La France est un pays où coulent de nombreuses petites rivières et fleuves de petit gabarit, ces eaux courantes hébergent souvent des carpes de souche commune, sauvages et totalement vierges de toute pression de pêche. Loin du carpfishing actuel tel que nous le connaissons, ces petits secteurs sont sources de sensations et de retour vers l’essence même de notre passion.
Presque toutes les rivières de 2ème catégorie hébergent des carpes, qu’il s’agisse d’un petit fleuve côtier, d’une rivière sinueuse au milieu des prairies ou d’une rivière restée sauvage se frayant un chemin entre des gorges escarpées. Les carpes sont partout, plus ou moins en nombre, il arrive même fréquemment qu’on les retrouve là où nous nous y attendons le moins. Certaines rivières, dont le profil ressemble plus à une rivière à truite ou à barbeaux peuvent cacher une belle population de carpes sauvages, totalement délaissée par le carpfishing actuel, car non adapté à notre pratique de la pêche en batterie et de la quête des gros poissons. Néanmoins ces petites rivières sont comme une drogue pour celui qui y goûte, tant les sensations ressenties sont fortes, et le plaisir de combattre ces carpes hyper combatives dans un cadre sauvage n’a aucune commune mesure avec le reste. La pêche en rivière est comme un retour aux sources, 20 ans en arrière, tant il est possible de dénicher des secteurs vierges et totalement inexploités, où tout est à découvrir, un pionnering des temps modernes !
<h2″>Retour à l’essentiel
A première vue la pêche s’apparente à de la pêche de petits poissons, néanmoins les surprises de poids sont possibles, car ici comme partout les poissons peuvent grossir, sauf que la recherche du spécimen ne se fait pas avec le peson en tête et prendre un poisson hors norme n’est plus la priorité mais une sorte de récompense suprême. D’ailleurs l’échelle de poids qui définie ici un spécimen n’a rien à voir avec celle d’autres sites plus classiques et pêchés par un grand nombre. Dans ces petits espaces sauvages, les poissons modestes sont légions, offrant des combats intenses et puissants, dignes de leurs congénères plus massifs en d’autres lieux. En résumé, une carpe de 6kg, profilée comme une torpille, entraînée à nager à l’année dans le courant offre un combat qui a de quoi surprendre ! Ces poissons qui n’ont pour la plupart jamais été pêchés ont tendance à réagir très violemment face à une piqûre d’hameçon, de quoi déconcerter le carpiste le plus blasé d’entre nous. Bien souvent, face à la violence des rushs de ces petites carpes une sorte d’humilité nous empare, car même avec notre matériel moderne, on se rend vite compte que la partie est loin d’être gagnée. Face à ces poissons hyper rapides qui connaissent parfaitement leur terrain et le moindre obstacle qui s’y trouve, les rôles sont inversés et les carpes ont plus de chance de prendre le dessus sur le pêcheur que l’inverse. Une pêche riche en sensations et en adrénaline, loin du tumulte des sites sûr-pêchés !
Retour aux sources
Les petites rivières sont une fontaine de jouvence pour les pêcheurs de carpes de la première heure, loin du bling-bling moderne, c’est une pêche qui demande très peu de matériel, deux cannes, deux piques, un petit tapis, un seau de maïs, de quoi passer quelques heures au bord de l’eau, déconnecté de tout !
