Depuis quelques années maintenant, on assiste au retour en force de nombreux montages plutôt passés de mode comme par exemple les fameux « stiff-rig » ou traduit en Français, les montages rigides. Quand certains ne jurent que par des Spinner Rig ou des Combi-Rig, d’autres, dont je fais partie ont choisi de revenir aux bases.
Le montage rigide, c’est simple, n’est composé que d’un morceau de filament (nylon ou fluorocarbone) et d’un hameçon. Il est également possible d’utiliser de la gaine thermo rétractable ou de la gaine PVC pour guider l’axe du cheveu et cela s’arrête là ! Mais alors pourquoi, si c’est si simple, ce montage est-il parti aux oubliettes ?
La tendance en termes de montages nous vient d’Angleterre et est propagée par des pêcheurs qui pratiquent principalement dans des eaux soumises à de très fortes pressions de pêche et qui doivent constamment ruser pour rendre leur montage le plus naturel et bien souvent le plus souple possible pour ne pas que les poissons se rendent compte qu’ils engament une esche. Forcément, un montage intégralement rigide n’entre pas dans cette catégorie et, au fil des années, ils ont petit à petit disparus des différents moyens de communication au profit de montages beaucoup plus techniques, mais pas forcément plus prenants.
Personnellement, j’occupe mon temps de pêche entre rivières et grands lacs voire, ponctuellement, quelques gravières en période hivernale. J’ai donc la plupart du temps affaire à des poissons qui ne sont pas ou peu stigmatisés par la pression de pêche et mes résultats avec les montages rigides m’ont fait ranger tout le reste de mes accessoires de réalisation de montages au fond du garage. Néanmoins, j’ai quand même voulu tester l’année dernière sur des gravières relativement pêchées et force est de constater que je n’ai pas pris moins de poissons que les autres. Peut être qu’en prenant le contre-pied des montages utilisés par les autres pêcheurs, les poissons en étaient moins méfiants, nous ne le saurons jamais vraiment !
Quels avantages alors pour ce montage rigide ?
L’avantage majeur est purement mécanique et réside, entre autres, dans l’utilisation d’un matériau rigide pour le cheveu. Lorsqu’une carpe engame un tel piège avec un cheveu rigide, à l’expulsion de l’appât, la pointe de l’hameçon est nécessairement orientée vers le bas et donc vers la lèvre du poisson, chose moins infaillible avec un cheveu souple qui peut désaxer l’hameçon au moment de l’éjection. A l’inverse de tous les autres montages que j’ai pu tester, je n’ai jamais rencontré de piqûre aléatoire dans la bouche du poisson. C’est piqué le plus souvent en bas, parfois un peu plus sur le côté mais en aucun cas en haut ou parfois même à l’extérieur.
Afin d’augmenter encore davantage l’effet mécanique du cheveu rigide, j’utilise principalement le fluorocarbone pour réaliser mes montages. En effet, le nylon, même de bon diamètre, a tendance à se « ramollir » et après la prise d’un premier poisson par exemple, le cheveu a déjà bien vécu et n’est plus aligné avec la hampe de l’hameçon ce qui peut engendrer des piqûres plus aléatoires.
L’utilisation du fluorocarbone pour ce type de montages est également un réel avantage au lancer. Sa rigidité comparée à celle d’une tresse (gainée ou non) et même d’un nylon de diamètre égal, combinée avec un anti-tangle pour bas de ligne, permet d’éloigner au maximum le montage du corps de ligne et ainsi d’éviter les emmêlages, même avec des lancers appuyés.
Pratiquant le plus souvent dans des eaux où les indésirables sont nombreux, l’utilisation d’un tel montage m’a également permis de limiter les touches de poissons blancs. En effet, à l’inverse d’une présentation avec un cheveu souple où les poissons blancs finissent par se piquer à force de jouer avec la mobilité de l’appât et la souplesse du montage, le fait de présenter un cheveu rigide permet de limiter les actions de ces poissons sur l’esche. Cette conséquence est particulièrement vraie pour les brèmes mais l’est peut-être un peu moins pour les gros chevesnes ou les barbeaux qui ont physiologiquement une bouche plus grande et auront donc plus de facilité à engamer l’intégralité du duo hameçon & appât.
Quelques détails sur la réalisation et l’utilisation !
Loin de moi l’idée de présenter ce montage comme LA seule solution à tous vos problèmes. Il est par exemple très peu adapté à l’utilisation d’appâts flottants, à moins de décoller l’intégralité du bas de ligne, mais il reste à mes yeux le plus efficace avec des esches denses voire équilibrées. Attention également à ne pas utiliser de fluorocarbone dans une zone où les obstacles sont trop nombreux et surtout coupants, il ne résistera pas longtemps… Dans ce cas, privilégiez un gros nylon qui résistera bien mieux à diamètre égal.
Pour réaliser ce montage, munissez vous donc d’un hameçon (j’utilise principalement des hameçons à pointe droite pour ce genre de montages mais un hameçon à pointe rentrante fonctionnera très bien également), d’une longueur d’une trentaine de centimètres de fluorocarbone, d’un petit bout de gaine PVC (ou thermo rétractable) et d’un anti-tangle pour bas de ligne. Le plus simple consiste à adapter la bouche du cheveu à la taille de votre esche. Cela créera ainsi une butée contre votre appât et lui évitera de glisser le long du cheveu. Une fois fait, enfilez la gaine sur le fil puis l’hameçon dans la gaine. Réalisez un simple nœud sans nœud de quelques tours, enfilez l’anti-tangle et réalisez le nœud de votre choix pour relier le bas de ligne à votre émerillon du corps de ligne. Même sans avoir l’habitude, ce montage est très simple et aussi très rapide à réaliser, ce qui est toujours un avantage quand on veut en refaire un rapidement après une touche ou dans le cas d’un hameçon qui ne pique plus.
Pour les personnes qui souhaiteraient franchir le pas, je ne peux que vous conseiller de revenir à ce montage peut-être un peu archaïque aux yeux de certains mais pourtant tellement prenant ! Alors n’hésitez plus et misez sur le « tout-rigide » !