Pêche dans le Finistère

Que la France est belle et quel plaisir de vous rencontrer au cours de mes escapades dans notre magnifique terroir. C’est au printemps, sous les pluies bretonnes, que j’ai porté mes pas dans le Finistère, entre l’eau douce et la mer, pour des rencontres conviviales et des pêches techniques qui méritent bien des détours. Merci à vous pour ces bons moments. En Bretagne le moins que l’on puisse dire, c’est que la météo est très changeante ! Pour le gars du sud que je suis, il est évident que le climat du Finistère au début du ce mois de mai est très désappointant. Les matins sont frileux, humides, puis vers le milieu de l’après-midi le soleil montre son nez pour redonner quelques vigueur à la nature et aux hommes.

Pêche dans le Finistère
Pointe du Van

Mais lorsque le soleil est vraiment présent, alors la Bretagne offre un spectacle inouï qui mérite vraiment que l’on s’y attarde, que l’on s’y attache. Tout y est tel qu’on en rêve : les pimpants bateaux de pêche, les chaumières de pierres et les jolies maisons blanches installées en gradins sur les rives, les phares rayés. Ici la mer bouge en permanence et toutes les 6 heures, les marées rythment la vie du littoral breton, brassant le sable fin et doré ou roulant les galets aux pieds de falaises déchirées par le vent et la mer. C’est beau, vivant et les espaces généreux. La pêche à la ligne en eau douce est très diversifiée, depuis l’alose à la mouche, la brème au coup et le brochet au « buster ». Mais la pêche du littoral est également très intéressante comme le bar au lancer qui vous donne une poussée d’adrénaline incroyable au moment de la touche ou plus tranquillement la pêche à pied sur la plage à marée basse pour récolter les coquillages et les étrilles….

Placez vos lignes mortes à marée basse ou pêchez au lancer à marée haute les bars qui rôdent près des bancs de sable à la quête de lançons

J’ai rencontré des gens charmants, des pêcheurs amateurs bienveillants, des professionnels compétents peu avares de conseils, des poissons si grands… Il est difficile de détailler et de comparer mais vraiment je suis sous le charme des bretons. De Quimperlé à Brennilis, en passant par Bénodet et Loctudy, je vous livre mes rencontres et vous convie à venir pêcher dans ce magnifique département qui vous attend, car comme le dit le slogan d’ici… « Tout commence en Finistère ». Un monde captivant que vous redécouvrirez avec plaisir à chaque fois que vous y reviendrez.

Pêcher la truite « comme en Irlande » dans le Finistère

Pour débuter ce séjour en Finistère, J’ai rendez-vous avec Philippe DOLIVET « le spécialiste » de la pêche de la truite « Lough style flyfishing » qui se pratique à partir d’une barque de pêche de type “irlandaise” ou “anglaise”. Cette technique consiste à pêcher en lac en dérivant vent dans le dos. C’est un jour de pluie sur le lac du Drennec, j’avais rendez-vous pour cette sortie truite rappelant  inévitablement l’ambiance de la verte Érin. Une expérience insolite qui mérite le détour et qui se pratique jusqu’au mois de décembre.

Philippe Dolivet en action

Il fait froid, il y a du brouillard, la pluie fine est glacée mais le site est exceptionnel. J’ai l’impression de me retrouver trente ans en arrière sur les berges du Lough Mask, l’un des plus prolifiques lacs calcaires d’Irlande où j’ai eu le plaisir de créer « La Flaganelle » ma mouche fétiche…

Philippe m’accueille un café thermos en main et m’avoue hilare que je ne suis pas gâté par la météo alors qu’hier il y avait un grand et chaud soleil. C’est aussi cela la Bretagne. A voir son visage hâlé, je suis enclin à le croire mais il ya des jours avec et des jours sans…

Il est 6 heures du matin, j’enfile mes waders et un blouson de pluie et je lui donne un coup de main pour mettre la barque à l’eau.

