Leurre métallique assez dense, dénommé « blade » en anglais, il n’est pas vraiment nouveau mais elle fut propulsée sous les projecteurs depuis une dizaine d’années notamment en raison de son utilisation par des compétiteurs qui ont jalousement gardé le secret pendant un certain temps. Puis, dans les années 2012 presque tous les fabricants l’ont proposé au public.
Métal vibration
Rien à voir avec une ondulante car il s’agit d’une feuille de métal emboutie dont la forme s’approche d’un petit poisson, équilibrée par un lest en plomb moulé donnant un ventre proéminant. Il y a le plus souvent trois trous sur la tête du leurre qui vont suivant le choix fait par le pêcheur influencer la nage du leurre : plus saccadée et rapide avec un point d’accroche à l’avant, plus ample sur une attache arrière, voire une utilisation verticale pour le choix de la fixation du milieu. On trouve sur le marché de nombreuses lames métalliques, certaines sont basiques et pas forcément bien équilibrées ce qui peut être beaucoup moins productif. Il faut donc s’assurer de la qualité du produit et s’approprier des lames qui ont fait leurs preuves : une lame mal équilibrée donne peu de résultats. Leur densité importante permet d’une part, des lancers vertigineux assurant des animations dans différentes couches d’eau ; et d’autres part, une rapidité de mise en œuvre susceptible de séduire rapidement les prédateurs.
Avoir lame de la pêche !
Efficace pour les prospections rapides, la lame vibrante permet de prospecter rapidement un secteur et c’est manifestement une de ses qualités intrinsèques. Sa densité permet en outre, de pêcher entre deux eaux et de séduire les carnassiers en activité. La lame peut s’utiliser en linéaire mais aussi avec des tirées rapides, entrecoupées de relâchés pour lui laisser le temps de reprendre de la profondeur. La lame peut être utilisée comme un crank, mais ne possède pas de billes. En outre, elle peut évoluer sur toutes les couches d’eau, elle est même utilisée en verticale ce qui n’est pas son utilisation optimale. La lame peut quelquefois déclencher une forme d’euphorie chez les carnassiers, perches assurément, mais aussi sandres qui rechignent les leurres souples. C’est donc un leurre qui peut faire la différence sur des secteurs où le souple est omniprésent et devient beaucoup moins attractif en raison de son utilisation systématique.
Multiples animations à la lame vibrante
La lame vibrante est utilisée aussi bien en verticale qu’en linéaire car sa polyvalence est immense, elle devient un leurre incontournable en bateau en raison de ses multiples facettes : en verticale à ras du fond, en lancer-ramener sur les bordures, en prospection sur des couches d’eau plus profondes. Malgré sa densité propice à couler rapidement, elle est utilisée aussi bien dès qu’elle touche la surface pour peigner juste en dessous, ou entre deux eaux, voire en profondeur. Pouvant être animée comme un jig métal avec la vibration en plus, la lame vibrante est souvent efficace sur des tirées sèches à proximité du fond. Sa qualité vibrante est rapidement identifiée par le pêcheur dès qu’elle est en mouvement ce qui permet de savoir toujours si elle est pêchante et pas emmêlée. Une indication primordiale permettant de ne pas pêcher « à crédit ». J’entends par là un shad dont la queue est piquée sur l’hameçon, donc inopérant, ou une cuillère qui a bouclé sur le triple. La lame est usitée essentiellement en bateau et sur des fonds relativement propres car elle peut rapidement s’accrocher en raison de ses deux triples ou doubles selon le modèle. Donc, ce n’est pas un leurre privilégié par les pêcheurs du bord car la boîte pourrait dans certains secteurs se vider rapidement ! Et pour vibrer, assurément elle vibre ! Mieux qu’un crankbait qui brasse pourtant pas mal d’eau à la différence que la lame ne possède pas de billes qui s’entrechoquent. La vibration serait-elle supérieure au bruit des billes d’un leurre dur ? Force est de constater que l’utilisation des lames restant encore assez confidentielle, il se peut que les carnassiers suspectent moins ce bout de métal représentant un alevin qui fuit dans une course folle. Précisons ici que les lames possèdent trois trous d’attache sur le dos. Ce n’est pas un hasard, le trou le plus proche de la tête donne une nage plus serrée et plus vibrante mais de plus faible amplitude. Celui du milieu donne une nage équilibrée propice à des animations en verticale, alors que celui à l’arrière donne une nage beaucoup plus ample et désordonnée et cela est fort intéressant sur des chasses de surface car on est pile-poil dans l’action d’un petit poisson en panique.
Un leurre à sandres
Paradoxalement si au regard des dimensions de la lame on pense naturellement à un leurre destiné aux perches, d’expérience, la lame vibrante intéresse tous les carnassiers le sandre inclus. D’ailleurs, elle est l’arme fatale quand celui-ci monte régulièrement chasser dans les bancs d’alevins. Et ce n’est pas rare que les sandres se focalisent sur le fretin et ne s’intéressent qu’à lui. Dans ce cas la lame vibrante peut faire la différence et ce n’est pas pour faire la promotion de celle-ci, mais un constat pêchant régulièrement le sandre en verticale aux leurres souples ou en drop, c’est rageant de voir monter les sandres sur le fretin situé à 5 mètres sous la surface et délaisser notre joli shad ou notre frétillant gardon habilement placé à hauteur de ce carnassier. La lame vibrante a permis de sauver la pêche du moment et de mettre à bas des convictions ou des postures liées à une forme de conditionnement : il faut savoir se remettre en cause et reconsidérer nos techniques. La lame vibrante intéresse les sandres et je dirais mieux : elle est le leurre ultime quand ils chassent entre deux eaux ou proche de la surface.
L’utiliser avec un matériel approprié
En bateau, une canne destinée au leurre souple fera l’affaire, d’une longueur de 1m90 elle répondra à toutes les situations et on la prend fast ou slow dans le cas d’une utilisation pour pêcher les perches dont la gueule est fragile. Un moulinet 1000 et une tresse de 10/100e me semble un bon compromis, mais vous pouvez aussi utiliser un moulinet en 2500, cela reste un choix personnel.
La lame vibrante est à utiliser dès que les alevins sont en bancs ou que le fretin évolue sous la surface. Sa capacité à être lancée très loin est un atout considérable parce qu’elle devient plus naturelle, j’entends là que le carnassier ne peut l’identifier en raison du sondeur qui nous « balance » en raison de la sonde, pas davantage avec le bruit perceptible dans l’eau d’un moteur avant électrique pourtant assez discret. Mais quand la survie est une raison fondamentale d’adaptabilité, il me semble en toute humilité, que les carnassiers et peut-être davantage les sandres ont une capacité d’adaptation que l’on méconnaît. A force de penser que nous sommes en haut de la pyramide des espèces on a, à mon sens, sous-estimé leur capacité évolutive.