Pourquoi pêcher la carpe à seulement 2 cannes ? Réponse

Quand notre Redac’ Chef Geoffray m’a demandé si je serai OK pour répondre à cette question, j’ai de suite accepté car on m’interroge très régulièrement à ce sujet au bord de l’eau ou dans les salons. La première question/remarque que l’on me pose quand je ne pêche qu’à deux cannes est de savoir si je n’ai pas l’impression de passer à côté de poissons ou de touches que j’aurais eu si j’avais pêché à 4 cannes. Assurément ma réponse est un non catégorique. Mon expérience me pousse même à dire l’inverse, que je multiplie mes chances de prises en réduisant mon nombre de cannes. Et ce pour diverses raisons que je vais détailler par la suite. Je suis tellement convaincu par cette façon de faire que je ne pêche qu’exceptionnellement à 3 cannes et jamais à 4 cannes (je ne possède d’ailleurs que 3 détecteurs de touche…) !

Pêche à la carpe à 2 cannes
2 cannes, une épuisette : deux poissons en même temps !

 

En pêches rapides ou repérage, 2 cannes sont, dans la plupart des cas, suffisantes

Sur des pêches rapides sans amorçage préalable, ou des pêches de repérage pour comprendre un plan d’eau, je considère que deux cannes sont largement suffisantes. Dans ce type de situation, rapidité d’exécution, précision et mobilité sont des maitres mots. L’avantage de ne pêcher qu’à deux cannes est justement une discrétion et une rapidité de mise en œuvre accrue, et surtout le fait que si il faut bouger car les poissons se manifestent ailleurs sur le plan d’eau, on n’hésite pas une seconde. Tout se fait bien plus rapidement qu’à 4 cannes et le matériel et le nombre de spots amorcés ne sont plus des excuses pour bouger. Qui plus est, rares sont les postes où il y a plus de deux ou trois spots à pouvoir pêcher correctement sans se gêner. Il m’arrive quand même, mais très rarement, dans ce type de pêche d’utiliser une troisième canne si vraiment le poste choisi a un nombre de spots potentiels très importants et que les cannes ne vont pas interférer les unes sur les autres. Tellement rarement qu’il est plus courant que je ne pêche qu’à une canne que 3 lors de pêches rapides sans amorçage préalable. Par contre jamais 4 cannes. D’ailleurs, à l’époque (qui remonte désormais à une quinzaine d’années) où je pêchais encore à 4 cannes, je ne comptais plus les fois où la 4eme canne était mise en canne joker sur un poste improbable car je ne savais pas où la placer…

La pêche avec 2 cannes a de multiples avantage, y compris celui de la mobilité.

Amorçage préalable sur un poste repéré à l’avance ou en session, deux cannes, pas plus…

Quand je vais entretenir un poste sur le moyen ou long terme (en session ou pour effectuer des pêches rapides régulières sur ce poste), je n’amorce qu’un et un seul spot, et je ne pêche jamais à plus de deux cannes dessus.

Pourquoi je n’amorce qu’un seul spot et pas trois ou quatre ? Pour plusieurs raisons dont les deux principales sont les suivantes : en procédant ainsi je n’éparpille pas les poissons mais au contraire les concentre. Et aussi car je concentre la quantité d’appâts à ma disposition sur un unique endroit et ne la fragmente pas (ce qui peut aussi être un argument financier…). Bien entendu, pour procéder ainsi, un sondage et repérage rigoureux sont indispensables. Le hasard n’a pas sa place dans cette façon de procéder.

Un poisson pris à 5m de bord dans 50cm d’eau lors d’une session à 2 cannes après observation matinale

Pourquoi pêcher à deux cannes sur cet unique spot ? La première raison pour ne pas mettre 3 ou 4 cannes sur et autour du spot est une raison de discrétion. A deux cannes, je n’ai que deux « bannières » dans l’eau et à mon sens je gêne et stresse beaucoup moins les poissons de la zone. Les carpes sont, d’après mon expérience, très sensibles aux fils dans l’eau. Trop de fils les stressent rapidement et durablement. Deux cannes sont en revanche suffisantes pour pêcher correctement le spot amorcé. Bien entendu, les deux cannes sont placées sur l’amorçage. Le but de rassembler les poissons sur un seul spot est de créer une concurrence alimentaire qui rend les poissons moins méfiants. Deux cannes vont être largement suffisantes pour enchainer les départs. Elles permettent, si besoin, au départ deux présentations différentes pour cerner la présentation optimale sur le poste (bouillette équilibrée, dense, flottante…). Elles permettent en cas de départ de laisser la deuxième canne pêcher sans relancer la première. Souvent un second départ survient dans les 20/25 minutes maximum. Ne pas relancer la première canne immédiatement évite d’effrayer les poissons en activité à cause de l’impact du plomb. Si au bout de trente minutes la seconde canne n’est pas partie, alors je la relève (pour vérifier que tout pêche correctement et éventuellement changer la présentation du montage de cette canne), et relance les deux cannes avec précision, sans oublier de ré-amorcer le spot au préalable. Je ne compte plus les départs quasi-simultanés avec cette façon de faire. Encore une raison de se limiter à deux cannes. Dans l’éventualité que sur un plan d’eau pêché de la sorte avec trois cannes n’effraierait pas les carpes, deux départs quasi-simultanés sont déjà compliqués à gérer, trois deviennent carrément ingérables. Je n’ai que deux exceptions à cette façon de faire : retirer une canne et ne pêcher qu’à une unique canne quand les départs sont trop nombreux ou quand je constate que les poissons du plan d’eau sont très méfiants et que deux fils les effraient, et exceptionnellement rajouter une troisième canne (sous condition que je l’ai emmenée) en zig rig si je vois les poissons sauter ou se manifester sur mon poste et que je n’arrive pas à les prendre. Et une fois la solution trouvée, je repasse à deux cannes…

Pêcher à deux cannes seulement effraie souvent au départ les pêcheurs qui ont l’habitude de pratiquer à quatre cannes. Mais bien des pêcheurs qui ont essayé cette façon de faire ne sont jamais revenus en arrière. Et dernier point non négligeable, je connais un nombre certain de pêcheurs qui sont passés à deux cannes, et en ont profité pour pouvoir s’offrir du matériel très haut de gamme ; puisqu’ils ont désormais deux fois moins de cannes, moulinets ou encore détecteurs dans leur pêche.

Un spot bien précis et bien amorcé, une concurrence alimentaire accentuée et de beaux spécimens devant l’appareil photo.
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