La traque de la truite au leurre souple se développe lentement mais surement dans l’hexagone. Déjà très populaire dans les pays de l’Est, en Russie ou encore en Italie, cette technique possède de très nombreuses subtilités.
Elle s’adresse aux truites d’élevage surdensitaires mais se révèle bien évidemment redoutable sur les truites farios sauvages. En compétition, la pêche au leurre souple complète parfaitement l’emploi de leurres métalliques ou de poissons nageurs, plus populaires. Voici une série d’astuces éprouvées en compétitions qui vous permettront surement de progresser dans la pêche au leurre souple de la truite.
Choix du leurre souple pour pêcher la truite
Il n’y a pas un mais bien plusieurs leurres souples à avoir dans ses boites. Tous les compétiteurs ou presque ont un set de départ constitué de LS de ces 4 catégories :
- Les imitations de larves d’insectes terrestres, teignes et petites « chenilles », peu nageant
- Les worms, vers et lombrics
- Les shads
- Les petits invertébrés comme les créatures « nymph », les petites écrevisses ou imitations d’insecte ou larve aquatique.
J’écarte volontairement d’autres types de LS moins utilisés en compétition comme les leurres finesses par exemples.
Les 4 leurres ci-dessus constituent un set de départ. Très souvent, pour ne pas dire tout le temps, il faudra varier les leurres et changer régulièrement de couleur, de taille et de forme dans ces 4 types de leurres. Le fait de présenter une nouvelle imitation aux truites sur plusieurs mêmes dérives fait très souvent de nouveau réagir un poisson alors non réceptif à vos autres présentations. Si vous ratez une touche avec une teigne, n’hésitez pas dans la foulée à présenter un worm pour redécider le poisson à mordre.
Parmi ces classiques, on retrouve en fait ce qui fait vaguement la nourriture des truites. Car la pêche aux leurres souples serait plus ce que l’on pourrait qualifier d’une pêche alimentaire qu’une pêche incitative. On va offrir à la truite une belle bouchée appétissante, plutôt qu’un poisson nageur nerveux qui génère une attaque d’agressivité. Dans la théorie donc, on pourrait plutôt classer les LS dans la catégorie alimentaire, qui remplace un appât, mais les gammes de LS sont tellement larges qu’on aurait tort de se restreindre et de ne pas tendre vers l’incitatif.
L’hameçon et la plombée
Outre le choix du leurre, un autre point capital est à prendre en compte lorsque l’on pêche au leurre souple : c’est la taille de l’hameçon et celle du lest. On ne parlera volontairement pas ici de plombée non solidaire de l’hameçon et positionnée sur la ligne (carolina, drop shot, texas…) car cela n’est pas autorisé en compétition truite.
Les têtes plombées
L’équipe de France « truite au leurre », bien que régulièrement critiquée pour ses résultats, a pourtant bien popularisé dans l’hexagone de nombreuses techniques de pêche de la truite issues de la compétition, et notamment sur les pêches au leurre souple. Les têtes plombées employées sont presque plus proches des nymphes des moucheurs que des traditionnelles TP coulées en plomb. La TP de base est ici constituée d’un hameçon simple sans ardillon et d’une bille en tungstène. Ces TP inspirées de la pêche à la mouche permettent d’avoir des montages discrets permettant d’ajuster au mieux la dérive du leurre. Il est bien sûr possible de jouer sur la taille des billes et leur nombre pour rendre le leurre plus ou moins coulant ou suivant la force du courant, ou encore le volume du leurre.
La plupart des hameçons employés, sans ardillon, ont une pointe longue pour éviter les décrochages intempestifs.
Les plombées interne
Outre les billes tungstènes, dont on pourra varier la taille et le nombre, il est aussi possible de lester le leurre par l’intérieur, en employant du fil de plomb. Celui-ci est enroulé sur la hampe de l’hameçon. On a ainsi un montage naturel et très lesté pour pêcher les veines rapides ou profondes.
Les montages rotatifs
Outre les présentations naturelles des LS qu’on laisse dériver dans les courants, de plus en plus de pêcheurs utilisent des montages rotatifs. Ils permettent de peigner énergiquement du terrain, dans les courants ou non et assurent surtout de trouver rapidement des poissons actifs. Le montage présente l’avantage de pouvoir pêcher naturellement en laissant dériver et de provoquer des attaques en offrant plus de présence, lorsque l’on fait tourner le leurre. L’utilisation d’un émerillon est quasiment indispensable pour ne pas vriller la ligne.
