Après un premier article sur les parcours no-kill (à lire ici) dans lequel je dressais un constat pas très réjouissant sur l’évolution des parcours no-kill, je vais m’attarder ici sur les raisons de la raréfaction des prises. Et comme vous, pratiquants occasionnels ou habitués de ces parcours, je suis en colère !
Des poissons éduqués ou abîmés : La fausse bonne raison
Comme je l’avais déjà évoqué, les poissons déjà leurrés deviennent plus méfiants. Un montage au leurre étant plus traumatisant qu’une mouche ou un hameçon pour la carpe, il est indéniable que cela joue sur l’agressivité des poissons face à nos « bouts de plastique » voire sur la survie de certains. Mais il faut être réaliste, au moins lors de périodes de grosse activité, les attaques devraient être beaucoup plus fréquentes que sur les spots classiques vu que la densité est sensé y être plus importante. Mais hélas, hors lâchers, plus fréquents qu’ailleurs, ce n’est pas vrai ou si peu… Une étude scientifique américaine menée dans les années 80, visant à étudier la pratique du no-kill avec appât vivant et leurre artificiel a montré que ce dernier n’entraîne que très rarement la mort du poisson (ce qui est moins vrai avec l’appât vivant). Dans de bonnes conditions, des scientifiques nord-américains avancent le chiffre de 97% de survie. Toutes ces études sont facilement trouvables sur internet. Il y a donc une autre raison, celle qui me paraît la principale, la plus évidente pour les pratiquants réguliers. Soulignée d’ailleurs par les commentaires du premier article.
Le braconnage
L’euphorie passe rarement inaperçue et la nature humaine est encore primaire voire primitive chez certains. Que l’on garde une prise pour la table, même si ce n’est pas ma conception de la pêche, est tout à fait défendable et en aucun cas critiquable. Seulement les parcours no-kill ne sont pas là pour ça et certains « viandards » voyant cette abondance de poissons uniquement pêchés aux leurres veulent leur part du gâteau ! Après tout, comme ils disent : « Je paye ma carte » . Et encore pas tous… Loin de là…. Du coup, les parcours no-kill sont tous victimes de braconnage voire même de pillage ! Les riverains vous raconteront ce qu’ils ont vu de jour comme de nuit. J’ai des témoignages de riverains (dont mes parents donc autant vous dire que j’y crois) de voiture stationnées de nuit, phares allumés en pleine nuit et cannes au vif tendues. J’ai moi-même eu maille à partir avec un de ces braconniers en plein centre-ville, à la vue de tous. Son QI étant, à peu de chose près, équivalent à celui d’un manche à balai (attention, j’ai beaucoup plus de respect pour ce dernier), la conversation s’est limitée à quelques mots agressifs comme quoi chacun pêche comme il veut et qu’il em… toute personne liée à une quelconque fédération ou appmaa. Devant mon insistance et celle de mon ami, il a fini par partir non sans nous adresser, de loin, quelques insultes et un doigt tendu pas très amical. Et les gardes me direz-vous ? Trop peu présents et surtout débordés car trop peu nombreux. Nous avons évidemment évoqué cet événement, qui s’est produit un dimanche, à la fédération. Mais ce « pêcheur » sévit toujours, même en semaine. Et le poisson finit dans le congélateur…. Alors que dire des bandes organisées (le mot n’est pas trop fort), qui viennent nettoyer les parcours plusieurs jours durant aux vus et aux sus de tous, en toute impunité !
Tout le monde semble se renvoyer la balle. Des gardes trop peu nombreux, des fédérations qui ménagent la chèvre et le chou en empoissonnant de temps en temps. Mais les parcours no-kill ne sont-ils pas aussi faits pour éviter cela ? Pour économiser ces déversements hors de prix ? Il ne faut pas oublier que les forces de l’ordre ont toute autorité pour contrôler et sanctionner les contrevenants. Quelques « descentes » seraient assez simples, rapides à effectuer et sûrement efficaces. Mais il manque quelque chose de primordial : La volonté ! Un travail entre ministères de l’agriculture et de la pêche, de l’intérieur et de l’environnement. Même un ordre lancé par un préfet suffirait certainement. Ce n’est pas uniquement pour le bon plaisir de quelques pêcheurs sportifs, c’est aussi, et avant tout, pour la sauvegarde du milieu aquatique. J’aimerais que mon fils puisse encore attraper des poissons sauvages dans quelques années ! Pas vous ?
Les parcours no-kill sont évidemment l’avenir. Pouvoir pêcher et permettre la pérennité des espèces en ne prélevant pas, c’est ça l’avenir face à la raréfaction des poissons dans nos eaux. Mais, comme pour beaucoup de domaines socio-économiques, il faut des moyens : Des gardes présents avec des sanctions dissuasives et appliquées (j’insiste sur ce dernier mot !), des contrôles de l’équilibre piscicole afin d’éviter les déséquilibres entre nombre de carnassiers et poissons blancs. Et que les braconniers arrêtent de braconner ? Quels vœux pieux…
[author title= »Fabrice Lemordant » image= »https://1max2peche.fr/wp-content/uploads/2015/12/parcours-nokill-2.jpg »]Lecteur du magazine 1max2peche, il est désormais contributeur à travers quelques articles où il partage sa vision de la pêche.[/author]