La pêche au vif n’est plus à la mode, vous pouvez constater que la plupart des magazines l’oublie doucement sauf celui-ci qui se veut le reflet réel de la pêche des carnassiers dans notre pays. Pêcher un brochet au vif ou un sandre au posé devient « ringard » aux yeux de certains, pourtant il n’y a qu’à se promener au bord de l’eau pour constater que les pêcheurs aux vifs remplissent encore 80 % de l’effectif des pêcheurs de carnassiers à l’ouverture.
Bien que le matériel du pêcheur au vif ne brille pas par sa technicité on peut adapter quelques techniques modernes pour rendre cette pêche plus efficace, plus subtile et moins meurtrière pour les poissons pris. Bien entendu entre la pêche du brochet au vif et celle du sandre à ce même appât il y a de réelles différences.
Pourquoi pêcher au vif ?
Tout le monde n’a pas la chance d’être en bonne santé et apte à crapahuter pour rechercher nos carnassiers dans des endroits éloignés. Pour ceux qui ne rentrent pas dans cette catégorie on pourra citer aussi ceux pour qui le combat importe plus que la traque, ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir une belle collection de leurres et ceux qui ne souhaitent pas se compliquer la vie outre mesure.
La pêche au vif est bien plus passionnante qu’il n’y paraît, là aussi finesse et discrétion des montages sont des éléments à prendre en compte. C’est aussi une pêche qui se pratique en groupe où la convivialité est de mise. On ne se tend pas au vif n’importe où, les meilleurs postes sont très recherchés et parfois les pêcheurs s’y installent depuis la veille pour les réserver. Cette pêche d’attente permet au pêcheur de voir son bouchon s’animer, on perçoit l’attaque du carnassier mais avant on constate l’affolement du vif. C’est une pêche où les montées d’adrénaline sont les plus fortes.
Les meilleurs appâts pour la pêche au vif
Un article sur la pêche au vif sans parler des principaux intéressés ne serait pas complet. Personnellement j’utilise tout ce qui me tombe sous la main, sauf les brèmes dont l’abondant mucus est gênant mais ça reste quand même un très bon vif. Pour tout dire j’ai un faible pour la petite carpette, elle est remuante à souhait, elle résiste à une matinée de pêche et m’a rapporté de nombreux jolis poissons. Malheureusement c’est un poisson de fond qu’il faut réserver aux pêches décollées où elle fait merveille. J’apprécie aussi le gardon et le vairon, ces deux poissons fonctionnent très bien mais sont plus fragiles. Ce sont ceux que j’utilise le plus car il est facile de s’en procurer et de les conserver. Reste les vifs plus marginaux comme le chevesne, l’able, la perchette, le goujon. Ils sont moins résistants, moins remuants mais quelquefois ils peuvent sauver une sortie. Evitez le rotengle (sauf pour la plombée), il n’a pas son pareil pour emmêler votre bas de ligne, de même évitez l’ablette, superbe et remuante mais très fragile.
Pour le transport de vos vifs, rien ne vaut une grosse glacière hermétique dont le couvercle sera percé d’un trou pour y passer le tuyau d’un aérateur. Celui-ci sera branché sur la prise allume cigare de votre véhicule. Une fois au bord de l’eau les vifs seront placés dans une petite bourriche anglaise où ils pourront s’oxygéner au mieux.
Au cœur de l’hiver, le problème ne se pose pas, les vifs transis par le froid supportent une matinée dans un simple vivier sans aérateur.
Montages pour la pêche du brochet au vif
Le montage classique s’apparente à une ligne simple équipée d’un flotteur coulissant, lui même retenu pour un stopfil ou une ligature pour régler la hauteur d’évolution du vif. On utilise généralement un corps de ligne en nylon de 30 centièmes ayant pour caractéristique d’avoir une bonne flottabilité.
Pour le profane le pater noster consiste à placer l’esche avant le plomb (un peu comme un montage drop shot) au moyen d’un émerillon spécial qui déportera le bas de ligne, le plomb terminal servant à empêcher tout mouvement du montage.
