Si la pêche au leurre de la truite en rivière a fortement évoluée grâce à des produits de qualité permettant d’être rapidement opérationnel sans grosse logistique nécessaire pour se procurer des appâts, les techniques aux appâts naturels restent redoutables. Le vairon manié séduit toujours nos belles farios.
Il y a encore de nombreuses mains qui arpentent les rivières de moyenne montagne et rien ne semble les dissuader de laisser de côté leur monture dites « à clou ou à disque » pour ce condensé de technologie que représente aujourd’hui un poisson nageur. Et pour cause ! Le vairon présent dans de nombreuses rivières est une belle bouchée pour les truites soucieuses de se refaire une santé après le frai. C’est en cours d’eau de première catégorie que la pêche au vairon manié s’exprime pleinement, on peut évidemment l’utiliser dans les eaux intermédiaires où plusieurs espèces cohabitent, mais la présence du brochet, qui ne sera pas insensible à ce vairon qui frétille, risque de provoquer de nombreuses coupes en raison d’un montage inapproprié et donc de laisser pas mal de montures dans la gueule de maître Esox lucius, ce qui n’est pas l’objectif. La pêche au vairon se révèle particulièrement efficace en début de saison pour les raisons précédemment évoquées, quand l’eau est encore froide et les truites peu enclines à se déplacer.
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Action !
Commede nombreuses pêches de la truite aux appâts naturels ou aux leurres, unélément fondamental prévaut sur la technique même : la discrétion etéviter le syndrome de la pêche en face ! Mon initiation de la pêche de latruite à la mouche pour l’anecdote, je l’ai eue avec un grand homme : AiméDevaux dit « Mémé » de Champagnole dans le Jura. Une énormechance du haut de mes 16 ans, pour laquelle je n’aurais, à l’époque, jamaismesurée ce que cela pouvait représenter pour moi, ni la connaissance du fameuxmontage avancé de ses superbes mouches, mais cela est une autre histoire !Mémé disait souvent : « Pourquoi vas-tu chercher les truites del’autre rive alors qu’elles sont dans tes pieds ? ». Ce discours fut pourmoi révélateur : on pêche avec discrétion sa berge en augmentantprogressivement le rayon d’action et pas le contraire. Au vairon mort c’est lamême chose notamment si la berge est creuse ou présente des racines. Marchediscrète, approche en visionnant les postes possibles, le vairon va descendrejuste derrière cette racine ou dans le remous de cette pierre, un lancerparachute à quelques mètres, on garde la tension, quelques coups secs du scionet pan ! L’attaque est violente, la truite planquée sous les racines nelaissera pas passer cette manne providentielle.
Unélément également prépondérant pour la réussite : le grammage qui devraêtre adapté car on ne pêche pas de la même manière les secteurs peu profondsqu’une zone de courant ou une berge profonde. Il est donc nécessaire dedisposer de plusieurs montures aux grammages différents. Généralement, ontrouve sur le marché des montures entre 5 à 10 gr ce qui est un bon compromis,plus lourde l’évolution du vairon est moins naturelle, moins« planante », trop légère, elle n’arrivera jamais à prospectercorrectement les zones plus profondes. N’hésitez pas à changer en fonction dela configuration, de la profondeur et du courant. Une monture Cannelle parexemple, qui a un disque plastique en tête, sera plus adaptée sur les platsavec un courant constant, alors qu’un plomb Astucit Surnat sera à privilégierdans les fosses, les berges creuses plus profondes ou la prospection d’unremous derrière un gros caillou.
Techniques de prospection
L’utilisationdu vairon manié est large, on évolue de poste en poste en pêchant les zonessusceptibles d’accueillir une truite. Soit une action en laissant le vaironévoluer par un lancer d’1/3 amont vers l’aval pour une dérive, soit en lefaisant sauter par l’action de la canne à courte distance en bordure de notreberge. Sur les pêches en dérive, levairon roule pour ainsi dire sur le fond tant qu’il ne se trouve pasperpendiculaire à notre position, ce qui veut dire qu’il faut garder le contactpermanent et récupérer le fil pour être à minima toujours en traction, dèsqu’il est porté par le courant et en 2/3 aval, on gardera la tension pour qu’ilrevienne du côté de notre berge sans forcément le tracter. L’objectif est dedonner un semblant de vie au vairon, sur une monture à disque, il vibre, ce quile rend beaucoup plus attractif, mais il faut doser sa récupération car si elleest trop rapide cela casse l’action car la portée de l’eau est trop importante.Pour un néophyte c’est probablement la phase la plus difficile à maîtriser :contrôler la ligne et varier les phases de tractions. Les montages type godillesont recommandés pour les prospections en dérive car elles font vibrer levairon et le rendent attractif. Le plus simple pour commencer est de fairesautiller son vairon en bordure de notre berge, mais là une monture avec undisque est inutile. Il est toujours intéressant de prospecter une pierre ou uneberge profonde et d’insister cela peut faire sortir une truite au repos.D’ailleurs, les aficionados du vairon manié n’hésitent jamais à insister surles postes qui peuvent cacher une truite. Cela peut faire la différence quandles truites sont sans activité.
Ilimporte d’utiliser la monture qui sera opérationnelle sur un secteur donné,cette contrainte de changer peut paraître inutile mais elle est la conditionsine qua non pour réussir et présenter son leurre dans de bonnes conditions.D’expérience, une monture godille (à disque) est moins efficace sur les postesde proximité car les attaques se font souvent sur la tête du vairon et ledisque nuit à un ferrage efficace. C’est différent sur une action dérivante carla truite se déplace et vient capter le vairon le plus souvent par l’arrière,le disque n’est plus un obstacle.
Latouche est en règle générale assez franche et l’arrêt facilement perceptible,pas d’hésitation pour ferrer et brider le poisson si on pêche court pour éviterqu’il ne retourne à sa cache.
Le bon équipement
Unecanne autour de 2.80 cm est indiquée, une action de pointe est à privilégiermais cela sera lié aux caractéristiques de la rivière. Elle peut être plusgrande et le marché propose des cannes spécifiques, optez pour une canne assezlégère dont le blank vous donnera toutes les informations lors de l’évolutionde votre vairon. Une puissance de 5 gr à 30 gr est largement suffisante. Cettecanne sera munie d’un moulinet 1000 à 2000 car le ratio est important lors dela récupération et variera selon le type de rivière où vous évoluez. Une tressede 12/100 de couleur fluo permettra de visualiser où se trouve votre leurre etune pointe en fluorocarbone de 18 ou 20/100 répondra à toutes les situationssans risque de casse.
Adopter le vairon manié pour l’ouverture c’est assurément se donner de véritables chances pour réussir et peut-être faire la différence quand le poisson est peu actif. Bien sûr si les eaux sont boueuses, « café au lait », la technique sera moins opérationnelle, pêchez alors au toc, cela sera de bon aloi. Les esches naturelles seront de toute façon toujours une valeur sûre et le vairon manié une technique subtile donnant de bons résultats.