La tendance est aux leurres XXL histoire de s’assurer que c’est un big fish qui viendra le cueillir et non un brocheton même pas maillé.
Il faut dire que chez les carnassiers, le brochet ne recule devant aucun obstacle ! Il engouffre des proies souvent de la moitié de sa taille voire un peu plus, quel glouton ce brochet ! Pas étonnant que les jerkbaits ou les shads de 30 cm sont communément utilisés. On veut du lourd, du conséquent, fort du précepte : gros leurre, gros brochet.
On peut considérer en début de saison que les grosses femelles sortant du frai seront certainement plus intéressées par une proie volumineuse qu’un alevin qui fait une première reconnaissance de son environnement. Ce n’est pas faux sur le principe, la déperdition calorifique après avoir déposé la progéniture future est importante, et d’ailleurs on sait de mémoire de pêcheur que les prétendants de la belle ont intérêt à faire fissa après leur rôle de mâle s’ils ne veulent pas faire les frais, après le frai, de l’appétit de leur douce compagne. Le début de saison permet de se consacrer aux pêches de bordure, là où l’eau est plus chaude et où les carnassiers sont en maraude. De plus, perches et cyprinidés s’activent aussi pour la reproduction depuis avril en fonction des températures et cela peut s’étendre jusqu’en mai. Les brochets ont donc de bonnes raisons de patrouiller sur les bordures pour se refaire une santé.
C’est du lourd !
Pas étonnant dès lors, que bon nombre de pêcheurs optent pour le jerkbait dont la densité ne permet pas franchement d’atteindre des profondeurs, le spinnerbait ou un shad de 150 gr. Néanmoins il faut aussi raison gardée et se convaincre que ce n’est pas la Laponie Suédoise ou certains secteurs en Baltique et pas davantage en lacs alpins comme le Léman où le biotope spécifique permet une croissance exponentielle des carnassiers. Quel intérêt dans nos eaux bien françaises d’utiliser des leurres de plus de 200 gr et dépassant les 30 cm ? Taper Le big fish dont tout le monde rêve. Reconnaissons que cela reste assez aléatoire et que les brochets dépassant les 110, 120 cm ne viennent pas taper la coque du bateau ! Les aficionados des leurres XXL, des cannes puissantes, et d’une session musculation journalière ne reculeront pas, pourquoi pas, c’est tendance. Prenons en compte néanmoins que le confort de pêche diminue proportionnellement à l’augmentation des leurres, un choix en somme très personnel.
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La taille d’un leurre ne se résume pas uniquement à sa longueur mais il convient d’intégrer son poids. En effet, un Buster jerk dont le poids est conséquent entrera dans la catégorie big bait alors que sa taille de 15 cm est proche d’un leurre souple passe partout. Lancer toute une journée un leurre de 80 gr ou plus n’est pas forcément très plaisant, il s’agit donc de trouver un compromis permettant de garder le confort de pêche en intégrant la notion d’intensité vibratoire basses et hautes fréquences, la densité aussi, car on peut avoir un très gros leurre qui reste en surface ! Cela étant dit il n’est pas question de se passer de leurres durs ou souples conséquents et pêcher uniquement finesse. Le Buster jerk qui n’est plus à présenter est une référence et le leurre à posséder en ce début d’année, comme peut l’être le Glidin Rap de Rapala, le Deps new slide swimmer, le BBZ Spro, le Swimpike de chez Biwaa, le Salmo slider. Des leurres durs qui ne laisseront pas insensible un broc de 70 cm mais aussi un big fish. Disons que leur poids reste raisonnable bien qu’il faille avoir une canne casting, évidemment, d’une puissance de 50gr à 80 gr et une tresse de bonne qualité. Nous avons probablement tous fait l’expérience d’une boucle dans le moulinet, le bruit d’une rupture de ligne, et le leurre qui part au loin sur l‘onde cristalline ! Parlons aussi des leurres souples qui complètent l’attirail dans la catégorie des big bait. Un grand classique qui a fait ses preuves le Replicant de Fox Rage, suivi du Pike seducer de Dam, le Dexter Shad d’Illex, mais aussi le Pulse shad de Berkley en 18 cm ou le Bandit shad. Il y en a d’autres, la liste est infinie, mais il s’agit là de leurres souples répondant à la caractéristique de big bait et qui, malgré les années pour certains, séduisent toujours ou restent des références. C’est vrai aussi que l’on peut être désappointé au regard du marché proposant chaque année une multitude de nouveaux produits et de nouvelles couleurs, c’est le commerce, mais il n’est pas forcément utile d’avoir ce qui vient de sortir pour prendre du poisson.