Bien préparer sa pêche
La première étape sur ces petites rivières est bien évidemment de trouver le poisson, comme partout en fait, car même si la pêche peut sembler simple du fait que personne ne soit jamais venu embêter ces petits poissons, il faut garder à l’esprit que les carpes ne nous ont pas attendues pour grandir. Les poissons de rivières ont un cycle auquel ils se tiennent, il faut donc comprendre où se trouvent les carpes suivant le moment de la journée car les poissons de rivière bougent beaucoup. Leurs zones de tenue et d’alimentation peuvent être différentes du matin à l’après midi, en revanche ce qui reste souvent une constante, quelle que soit la rivière, est qu’elles fréquentent assidûment les bordures. Un repérage discret le long des berges peut donc fournir de bonnes indications sur les habitantes des lieux et sur leur cycle. Un sondage du bord ou en bateau permet de mieux comprendre la topographie des fonds et donc d’anticiper ou du moins d’appréhender le déplacement des poissons. Les fonds des rivières bougent et se modifient sans cesse en fonction des crues, il faut donc savoir se remettre en question en permanence et ne pas rester sur ses acquis.
Ce qui était bon une année ne le sera pas forcément l’année suivante, des obstacles et herbiers peuvent apparaître comme disparaître, ce qui aura pour effet de changer le comportement des carpes et donc la pêche. La rivière est une quête perpétuelle et sans fin, c’est aussi cela qui fait son charme, car sur ces eaux courantes, l’apprentissage est permanent. Un bon moyen de commencer à dégrossir le terrain et à apprendre consiste à effectuer des pêches courtes, une sorte de stalking, qu’il s’agisse d’une pêche à une ou deux cannes, à roder ou en poste, ces moments de pêche vont permettre dans un premier temps de tester le secteur et d’en apprendre un peu plus. L’observation répétée va offrir des indices sur la présence des carpes et de leurs habitudes, le moindre signe est bon à prendre, qu’il s’agisse de sauts, de fouilles ou de poissons circulant le long des berges, ces petites pêches rapides auront pour avantage de fournir de précieuses informations avant d’attaquer une pêche plus préparée pour plusieurs jours. C’est une façon de ne pas passer à côté d’éléments importants, qui pourraient déterminer l’issue des pêches futures. Les pêches du matin et les coups du soir sont à privilégier car c’est en général le moment le plus propice pour observer des poissons qui seront moins actifs en pleine journée. Il est important de rester mobile dans son approche afin de tester plusieurs configurations de poste, les carpes ne se tiennent pas forcément dans les zones les plus profondes du secteur, il est en effet possible de les trouver en plein courant, ou sur des zones où la profondeur n’excède pas un mètre d’eau. L’eau étant souvent très claire il est important de savoir rester discret si l’on souhaite les surprendre et les observer. Sans aller jusqu’à enfiler une tenue camouflée de chasseur à l’approche, il faut se déplacer sur les berges avec discrétion, en évitant les gestes brusques, et en veillant à ne pas projeter son ombre sur l’eau, de cette façon, il est souvent possible d’observer des carpes en bordure, parfois en pleine phase d’alimentation !
Malgré une facilité apparente, la pêche ne consiste pas à jeter ses cannes à l’aveugle, certains détails comme une différence de substrat, entre un fond mou et un fond dur peuvent faire toute la différence !
Simplicité et solidité !
Une fois les carpes localisées, la pêche n’est pas des plus difficile, c’est aussi cela qui est plaisant sur ces petites rivières sauvages, pouvoir attraper des carpes rapidement, et se faire plaisir quel que soit leur poids. Pour attaquer un secteur vierge, il n’est pas nécessaire d’employer des techniques modernes et des appâts haut de gamme pour commencer, la pêche d’antan, si je puis dire, à ici toute sa place, un véritable retour aux sources d’un point de vue technique. Le meilleur appât pour démarrer la pêche sur ces poissons sauvages dans un premier temps reste le maïs, de faible coût, c’est la meilleure façon de tester un secteur et voir ainsi si les poissons répondent présent. Le maïs convient très bien pour des pêches dans ses pieds, à courte distance, avec un petit amorçage la veille de la partie de pêche. La bouillette peut être employée dans un second temps, car avouons le, celle-ci présente de nombreux avantage à côté du maïs, notamment le fait de pouvoir être envoyée plus loin et simplement, ce qui permettra de mettre en place un amorçage d’accoutumance, sans avoir à sortir le bateau à chaque fois que l’on souhaite amorcer. Les bouillettes ont également l’avantage de pouvoir être amorcées sur du moyen à long terme, en intéressant les carpes sur la durée, ce qui est moins évident avec du maïs, qui est un très bon appât rapide, mais moins efficace sur le long terme.