La barque Irlandaise, une embarcation légère très particulière

Originaire d’Irlande elle sort des ateliers de l’entreprise artisanale Sheelin Boat à Mountnugent, dans le comté de Cavan, au Nord-Est de Dublin.
Inspiré des barques traditionnelles des lacs et zones côtières irlandaises, son dessin remonte à plusieurs siècles. C’est une barque robuste en polyester monolithique avec une finition en bois (Iroko) pour les bancs et listons. Il s’agit d’une barque à clins, un bateau très marin, qui permet de naviguer en toute sécurité par des conditions de vent et de vagues incompatibles avec la navigation des bateaux classiques à fond plat sur un lac. Sa très grande stabilité est idéale pour la pêche à la mouche.

La longueur de la barque Irlandaise permet l’action de pêche simultanée de 3 moucheurs expérimentés.

La pêche en “loch style” se pratique assis, ce qui est beaucoup plus discret (mais inhabituel) et permet souvent de piquer des poissons jusque contre l’étrave du bateau. Nous embarquons et partons vaillamment vers le centre du lac au moteur électrique. Il pleut toujours. J’ai froid…

Le lac du Drennec

Sur les 110 hectares lac du Drennec, plan d’eau artificiel exposé aux vents dominants d’ouest, les salmonidés, truites fario sauvages et arc-en-ciel ensauvagées, se nourrissent en surface ou dans les couches supérieures (moins de 2 mètres), des insectes, aquatiques ou terrestres, transportés par les courants formés par le vent.

Ces lignes de dérive ou d’alimentation, également nommées “feedinglanes”, sont clairement identifiables à la surface du lac par les chemins de mousse ou les couloirs de vent qui peuvent s’étirer sur plusieurs centaines de mètres, voire des kilomètres.

Cette méthode, le “loch style”, est passionnante et très efficace. Elle permet d’accéder à tous les poissons évoluant trop loin des rives pour être la cible possible des pêcheurs opérant en wading, c’est à dire la majorité d’entre-eux et particulièrement les plus sauvages, les plus gros et les plus malins.

Le lac du Drennec ressemble à un lac Irlandais au climat fluctuant avec un soleil aux rayons ardents et des passages de pluies fines qui fantômatisent le décor… magnifique !

L’action de pêche

Nous sommes arrivés sur une veine de courant, visible par une surface moins agitée et Philippe m’explique que ce tronçon d’eau calme cache en réalité un grand mouvement d’eau qui semble converger vers la berge opposée. Il place sa barque dans cette veine et chacun monte trois mouches (1 noyée et 2 sauteuses) sur le bas de ligne et nous vérifions le passage de la soie dans les anneaux de la canne.

La pêche commence. Mon premier lancer n’est pas une merveille du genre, mais je retrouve mes sensations après quelques mouvements de fouet. Il y a longtemps que je ne pêche plus en noyée ou en nymphe, préférant davantage la sèche à vue, mais le geste ample retrouve vite la cadence. Je fouette haut pour obtenir un « plocage » à 15 mètres de la barque pour que la mouche traverse rapidement la surface. Inutile de chercher loin puisque nous sommes au milieu du lac et je n’ai pas le syndrome de la double traction permanente. Les poissons sont dans l’eau pas dans les airs ! Pas évident de pêcher à la mouche, assis, c’est vraiment déconcertant. Je ne vois rien, je peigne le volume d’eau en strippant suivant des yeux la tension de ma soie qui s’enfonce lentement.

Philippe me prévient « c’est souvent au dernier moment, quand tu récupères ta soie pour relancer, lorsque la mouche remonte du fond vers la surface, que la truite se saisit de ta mouche. Si ta soie n’est pas tendue le poisson est perdu ! »

C’est juste à ce moment qu’une truite se pend sur la « Bristol Olive » par une tension brusque de ma soie… mon bras se lève…le poignet est ferme, la truite est prise… ne pas relâcher et ne pas donner du mou… la bagarre est courte mais rageuse… quelle fougue ces truites de lac…elle se rend à l’épuisette…vaincue. Philippe mémorise cet instant avec son appareil photo « étanche » et le poisson retourne à l’eau.