Varier la stratégie de progression
Vous avez fait l’acquisition de plusieurs modèles, vous avez cassé la tirelire parce que les gros leurres coûtent un bras ! J’en fais quoi maintenant ? Certains leurres s’animent avec la canne en « walking the dog », les slider comme Salmo ou le Buster jerk car ils n’ont pas de bavette comme le 4 play de Savage Gear qui est aussi très intéressant. On peut toujours prospecter avec ces leurres en début de saison si les brocs ont un peu d’activité et cherchent pitance. Quand rien n’y fait et cela arrive, il est opportun d’essayer les spinnerbaits qui bougent beaucoup d’eau et sont repérables de très loin. Utiliser des gros leurres c’est aussi varier les animations et tenter d’autres modèles, pourquoi pas un 4 play ou un leurre souple rasant le fond. Modifier la vitesse de récupération, alterner sur des leurres qui n’ont pas le même comportement dans l’eau. Ne restez pas figé sur un seul type de leurre, la clé de la réussite est dans l’alternative. Le gros leurre va manifestement sélectionner les prises, enfin ce n’est pas toujours une réalité car on a pris des brochets de 40 cm au Jerk en se demandant comment cela était possible. En début de saison c’est payant, mais il faut avoir conscience de l’environnement de pêche car si le domaine est peu représenté en poissons convenables, disons supérieurs à 70 cm, la quantité de brochets touchés restera anecdotique. Il faut donc se convaincre que les lieux prospectés peuvent recéler de jolis poissons car quel intérêt d’avoir des touches qui ne peuvent se concrétiser ? C’est là bien la limite de l’utilisation de leurres conséquents : on doit être assuré ou convaincu que notre espace de jeu possède un potentiel suffisamment important permettant l’usage de gros leurres. Il y a en effet peu d’intérêt d’avoir des suivis ou des touches insignifiantes car le leurre est surdimensionné au regard du biotope présent, mais cela ne veut pas dire qu’il faille opter pour des leurres minimalistes et cartonner des juvéniles.
La densité des leurres souples permet une approche un peu différente selon le grammage utilisé et celui-ci va forcément influencer la nage. Trop faible, votre shad risque de se coucher sur le côté, important, il conduira votre leurre vers les profondeurs ou passera son temps à tondre le substrat ! Si pour des raisons techniques il n’est pas souvent possible de modifier un leurre dur et l’alourdir, car cela ruine ses qualités intrinsèques que les concepteurs ont mis du temps à concevoir, il en est tout autre pour les leurres souples. En effet, comme on personnalise le plombage en tête, cela ne devrait que peu influencer sa dynamique ou son rolling. Logiquement on doit prendre en compte le principe d’Archimède, allez les gars un peu d’effort, reprenez vos manuels scolaires ! « Tout corps plongé dans un liquide subit, de la part de celui-ci, une poussée verticale… ». En traduction pour la pêche cela veut dire que votre leurre va prendre de la vitesse en fonction de la profondeur où vous l’utilisez. Plus elle sera importante et plus il descendra rapidement. La tête plombée doit donc être adaptée pour garder l’effet planant et souvent prenant du leurre sans pour autant nuire à l’équilibre.
Petits leurres pour grande émotion !
Prendre un beau brochet en pleine eau avec un leurre de dix centimètres est possible et ça l’est en début de saison quand les brochets maraudent et tombent sur une boule de juvéniles de cyprinidés ou de perches, les brocs sont des opportunistes et ne laisseront pas passer une friandise. C’est aussi le cas en été quand ils sont suspendus et viennent taper dans les boules d’alevins qui se déplacent en pleine eau, les chasses de surface ne sont pas forcément toujours liées à l’activité des perches, et on peut être surpris de la rencontre avec un joli broc. Le problème c’est la casse car sur un fluorocarbone de 22/100e destiné aux perches, notre bas de ligne ne fait pas le poids et c’est la formule que nous avons malheureusement déjà testé : « Pendu, perdu ! ». Que faire ? On peut utiliser une tresse acier souple ou en kevlar, cela n’a pas beaucoup d’influence pour les perches ou les sandres mais sécurise le montage et ne contraint pas trop votre shad d’une dizaine de centimètres. On peut aussi monter en gamme le fluorocarbone plus discret, et passer en 35/100e, mais les dents acérées d’un broc vont quand même le malmener. Encore un compromis à trouver pour garder les caractéristiques du leurre souple tout en palliant aux dents coupantes de maître Esox lucius. L’utilisation de leurres durs à bavette de 10 à 15cm peu plongeants est aussi une alternative intéressante quand on pêche en pleine eau, mais c’est nécessairement plus déroutant que les pêches de bordure et cela nécessite un sondeur pour repérer les bancs de poissons fourrage qui évoluent sous la surface dans quelques mètres. Le flatt shad sinking de Sébile en 9.6 est pas mal non plus, son effet vibratoire rend un peu fou les perches et ne rend pas insensible sandres et brochets.
Gros ou petits leurres alors ? Les deux mon capitaine en raison de la polyvalence qu’ils représentent, il est souvent intéressant d’alterner dans la même journée pour trouver le pattern du jour car les brochets peuvent aussi bien se gaver de la manne que représente une boule d’alevins sans défense et restant groupés, que l’opportunité de saisir un plat de consistance que représente un poisson d’une vingtaine de centimètres. Mais dans ce cas il faut que votre leurre donne des signaux de faiblesse et que sa nage soit aléatoire entrecoupée d’arrêts et de tentatives de fuite, ne faites pas de votre leurre un champion toutes catégories de la nage rapide, les brocs veulent bien faire une pointe de vitesse pour attraper une proie, mais pas une compétition de vitesse !