Pêche à la carpe sur les postes délaissés : la solution à étudier

Dans tous les lacs, dans toutes les rivières, certains spots et certains postes sont complètement délaissés par les carpistes. Au contraire d’autres sont occupés en permanence. Qu’en est-il vraiment ? Certains postes sont-ils réellement improductifs ? Les carpistes délaissent-ils certains endroits par simple effet de mode, de bouche à oreille ? Nous allons, dans cet article, essayer de démêler le vrai du faux. Savoir aller à l’encontre des idées reçues réserve parfois de belles surprises !

Pêche de la carpe sur les spots délaissés
Cette micro-baie ne voit que rarement des montages. Pourtant, de nombreuses carpes s’y repaissent.

Les postes délaissés

 C’est invariable, dans tous les lacs, dans toutes les rivières, il y a des postes, des zones de pêche qui sont plus convoitées que d’autres. Et il faut être honnête, pour un lieu donné, il y a toujours des endroits plus productifs que d’autres. Ce sont des endroits qui concentrent plus de nourriture naturelle où des lieux où les poissons se sentent en sécurité. Peu importe ! Mais c’est un fait ! Certains postes sont très productifs, d’autre moins et certains ne le sont que très peu. C’est à ce type de poste que nous allons nous intéresser, car, comme vous pouvez l’imaginer, il est tout à fait possible de prendre des carpes sur ces endroits complètement abandonnés. Nous avons remarqué que ces postes ne sont pas délaissés pour des raisons objectives. Pas tout le temps du moins. Tout se sait dans le microcosme de la carpe. Il suffit qu’un poste ne produise pas pendant une ou deux sessions et voilà, plus personne ne s’y intéresse ! Les informations tournent vite et personne n’a envie de perdre son temps sur un poste « qui ne déroule pas ». À l’inverse, certains postes sont occupés toute l’année, car il s’y prend régulièrement du poisson. On peut interpréter cela de deux façons. Soit le poste est réellement bon et il est plus facile d’y capturer des carpes qu’ailleurs. Soit on peut également se dire que des carpes sont capturées, car le poste est pêché en permanence et que, statistiquement, sur le temps de pêche, des poissons finissent par mordre. C’est alors l’effet boule de neige ! Les pêcheurs apprennent qu’une nouvelle grosse carpe est tombée sur le poste surexploité, l’information circule et le poste continue à être matraqué. Fatalement d’autres poissons sont capturés et ainsi de suite. Ce phénomène atteint parfois des proportions complètement déraisonnées. Certains pêcheurs ne jurent que par ces postes surexploités et ne veulent pas s’installer ailleurs. J’ai croisé des dizaines de carpistes me disant : « tel ou tel poste est pris. C’est foutu je rentre chez moi ». C’est une erreur. Dans un lac, dans une rivière, les poissons ne sont pas tous concentrés au même endroit, loin de là. Ils bougent, nagent, se déplacent et se nourrissent un peu partout. Parfois, les poissons changent de comportement à cause de la pression de pêche et finissent par se tenir sur des zones où ils étaient peu souvent initialement.

Dans un lac, dans une rivière, les poissons ne sont pas tous concentrés au même endroit, loin de là. Ils bougent, nagent, se déplacent et se nourrissent un peu partout.

 

Pression de pêche, poste délaissé à exploiter

Le fait que certains postes soient surexploités en laisse d’autres vacants pendant des semaines entières. Même si ce ne sont pas les meilleurs endroits à la base, les poissons viennent s’y réfugier car matraqués par la pression de pêche permanente exercée sur les zones de tenue. Ces postes deviennent productifs, il ne faut alors pas louper le coche. C’est à ce moment-là qu’il ne faut pas avoir peur de changer ses habitudes en testant de nouveaux postes. Ils auront déjà le mérite de vous en apprendre plus sur le lac. Souvent sur ce genre de poste, les spots clefs, ceux qui vont faire la différence, sont moins évidents à trouver. Mais, en grattant bien, on trouve toujours quelque chose d’intéressant. Un léger changement de substrat, un petit haut fond, ou un joli muret immergé. C’est là qu’il faut axer sa pêche. Les poissons sous pression ont doucement modifié leurs habitudes et mangent à des endroits où il y a peu de montages. En trouvant ces spots, on a de fortes chances de déclencher des touches. Si vous ne trouvez que deux spots, ne mettez que deux cannes. Le but est de jouer la carte de la discrétion à fond. Les poissons mangent à ces endroits délaissés, car ils pensent ne pas se faire attraper. Inutile de leur mettre la pression avec un nombre trop important de fils dans l’eau !

Si un poste matraqué se libère, bien que la tentation soit forte, je conseille de ne pas s’y installer. Les carpistes précédant ont peut-être libéré le poste, car il était improductif. Dans le cas contraire, ils auront sûrement pris un nombre de carpes important impactant alors l’activité sur la zone. Mieux vaut choisir un poste qui n’a pas été pêché depuis quelques jours.