Je ne suis pas bredouille, heureux comme un gamin qui prend son premier poisson.

Coup double

Nous poursuivons notre partie de pêche en devisant sur l’engouement de la pêche à la mouche, sur les truites, les vraies, les fausses etc. J’’emmêle parfois mon bas de ligne, handicapé par ce train de trois mouches pas si facile à manœuvrer. Philippe connaît parfaitement le plan d’eau et il change la position de la barque suivant les veines, nous dérivons du centre vers la berge, emportés par le courant, poussés ou ralentis par le vent. Alors que nous nous apprêtons à une nouvelle manœuvre pour revenir vers le large j’ai une nouvelle touche. La truite se bat avec violence (incroyables ces arcs de pleine eau) et la soie de Philippe se tend au même moment. Coup double ! Le plus difficile est de ne pas se croiser et cette éventualité nous fait rire, haut et fort. Après une courte lutte, chacun fait son poisson et nous décidons de rentrer d’un commun accord. L’aventure m’a enchanté et elle fait désormais partie de mes très bons souvenirs. Merci Philippe.

Conseils d’expert

Sur le Drennec, je fais prendre et prends moi-même des truites en surface en plein milieu du lac dans des vents allant jusqu’à 35/40 nœuds en rafales, soit jusqu’à près de 70 km/h. Lorsque la vitesse du vent excède 20 nœuds, on utilise une ancre flottante ou “drogue” pour freiner la dérive du bateau. L’action de pêche s’effectue le plus souvent à l’aide de cannes longues de 9’6” à 10’6” pieds, de puissance 5 à 8, une canne de 10’#6 étant le standard. J’utilise des cannes Winston et Echo de 9’6” à 10” pour soies de 5 à 7 selon les conditions. Le moulinet doit posséder un bon frein car il n’est pas rare de se retrouver sur le backing. J’utilise des modèles “large arbor” dont la qualité du frein a fait ses preuves (3-Tand, Echo et Wychwood).

Plus la surface de l’eau est agitée, moins les truites sont timides en surface et plus elles s’y montrent actives.

Par belle brise d’ouest et léger clapot, on opère à l’aide de soies flottantes (je fais confiance à la marque Rio), équipées d’un polyleader flottant (Airflo) et d’une pointe en 18/100ème minimum. Lorsque la surface du lac est très agitée, j’utilise des mouches noyées volumineuses, nouées à l’extrémité d’un bon 20/100ème ou même 22/100èmepour encaisser la violence des attaques et avoir la chance de sortir victorieux du combat avec un gros poisson.

La pêche en “lough style” se pratique normalement à 3 mouches, 1 mouche de pointe et 2 sauteuses placées à l’extrémité de potences assez longues, jusqu’à 35 centimètres selon les conditions. En principe, la distance entre la potence supérieure (“top dropper”) et la mouche de pointe doit légèrement excéder la longueur de la canne, 3,50 m dans la plupart des cas. Pour bien évoluer sous l’eau et ne pas s’accrocher lors du lancer, les mouches doivent être espacées d’1,50 m. Les 3 mouches vont évoluer à un niveau différent et il est primordial d’en tenir compte pour le choix des mouches (1 nymphe en pointe, 1 noyée au centre et une émergente en “top dropper”).

PRATIQUE

Réglementation

La pêche est autorisée dans le lac à tout détenteur de la carte de l’AAPPMA de l’Elorn sans aucun supplément. Les périodes d’ouverture sont celles de la truite en 1ère catégorie, avec une prolongation de 3 semaines uniquement à la mouche fouettée (uniquement pour la truite arc-en-ciel). La pêche est ouverte tous les jours. La réglementation est celle de la 1ère catégorie. La maille est à 30cm et le pêcheur peut conserver 4 poissons par jour et 50 poissons par an.L’inscription immédiate sur le carnet de pêche est obligatoire.

 

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