Tailles et couleurs des leurres souples
Tout comme le choix du type de leurre souple, il faut varier régulièrement les couleurs et la taille des leurres. Sur des zones très pêchées et des poissons sollicités, cela casse un peu l’accoutumance et génère des touches. Cela va des très petites imitations d’insectes qui n’éveillent pas la méfiance au gros worm dodu qui agresse les truites et provoque une opportunité alimentaire. N’hésitez vraiment pas à sortir des standards et à proposer du très petit (moins d’un centimètre) ou du très gros (des worm de plus de 10cm !). En termes de couleur, si le rose, le blanc et le brun sont des valeurs sûres, n’hésitez pas à trancher avec du vert fluo, du noir ou du bleu. Cela peut générer quelques précieuses touches décisives.
Méthode de pêche
En rivière, on privilégiera les pêche aval ou en dérive ¾ amont. La pêche en amont pur est risquée et génère beaucoup de décrochages, car on peine à garder un contact propre avec le poisson qui descend le courant ou saute à la touche, sans ardillon je le déconseille. On veillera à laisser le courant faire au maximum le travail. Le pêcheur devra quant à lui conduire la ligne et la bannière de manière à faire évoluer le leurre à la profondeur souhaitée. La position optimale de la canne sera à environ 60°. De quoi ne pas laisser trop de bannière dans l’eau et donc de flou à la touche, tout en laissant assez de recul pour ferrer de manière optimale. Plus votre dérive sera propre et optimisée, plus vous ferez de poissons ! Par ailleurs, évitez de trop tendre la ligne en voulant garder contact avec le leurre. C’est une erreur de streetfisher que je faisais au début mais qui bride la dérive et surtout génère des touches inferrables. Il faut garder la bannière semi tendue et ne pas pêcher trop lourd.
Une de mes astuces pour bien conduire le leurre consiste à se créer un repère visuel. Il est interdit en compétition de mettre un flotteur ou un rigoletto sur la ligne. Je me sers donc d’un corps de ligne très visible (orange ou vert fluo) en nylon et d’un bas de ligne en fluoro d’une résistance inférieure au corps de ligne d’une à deux livres (1 ou 2lbs, soit 500grammes à 1kg environ). Je choisis la longueur du bas de ligne en fonction de la profondeur à laquelle je veux faire évoluer le leurre. Si les veines que je veux pêcher font en moyenne entre 1m et 1m20 de profondeur, je choisis de mettre un bas de ligne de 1m20. De cette façon, si mon nœud de raccord disparait, je sais que mon leurre traine au fond. A contrario, si mon nœud de raccord émerge de 60cm, je sais que mon leurre passe trop haut et surement trop vite. Par ailleurs, lors d’une dérive que j’arrive alors à suivre parfaitement visuellement, si le fil s’arrête de dévaler, je ferre. Dans le doute, cela permet la capture de nombreux poissons qui se saisissent juste du leurre qui vient à eux avec le courant, sans même générer de touche.
La position des poissons
Par expérience en compétition, un poste qui donne beaucoup de poissons, même en début de manche, donne quasiment jusqu’à la fin des touches. On a naturellement tendance à se dire que si un poste peu stocker 30 poissons, une fois qu’il y en a eu 25 poissons de fait, ce poste ne va plus être bon. C’est en fait tout l’inverse. La force du LS va être de pouvoir insister et justement donner à un moment l’envie à une truite d’ouvrir la bouche pour s’alimenter. C’est pour cela qu’il faut sans cesse varier les présentations en changeant de leurre, de couleur, mais aussi de grammages et de parfum ou attractant. Ainsi, on se rend compte qu’un poste qui tient une trentaine de poissons peut donner 50 voire plus de poissons sur toute une compétition. Certains poissons remordent volontiers et quand la pêche est difficile, c’est très intéressant à savoir.
Les attractants
Les attractants jouent un rôle essentiel dans l’efficacité des leurres souples. Contrairement aux leurres métalliques ou au poissons nageurs, les leurres souples se gorgent de parfum qu’ils diffusent lentement. Ils génèrent une trainée olfactive dans l’eau et lors de la prise en gueule, ils mettent en confiance les poissons sur le caractère alimentaire de ce qu’ils viennent de saisir en bouche. Les touches sont plus « saines » et facilitent les ferrages. On pourra alterner entre attractant liquide qui imprègne le leurre profondément dans la matière ou les gels plus collants. Tout comme les couleurs ou la taille du leurre, on pourra jouer sur différents parfums. Les arômes crustacés, salmon egg (œuf de saumon), sardine ou fromage sont des parfums assez classiques qui ont fait leurs preuves. N’hésitez pas là encore à vous démarquer en essayant d’autres choses pour provoquer des touches.
La pêche au leurre souple de la truite en compétition est un mélange d’équilibrage et de conduite parfaite et juste du montage associé à un changement permanent. Il faudra sans cesse faire varier des paramètres pour générer des touches tout au long d’une compétition ou d’une session.