C’est une technique qui fait parler d’elle depuis plusieurs années. C’est beau, c’est enivrant et les combats sont palpitants. Alors comment l’aborder ? Car comme on ne pêche pas la truite avec n’importe quelle canne, la pêche du brochet au streamer a ses propres codes. Petit tour d’horizon.
Avant le matériel et la technique, l’animation et le poste…
Car ne vous trompez pas… traquer le brochet au streamer ne se fait pas avec autant de succès qu’aux leurres. Il faut donc des zones bien peuplées, c’est l’élément le plus important avant le matériel ou autre. Il n’y a en effet pas beaucoup de stimuli émis par un streamer. Il n’y a donc que le côté visuel et la nage plus ou moins agressive que vous lui donnerez qui va décider, ou non un brochet. Le choix de la zone, et vous l’aurez donc deviné, la nage du streamer seront les deux principaux facteurs de succès. En début de saison, les brochets sont près des berges. Les bordures avec peu de fond sont donc les plus propices. D’autant plus que les températures remontent. Si les concentrations de poissons blancs sont visibles, n’hésitez pas ! Ainsi, les queues d’étangs, les nénuphars naissants, entre autres, doivent être votre objectif.
L’observation
Avec cette technique, il faut connaitre ses coins. Une bonne observation de quelques minutes de son coin de pêche n’est ABSOLUMENT pas une perte de temps, bien au contraire ! Elle vous fera gagner un temps précieux en prospection. Cette branche qui n’était pas là l’année dernière mais que les crues hivernales ont apporté, cette boule de chevesnes qui prend le soleil… autant de facteurs prépondérants dans cette technique qui demande une bonne connaissance de ses postes !
L’animation
On voit très souvent des pêcheurs qui n’animent leur streamer qu’avec des tirées plus ou moins grandes sur la soie. Vous n’êtes pas en vacances ! Le brochet a besoin que ça vibre, que ça bouge, bref… que ça remue ! Mettez vous en tête que vous devez l’agresser plutôt que de lui proposer, canne et soie jouent ensemble ! La main tenant la soie est là pour la vitesse de récupération, la main sur la canne est là pour l’animation. C’est à la canne de transmettre les animations comme on le fait pour le manié. Et là, toutes les portes s’ouvrent ! Un ralenti pour laisser couler son streamer, qui le fera toujours très lentement (le brochet adore ), des tressautements de la canne comme un vif qui meurt… une récupération continue avec une canne qui donne des à-coups, comme un petit brocheton qui chasse… voici par exemple, des animations qui marchent ! Soyez inventif et ne vous laissez pas aller à la tiédeur de cette belle journée qui vous a fait sortir avec cette belle technique ! Vous pouvez même imprimer une nage en zig-zag à votre streamer, comme un stickbait.
Le matériel
Généralement une 8’6 soie de 8/9 est indiquée. Un moulinet « large arbor » (grosse contenance), l’accompagne. Mettez dans le fond de ce dernier du « backing » et c’est parti. On apprécie pour la canne les actions « fast » (de pointe), qui permettent de charger la canne assez rapidement et de retransmettre toute l’énergie vers la soie lors du lancer. Il existe des kits complets pour démarrer, pensez y, ils sont très bien faits !
Pour les moulinets, si vous les trouver avec trois bobines (ou « cassettes »), de rechange c’est royal. Elles possèdent généralement du backing et trois soies de différentes densités. Il leur faut un frein assez doux car les cannes à streamer ne sont pas aussi solides qu’une canne à lancer. On ferre d’ailleurs canne à l’horizontal avec des tirées sur la soie. Sinon, c’est la casse de la canne…
Pour les soies, vous les trouverez en différentes versions. Tout d’abord, prenez-les en « WF ». C’est la « fuseau décalé » au poids concentré vers l’avant. Elles existent en flottante, intermédiaire et coulante. D’ailleurs pour cette dernière, il y a six vitesses d’immersion. Ainsi, vous obtenez par exemple : « WF9S3 », pour une soie à fuseau décalé N°9 coulante à vitesse d’immersion de 3. Cette dernière est toute indiquée chez nous. Elle permet de pêcher l’ensemble des postes dont la profondeur est comprise entre 1 et 4m environ. Pour une flottante vous aurez une « WF9F » et pour une flottante à pointe intermédiaire (« Sink Tip » et donc légèrement coulante), une « WF9FI » ou « WF9F/S Sink Tip ».
Rajoutez dessus avec un nœud pour hameçon à palette une pointe d’1m50 en 45°/°° et un court bas de ligne en acier souple avec agrafe, et vous voila parés !
Pour les streamers de nombreux modèles sont vendus dans le commerce, chez T.O.F ou bien Mouche de Charrette… vous n’avez que l’embarras du choix ! Et si vous voulez les faire vous-même, n’hésitez pas (Les cheveux de poupées sont très bons !).
C’est vrai, la pêche au streamer, c’est beau !
C’est vrai, c’est beau. Mais ça n’a pas bonne réputation : « Pas facile, je m’emmêle à chaque fois dans cette gestuelle et la soie avec ! » Dommage car c’est pourtant très simple ! Pour ce que l’on appelle dans le jargon, les « faux lancers », prenez l’exemple d’un cadran d’horloge. Votre canne fait des allers-retours entre 11h et 13h, et 9h pour le poser. Ce geste ne dépend que de l’extension de la soie en avant et en arrière : quand vous sentez que la soie tire sur la canne à 11h ou 13h, il faut la re-balancer vers l’avant. Essayez simplement en barque ou dans un champ : sortez 4-5m de soie de la canne et faites ce geste, vous verrez ça part tout seul ! Ces « faux lancers » ne servent qu’à sortir la soie avant de la poser sur le poste.
Et la double traction ? Ça, c’est vraiment quand on veut taper très loin. C’est un geste de la main tenant la soie qui vient la tirer vers le bas du corps avant que l’autre main ne re-balance la canne vers 11h ou 13h. Cela donne de l’énergie à la soie qui va donc plus loin. A courte distance, elle n’est par contre pas utile. Vous pouvez même pêcher au streamer avec une seule main, surtout en barque.
Vous verrez, démarrer le brochet au streamer peut rebuter, mais avec une bonne observation et une bonne gestuelle, vous finirez par vivre des bagarres inoubliables sur des cannes très fines ! Enivrant !