne et en petit diamètre pour la pêche de tous les jours. Libre à vous de rajouter une tête de ligne d’une longueur de canne, surtout si vous pêchez dans des eaux cristallines où la discrétion doit être de rigueur. Là aussi les nouveaux Fluoro shock leader, prévus pour cet usage ont gagné en termes de diamètre/résistance et un simple 30 centièmes suffit maintenant là où on employait un 40 il y a encore quelques années.
Les bas de lignes on fait d’énormes progrès, les copolymers nylon/fluoro permettent dans un même outil d’allier les qualités du fluorocarbone et celles du nylon. Bien entendu, un brin de 50 cm en 60 centièmes sera toujours moins discret que la tête de ligne en 40 centièmes mais que de progrès par rapport aux 100 centièrmes qu’il fallait utiliser auparavant.
Les carnassiers, même s’ils n’ont pas une mémoire extraordinaire semblent être moins regardants lorsque l’on pêche fin. Moins de matière, moins de vibrations parasites qui perturbent celles du leurre permet d’optimiser ses sorties et d’éviter autant que faire se peut la bredouille.
Les montages appâts naturels
C’est surtout lors des pêches au posé au vif que l’on constatera la suprématie des montages fins. Il semblerait que le carnassier prenne tout son temps pour examiner le vif et se décide à mordre après une minutieuse observation. Au leurre il n’en a pas le temps mais au posé, rien ne presse, des vidéos subaquatiques montrent que les carnassiers observent durant de longues secondes avant l’attaque d’un vif. Que regardent-ils ? C’est la question à 1000 francs. Sont-ils hypnotisés par le vif ou le ver ou scrutent-ils le bas de ligne, écoutent-ils leur ligne latérale qui perçoit une vibration qui n’a rien à faire là ? Après de multiples essais, vous avez tout intérêt à garnir vos moulinets d’un nylon de nouvelle génération qui vibrera moins qu’une tresse et qui sera moins sensible à l’abrasion. Si vous pêchez au posé sur le fond, soignez vos montages avec un fil dont la couleur ne créera pas un contraste avec le substrat, placez des hameçons fins et de petite taille qui ne rebuteront pas le carnassier. Au bouchon, jouez sur la transparence du fil et descendez en diamètre, un 26 centième en copolymer est suffisant dans la plupart des cas et sa transparence est un atout.
Oubliez les cannes télescopiques qui sont trop lourdes et pas assez nerveuses et optez pour des cannes feeder. Peu de pêcheurs le savent mais une canne feeder est largement assez puissante, dans les modèles carprodrome, pour ramener et épuiser un joli brochet. Et que dire du combat avec une canne qui vous retransmettra les coups de têtes comme aucune télescopique ne le fera !
Et le Downsizing ?
La finesse c’est aussi pour les pêcheurs aux leurres le downsizing qui consiste à descendre en taille de leurre au fur et à mesure de l’avancée en saison. Vous l’aurez certainement constaté, les carnassiers se nourrissent beaucoup en été d’alevins de l’année dès qu’ils atteignent 5 cm. c’est pourquoi dès le 15 juillet je pars les pêcher avec un ensemble light, seul capable de propulser des petits cranks de 5cm ou des micro-lipless. Si les bigbaits ont leurs adeptes et bien que ces leurres fonctionnent toute l’année, pêcher un brochet de 70 cm avec un mini crank est franchement jouissif !
Là aussi il faudra jouer fin avec une tresse en 8 centièmes, un moulinet en taille 1500 à 2000 et une canne de qualité. Au niveau du bas de ligne, je passe personnellement au titanium en fin diamètre, certes il est moins discret qu’un fluorocarbone, mais je me vois mal utiliser un gros fluorocarbone devant un mini-leurre, ce qui déséquilibrerait sa nage.
Si tout s’est affiné pour nous offrir encore plus de sportivité, il est un élément qui au contraire et très discrètement a pris de l’embonpoint : les moulinets spinning. Si vous trouvez une taille 2500 qui date des années 2005, comparez-la avec un 2500 actuel, vous découvrirez que votre nouveau moulinet est plus près de la taille 4000 d’il y a 15 ans ! Affinez donc aussi votre moulinet pour profiter d’une finesse jubilatoire.