Carpe prise à 2 mètres du bord !
Sur les postes archi pêchés, il est possible que la seule carpe que vous sortiez soit de ce genre !

Une idée pour aborder ces spots : le préamorcage

Dans les lacs surpêchés, il est très difficile de mettre en place des stratégies d’amorçage sur le long terme pour la bonne et simple raison que l’on a de fortes chances que le poste que l’on amorce soit pris lorsque l’on veut le pêcher. Les postes abandonnés sont la solution à ce problème. Mon frère et moi procédons de la sorte. Nous repérons les endroits où aucun pêcheur n’ose s’installer de peur de ne rien prendre. Nous en choisissons un d’après les critères suivants. Nous cherchons un poste à l’écart des autres pêcheurs, avec une ouverture de pêche suffisante. Si le poste est bien situé stratégiquement par rapport aux autres postes du lac, c’est encore mieux. Une fois le poste déterminé nous l’amorçons une fois tous les deux ou trois jours. Question quantité, tout dépend du cheptel, des nuisibles, etc., mais, en règle générale, pas besoin de benner des quantités astronomiques. Disons que trois kilos tous les deux jours font l’affaire. Évidemment la discrétion est de mise. Personne ne doit voir que nous entretenons le poste sous peine de ne jamais pouvoir le pêcher. D’où l’intérêt de choisir un poste isolé des autres carpistes. Inutile d’amorcer pendant des mois, car, comme je le répète, aucun amorçage préalable n’est mis en place sur ce genre de plan d’eau. Les poissons ont l’habitude d’être amorcés et pêchés en même temps.

Les poissons sont déjà en confiance, car ils se trouvent dans une zone où ils ne sont jamais pêchés. L’amorçage préalable amplifie cet effet de confiance. Honnêtement c’est l’arme imparable. Si la technique est bien mise en place et que le poste est bien choisi, c’est impossible de passer à côté ! En procédant de la sorte, mon frère et moi avons réalisé des pêches miraculeuses alors que les autres pêcheurs, postés sur les zones conventionnelles avaient du mal à dérouler. Comme souvent dans la pêche, réussir à mettre en place des stratégies différentes permet d’obtenir de bons résultats.

Pour le préamorçage, il est bien de faire ça en binôme, car cela est parfois fastidieux. Au premier amorçage, on se rend sur place à deux, de nuit bien sûr, pour définir la zone à amorcer. Ensuite il ne reste plus qu’à se relayer ce qui permet d’aller amorcer seulement une fois sur deux, soit une fois tous les quatre ou cinq jours.

Le spot fera toujours la différence !
Ici, le repère est placé sur un tronc à 30 mètres du bord, alors que tout le monde pêche à 200 mètres sur ce poste. Et pourtant…

Les spots autant que les postes

Certains postes sont complètement délaissés, nous l’avons vu, mais pas seulement. Certains spots le sont aussi. Je m’explique. Sur un poste fréquemment exploité, j’ai remarqué que les carpistes pêchaient toujours de la même façon, avec la même stratégie, avec les mêmes appâts, etc. Tous les carpistes pêchent les mêmes hauts fonds, les mêmes cassures. Parfois il suffit juste de varier quelques petits paramètres pour faire la différence. Cela peut être la distance de pêche par exemple. Positionner ses cannes à deux ou trois mètres du bord est quelque chose que les carpistes ne font pas souvent. Bien sûr ce n’est pas tout le temps possible, mais dans certaines configurations, les poissons s’approchent très près du bord. On peut également varier l’amorçage. J’ai une petite anecdote à ce sujet. Nous nous sommes attaqués il y a quelques années à un lac ou tous les carpistes déposaient leur montage à l’aide de bateau amorceur. C’était à celui qui déposait le plus loin. Je ne vous dis pas le nombre de kilomètres de fils qui se trouvaient dans l’eau quand le lac était rempli de pêcheurs ! Tout le monde faisait pareil. Deux poignées de billes dans le godet du bateau et c’est parti ! Les carpes trouvaient donc toujours le même style d’amorçage, autrement dit une assiette de 1,5 mètre de diamètre autour de l’appât. Les carpes étaient donc méfiantes sur ces zones à fort dégagement olfactif, où les appâts étaient très concentrés. En raccourcissant la distance de pêche et en optant pour un amorçage de zone, nous avons réussi à atteindre nos objectifs rapidement alors que nous pêchions des postes matraqués depuis des années.

En raccourcissant la distance de pêche et en optant pour un amorçage de zone, nous avons réussi à atteindre nos objectifs rapidement alors que nous pêchions des postes matraqués depuis des années.

Conclusion

Dans la pêche de la carpe, faire preuve d’originalité paye. Savoir sortir des sentiers battus, prendre le contre-pied des autres pêcheurs permet de toucher des poissons que l’on n’aurait pas capturés habituellement. Dans cette optique, pêcher des postes délaissés est la bonne solution ! À l’écart des autres, au calme, il est possible de construire sa pêche de manière durable, de manière efficace avec, à la clef, des résultats inespérés.

Sur les postes délaissés, il faut miser sur la discrétion !
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