C’est un choix cornélien, trouver le bon compris permettant l’exploitation maximum de son leurre tout en préservant suffisamment de solidité pour éviter la coupe.
Il n’y a pas énormément de solutions pour choisir son bas de ligne, il sera en nylon, en fluorocarbone, en acier ou en titane ou en polymère se rapprochant du fluoro. Disons le ici : il y a de nombreux fluorocarbones sur le marché dont les qualités intrinsèques sont loin de se valoir et des bas de ligne en titanium dont la qualité est à revoir. Une question de prix mais aussi de fabrication comme pour les tresses. Le meilleur compromis sera certainement le bas de ligne carnassier alliant une très bonne discrétion avec une réfraction de la lumière faible, pour des carnassiers méfiants et tatillons comme le sandre par exemple, mais avec une résistance à toutes épreuves contre les abrasions de l’environnement et du temps (soleil, eau, frottement) et contre les dentitions acérées des brochets !
Une utilisation raisonnée
Le nylon avec son indice de réfraction à la lumière inférieur au fluorocarbone, sa souplesse légendaire et sa facilité d’utilisation sera toujours un allié incontournable pour faire des bas de ligne destinés à la perche mais aussi au sandre. Son inconvénient, outre sa souplesse extrême, est sa résistance faible à l’abrasion, ce qui pose problème dans les secteurs où les fonds sont très accidentés et regorgent de cailloux, et aussi dans les secteurs où le brochet est présent.
Le fluorocarbone assez récent sur la planète pêche, a probablement transformé radicalement notre approche des bas de ligne pour le carnassier, notamment pour les pêches linéaires aux leurres. Et pour cause : une grande discrétion avec un taux de réfraction proche de 1.42 (1.50 pour un nylon), mais d’une résistance plus importante à diamètre égal et capable de résister aux dents acérées des brocs, peu d’élasticité avec un prix abordable pour le milieu de gamme car il coûte relativement cher quand on fait le choix du haut de gamme. Les diamètres importants font perdre de la souplesse et c’est un de ses inconvénients, l’autre étant que les coupes sont toujours possibles et qu’il faille régulièrement après une prise vérifier l’état du fluoro et ne pas hésiter à le changer s’il présente des faiblesses. Pour cela, il suffit de passer le fil entre deux doigts et vous allez sentir s’il y a des aspérités. Si c’est le cas, changez la pointe.
On trouve aussi sur le marché qui s’est élargi, des fils hybrides se situant entre le nylon et le fluorocarbone. Moins souple que le nylon classique leur résistance à l’abrasion est un peu plus élevée mais en rien comparable à un fluorocarbone, il semble par ailleurs qu’ils ont l’inconvénient majeur de vriller rapidement même quand on humidifie ses raccords et les nœuds.
L’acier fut, mais l’est encore, le bas de ligne le plus utilisé et n’a eu pendant un demi-siècle aucun concurrent sérieux. Utilisé encore pour la pêche au vif, il tend à laisser la place au titane mais aussi au fluoro. Bon marché, d’une résistance sans faille, simple à utiliser car souvent prêt à l’emploi, l’acier garde ses aficionados. Peu discret, il risque de rebuter bon nombre de carnassiers et sera de toute façon à proscrire pour la pêche du sandre, même si certains ont déjà pris des sandres avec un bas de ligne acier. C’est un peu l’exception qui confirme la règle ! Le titane est venu bousculer un peu l’ordre établi, beaucoup plus résistant pour un diamètre inférieur, il est plus souple que l’acier et ne vrille pas. On lui reprochera néanmoins la difficulté à faire des nœuds ce qui oblige à sleever et là, force est de constater que ce n’est pas top. Il reste donc le choix d’acheter des bas de ligne titane déjà montés, mais cela limite les longueurs que l’on veut choisir.
Assurément le fluorocarbone est sans aucun doute le bas de ligne le plus utilisé aujourd’hui car il intègre les qualités d’un monofilament et s’il n’a pas la résistance d’un titane face aux dents des brochets, il tient la route sur des diamètres de 70 ou 80/100e.
Optimisation sans risque
Fort des éléments développés ci-dessus, la question fondamentale et de savoir ce qui va nous permettre d’avoir un bas de ligne de qualité et en mesure de résister aux brochets car c’est toujours rageant de perdre un beau poisson sur une coupe. Et Dieu sait que cela arrive à chacun d’entre nous à moins d’utiliser systématiquement des bas de ligne en acier ou titane pour des prospections au jerkbait. Faisons ici abstraction des bas de ligne destinés au sandre où le nylon fait l’affaire même si je préconise l’utilisation du fluorocarbone plus résistant et qui peut « sauver » une prise s’il s’agit d’un brochet. Rester discret tout en assurant une résistance suffisante nécessite un compromis. La solution réside dans l’élaboration d’un bas de ligne de discrétion en fluorocarbone de 40/100e de plusieurs mètres et d’une pointe de 40 centimètres en 70 ou 80/100e. On a là un bas de ligne souple et discret et l’assurance que l’on fera face aux dents des brocs. N’hésitez pas à changer votre pointe après un beau combat, je sais par expérience que pris dans la frénésie de l’activité on ne vérifie pas suffisamment l’état de la pointe au risque de déboires et de laisser un leurre dans la gueule d’un brochet ce qui est toujours désagréable (encore plus pour lui !).
Pour faire court, disons qu’avec une pointe de fluorocarbone de 70 ou 80/100e on est paré pour faire face à de nombreuses situations. Certes, une pointe de 40 centimètres si le leurre est soufflé par un broc par les ouïes risque fort de couper le 40/100e. C’est un risque, mais si tel était le cas, ce poisson ne souffrirait pas d’un leurre planté dans sa gueule.
Sur des gros leurres, genre bigbait, le titanium fait le job aussi car sa résistance malgré son petit diamètre garde de la souplesse qu’un gros fluorocarbone n’aura pas. Après c’est un choix personnel, je préfère avoir une pointe titanium très souple pour l’animation qu’un fluoro qui, à résistance égale, nécessitera un 80 voire un 90/100e. Je le dis ici au risque d’avoir de nombreux contradicteurs : je n’ai pas constaté une baisse de rendement ou de touches en utilisant le titanium sur des prospections au jerkbait. Après, si des lecteurs ont une autre analyse ou un autre constat, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et dans 1Max2 Pêche, les rédacteurs, n’ont pas, et c’est mon cas, la science infuse et je suis toujours disposé à écouter, mais surtout entendre, des lecteurs qui sont en mesure de m’apporter leur vision et leur expérience. Le pire à la pêche c’est d’être convaincu que l’on a raison que l’on sait ! Malgré une quarantaine d’années de pêche, j’ai certes des convictions, mais je considère que l’on peut toujours évoluer et que rien n’est figé. Je pense néanmoins que l’on pêche toujours mieux si l’on a confiance en son matériel et avoir un bon bas de ligne est quand même sécurisant !