Côté matériel, ce n’est pas parce que l’on pêche du petit poisson qu’il faut vouloir la jouer en finesse, rappelons que nous sommes face à des poissons taillés pour nager dans le courant, qui découvrent pour la première fois la mauvaise aventure liée à une piqûre d’hameçon. Il faut donc employer un matériel adéquat, afin de limiter au maximum le risque de laisser partir des poissons avec un montage et du fil derrière eux, même si le risque zéro n’existe pas, il faut limiter les casses autant que possible. Les cannes en 10 pieds trouvent ici toute leur place de part leur faible encombrement, elles permettront de pêcher des postes sans avoir à couper trop de branches. En revanche une canne de 3 mètres offre un bras de levier limité pour contrer des poissons qui tentent de rejoindre la berge en latéral, il faut donc privilégier des cannes de 10 pieds d’une puissance de 3,5 livres à 4,5 livres. Une telle puissance peut sembler excessive, mais dans ces eaux oxygénées, les carpes de 6 kg n’auront pas de mal à faire plier le blank d’une 3,5 livres. Pour ce qui est du corps de ligne, la tresse possède l’avantage d’une durée de vie plus longue par rapport à un nylon qui s’étirera et vrillera rapidement, quoiqu’il en soit il faut laisser les petits diamètres à la maison, de même pour le bas de ligne, en fait il faut garder à l’esprit que « qui peut le plus peut le moins » mais rarement l’inverse. Un matériel léger peut très bien sortir des petits poissons, mais le jour où un poisson qui sort de la norme mordra, le matériel atteindra ses limites et risque de vous faire perdre le poisson qu’il ne fallait pas rater.
Faire son poste
Les petites rivières sauvages n’offrent pas toujours la possibilité de s’installer confortablement pour plusieurs jours en raison des berges boisées et abruptes et de leur végétation dense. Dans ce contexte, pour pratiquer une pêche autre que le stalking, un aménagement de poste devient donc nécessaire. Ouvrir un poste ne veut pas dire raser la berge, il y a quelques règles de bon sens à respecter pour qui souhaite faire les choses bien. Tout d’abord il faut bien comprendre que les arbres présents sur la berge assurent le maintien de celle-ci grâce à leur système racinaire, couper des arbres revient donc à fragiliser la berge. La tronçonneuse reste donc à la maison au profit d’un nettoyage léger, le but n’est pas de déboiser, mais de s’ouvrir une fenêtre sur l’eau. L’idéal est donc de trouver une partie de berge avec un espace de quelques mètres entre deux arbres, où il suffit de couper quelques branches qui pourraient venir gêner l’action de pêche. Le terrassement du sol dans le cas d’une berge abrupte doit également être réalisé avec précaution, en respectant quelques règles si l’on ne veut pas voir la berge et le poste emporté dés la première crue. Il ne suffit pas de creuser à grands coups de pelle pour avoir une plate forme confortable, il est préférable et moins fastidieux de réaliser plusieurs paliers qui permettront d’accéder au bord de l’eau afin de pouvoir épuiser un poisson ou monter dans le bateau. Chaque marche et palier creusé à la verticale de la berge devra être consolidé afin d’éviter tout effondrement, la rivière comme la nature ne nous appartiennent pas, il convient donc de faire les choses bien afin de limiter au maximum tout impact négatif. Pour sécuriser les marches et paliers, quelques pieux plantés profondément accompagnés de planches de palette conviennent parfaitement, le pourrissement du bois de palette est très long, ce qui garantie une durée de vie de votre aménagement suffisamment long.