Pour ce faire, vous pouvez fabriquer le montage suivant : placez entre votre flotteur et votre plomb sur le corps de ligne, une agrafe coulissante (vendue pour la pêche à l’anglaise ou la pêche en mer).
Lorsque vous pêchez au vif au flotteur libre n’utilisez pas cette agrafe qui ne gêne en rien. Votre bas de ligne sera alors accroché à l’émerillon. Par contre pour un pater noster coulissant, attachez alors votre bas de ligne à cette agrafe et attachez un montage à brin cassant en 20 centièmes et plomb poire à votre émerillon.
Autre grande classique de la pêche au vif, la pêche en plombée. Cette technique ne met pas en œuvre les mêmes matériels puisqu’elle s’adresse en majorité aux sandres et aux belles perches. Néanmoins tout est possible et il se prend chaque année de nombreux brochets au posé sur des montages sandres.
Le montage se fait avec anti-emmêleur (anti angle de carpiste), plomb poire, bas de ligne en fluorocarbone soft de plus ou moins 1 mètre, hameçon simple de 2 ou de 4 pour le gardon et jusqu’à 10 pour le vairon et rondelle de caoutchouc pour sécuriser l’armement dans la bouche du vif. C’est un montage très basique et très simple. Concernant l’anti angle, trouvez des modèles le plus discret possible, je suis intimement persuadé que le sandre devient soupçonneux lorsque les montages sont trop grossiers.
Les cannes sont posées sur des piques équipées de détecteurs de carpistes, moulinets en position débrayée. Le ferrage doit être le plus rapide possible car le sandre a tendance à lâcher dès qu’il sent une résistance. C’est pourquoi un long bas de ligne est indispensable et que les détecteurs le sont aussi. De grâce, arrêtez les morceaux de polystyrène que l’on retrouve partout et qui polluent le paysage. Avec cette technique, les poissons sont pris par la gueule et vous pouvez les relâcher si vous le souhaitez dans de bonnes conditions. La touche se manifestera par une série de « biiip » et un tremblement de votre scion. Ferrez au bout de deux à trois secondes si vous désirez prendre vos poissons par la gueule.
Où pratiquer la pêche au vif
En lac ou étang et sans vent : conditions idéales pour une pêche au flotteur libre. Proche des obstacles ou à une vingtaine de mètres du bord sur une plage, plus près du bord si le fond descend rapidement. Le vif pourra se promener et ainsi couvrir plus de terrain ce qui augmente potentiellement la possibilité de piquer un brochet au vif.
Concernant la pêche en plombée cette dernière est idéale sur les plages où chassent les sandres, si vous connaissez une cassure du fond à portée de lancer, n’hésitez pas à y placer une plombée qui devrait voir passer un carnassier.
En cas de vent, de courant soutenu, ou de poste restreint voire encombré on aura tout intérêt à utiliser un montage pater noster coulissant qui saura maintenir le vif dans la zone favorable.
Le poste idéal est un fond moyen avec la présence proche d’un gros herbier ou d’un arbre tombé à l’eau.
La pêche au vif toute l’année
Pêcher au vif c’est tendre un piège sur le chemin du carnassier contrairement au leurre où on battra du terrain pour rechercher l’activité. Au vif, il faut choisir son poste avec soin car vous y serez cantonné pour plusieurs heures.
A l’ouverture ciblez en lacs les baies peu profondes qui se réchauffent en premier et attirent la blanchaille, commencez cette saison avec des vifs de belle taille figurant un poisson prêt à la reproduction.
L’été installé, la plupart des brochets et sandres vont cibler la blanchaille née il y a peu ou les petites perchettes tapant dans les bancs d’alevins. La pêche se fera toujours dans les zones peu profondes ou un arbuste noyé maintiendra la présence d’un banc de vifs. Les plages en pente douce seront un poste excellent.
En automne, brochets et sandres vont descendre dans la couche d’eau et on pourra les trouver partout mais ils chercheront souvent un relief ou un obstacle pour s’y tenir à l’affût.
En hiver c’est dans le profond qu’il faudra les chercher, le fameux brochet de Noël s’attrapait le plus souvent à la bonde de l’étang.
En rivière ou fleuve, les carnassiers auront là aussi des tenues différentes au fil des saisons. En cas de crue on les trouvera dans les zones profondes ou sur les bordures et en plein été près des barrages ou des arrivées de tributaires bien oxygénées.
La pêche au vif a encore de beaux jours devant elle, pour l’heure peu sujette aux innovations de nos fabricants, elle devrait retrouver je l’espère ses lettres de noblesse dans quelques années.
Matériel pour pêcher au vif
La canne
Depuis déjà plusieurs années j’utilise des cannes télescopiques en carbone capables de supporter le lancer d’un petit gardonneau comme d’un joli vif mesurant jusqu’à 20 cm.
Leur faible encombrement et leur solidité est l’argument principal pour leur utilisation. L’action plus ou moins parabolique permet de s’amuser durant le combat même avec petit brochet, ce que ne procurerait pas l’emploi d’une canne à carpe de 3.5 lbs de puissance. Ces cannes étant la plupart du temps posées sur des piques, l’argument de la légèreté ne doit pas rentrer en compte lors de votre achat. Concernant la longueur, celle commune de 3,60 m est passe partout et convient bien. Pour la pêche du sandre en plombée j’utilise des cannes plus légères, ma préférence va à des cannes pour la pêche au feeder. Elles sont suffisamment fines mais ont une bonne réserve de puissance pour combattre un beau sandre.
Le moulinet
J’ai choisi depuis longtemps de pêcher avec des moulinets débrayables. Leur confort est indéniable, ils ont l’avantage de permettre de vous éloigner ou de vous occuper à autre chose durant la partie de pêche. Les moulinets doivent être de qualité, très solides et d’une taille comparable aux standards 4000 ou 5000. Ces moulinets seront garnis de fil en 30 à 35 centièmes. Il est possible de descendre en 25 centièmes si les brochets du secteur ne sont pas énormes ou si les obstacles sont absents de l’eau. Ces moulinets permettent de pêcher pick-up fermé, sans risque de foisonnement ou de voir partir la canne à l’eau. L’usage de détecteurs fixés à des piques n’est pas obligatoire mais c’est un plus qui vous permettra d’échapper à la fastidieuse surveillance des bouchons.
Concernant la pêche en plombée, j’ai là aussi des débrayables mais de taille plus petite (taille standard 2500 à 3000), les fabricants commencent tout doucement à nous en proposer. Le débrayage doit être très fin avec une bobine quasiment libre ce qui est important pour le sandre et sa méfiance légendaire. Sur ces moulinets je monte du nylon en 25 centièmes mais ont peut descendre jusqu’au 20 centièmes sans problème si les fonds sont propres.
Le corps de ligne et le bas de ligne pour la pêche au vif
Inutile d’investir dans une tresse pour votre corps de ligne, un monofilament de qualité suffira, l’important est de le choisir flottant si possible ainsi la partie située au-dessus du bouchon ne coulera plus et le vif ne viendra pas s’y emmêler. Pour le bas de ligne une tresse armée fine et discrète permettra de résister aux dents du brochet. N’hésitez pas à armer cette tresse avec deux hameçons triples qui permettront un ferrage à la touche.
Pour le sandre un fluorocarbone souple dit soft sera un bon choix pour déjouer la méfiance légendaire de ce percidé, je l’arme d’un hameçon simple de qualité à large ouverture.
Le carpeau est excellent pour sa vivacité et sa résistance. Sinon le gardon et le vairon sont également excellent pour la pêche au vif.
La pêche au vif peut se pratiquer toute l’année, de l’ouverture à la fermeture. La période estivale s’y prête plutôt bien.
Il n’y a pas de profondeur prédéfinie, le brochet suit les bancs de petits poissons qu’il chasse. Selon les périodes de l’année, cela peut être en bordures peu profondes comme à 10-15m de profondeur dans des grands lacs. En générale, la thermocline permet d’identifier la profondeur de pêche.