Pêche du brochet à l’ouverture : misez sur les bordures !

A l’ouverture de la pêche du carnassier en mai, les brochets ont fini de batifoler dans les herbes ou les racines et si le mâle n’a pas fini en sushis en raison de l’amour dévorant de sa partenaire, il y a beaucoup de chances que l’on retrouve ces géniteurs sur les bordures en quête de pitance !

La température sur le bord est sensiblement plus chaude à cette saison, et toutes les espèces sont plus enclines à y rester quelques temps pour se réchauffer et s’alimenter. Battre le maximum d’espace pour trouver des carnassiers actifs est donc préférable qu’un seul poste semblant prometteur sauf si on pêche au vif, bien sûr, rien n’interdit de se déplacer régulièrement ce qui est souvent payant sur des poissons apathiques et planqués dans les herbes naissantes. Pêcher rapide, ne veut néanmoins pas dire pêcher n’importe comment et la stratégie mise en œuvre doit répondre à des fondamentaux.

La technique maîtresse dans ces circonstances est sans nul doute le power fishing, terme anglo-saxon se traduisant par « pêche de prospection rapide » pour trouver des carnassiers actifs sans connaître particulièrement les postes.

Le power fishing permet de rencontrer des poissons actifs

Les postes pour pêcher le brochet à l’ouverture

 On pêchera méthodiquement en lançant à ras de la roselière ou des potamots s’ils se situent en bordure d’une cassure. Sur un grand lac, cette prospection peut être payante en pêchant en linéaire au shad, au crank, voire même avec un jerkbait animé en « walking the dog » (marche du chien en français dans le texte !), mais aussi avec un spinnerbait qui peut être le leurre du moment, la cuillère restant une valeur sûre. L’idéal, si vous ne connaissez pas les lieux, serait de faire une demi-journée de repérage afin de connaitre la topographie car si un lac naturel reste assez constant et que les échanges thermiques se font progressivement, il n’en est pas de même sur des lacs réservoirs car les étiages peuvent-être importants. Ces postes ont fait leur preuve, d’autres sont aussi de véritables réceptacles à carnassiers. Je pense là aux arbres immergés où ceux qui sont les vestiges du passé dans un lac réservoir. On y trouve du cyprinidé de l’année (ou des perchettes) dans la partie haute, des perches à l’étage inférieur et quelques beaux carnassiers au rez-de-chaussée, voire suspendus veillant jalousement sur leur garde-à-manger quand la température a été constante et que l’eau est déjà bien réchauffée ce qui n’est pas toujours le cas en début de saison. Car si advient une période froide juste avant l’ouverture, c’est souvent sur ces cassures et hauts fonds que les carnassiers se tiennent et les bordures logiquement propices à l’ouverture deviennent désertiques.

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L’animation des leurres pour le brochet

La technique est assez basique puisqu’il s’agit de lancer-ramener un leurre à une vitesse plus ou moins constante selon son poids, son inertie dans l’eau et ses fonctionnalités. Pêcher les bordures c’est rarement animer un leurre dans des profondeurs abyssales, sauf peut-être quelques lacs de barrage circonscrits par de hautes falaises. Dans un cas plus général la profondeur varie dans une fourchette de quelques mètres, là où les Potamots, les Nymphéas naissants sont visibles ou les racines des arbres baignent encore en ce début de saison. En fonction des caractéristiques du leurre, l’animation consistera à le faire évoluer un peu en dessus du fond, en « stop and go » technique reine pour les jerkbaits : on lance et on ramène de façon linéaire le leurre, ponctué d’arrêts, cela consiste à donner des coups secs de la pointe du scion afin de le faire évoluer en zig-zag lors de l’animation. C’est une technique casting par excellence et très prometteuse en début de saison car les leurres utilisés : jerkbaits ou stickbait évoluent bien dans une eau peu profonde notamment s’ils sont suspending.

Quel que soit le leurre utilisé, il importe de varier l’animation et ne pas simplement ramener de façon linéaire le leurre jusqu’au bateau sans tenter différentes animations. Pêcher les bordures c’est provoquer un carnassier qui est souvent en recherche de pitance et sera de toute façon beaucoup plus intéressé par une proie, fut-elle artificielle, qui a un semblant de vie ou semble fuir.  L’animation est un élément fondamental de réussite et trop souvent après quelques lancers non concluant, on change de leurre s’assurant qu’il n’est pas bon. Avant ce choix, il est primordial d’avoir utilisé toutes les facettes de son utilisation dans l’animation. Ai-je modifié ma vitesse de récupération, essayé de casser sa linéarité, fait des arrêts ou pêché plus lentement avec des accélérations ? Avant de proscrire le leurre utilisé, assurez-vous que vous lui avez donné toutes ses chances pour s’exprimer.

Pêche de prospection lente pour quelque fois de bon résultats

Le choix du leurre

Dans cette catégorie de pêche de prospection certains leurres sortent du lot soit parce que leur morphologie et leur équilibre sont taillés pour faire réagir le carnassier, soit parce que les billes qui meublent l’intérieur de leur structure émettent des basses et des hautes fréquences susceptibles de vous dégoter le plus passif des brochets ! Certains pêcheurs déjà fort habiles et aficionados des pêches aux leurres, ne manqueront pas de faire remarquer très justement que les poissons nageurs bruiteurs c’est top, mais qu’ils ont tendance à faire fuir le plus téméraire carnassier qui a déjà fait la malheureuse expérience de cette proie sympathique marquant quelques arrêts et prenant ses jambes (enfin ses nageoires !) à son cou. C’est vrai, nous l’avons régulièrement constaté mais sur des poissons qui peuvent vous donner le grammage du leurre, sa marque et les différentes couleurs de la gamme ! Plus sérieusement, les carnassiers fortement sollicités arrivent assez rapidement à faire le lien grâce à leur expérience, entre un danger prévisible et la « chose » qui semble comestible. Je pense d’ailleurs que l’on sous-estime la capacité de nos amis à sang froid à faire des corrélations entre des éléments de leur vécu. Néanmoins, nous sommes à l’ouverture et les carnassiers ont été tranquilles depuis plusieurs mois et certains ont certainement oublié le danger que représente cette proie très active et bruiteuse.

Crankbait

Dans la catégorie des leurres pour peigner les bordures on retrouve les crankbait bien sûr, un leurre dur qui vibre beaucoup et va vous débusquer un brochet planqué dans les herbes. Il y a plusieurs façons de l’animer : soit en linéaire à raz du fond, soit en lui faisant faire des pauses. Selon le type de bavette il peut s’activer dans toutes les couches d’eau, des petits coups secs du scion lui donnent une nage erratique qui donne de bons résultats, mais quelquefois un retour linéaire avec quelques accélérations suffit à déclencher les attaques.

Les lipless crankbaits s’animent par tirées-relâchés avec récupération de la bannière, il est fortement recommandé de varier aussi bien l’intensité de sa nage que l’amplitude des tirées, ils se travaillent un peu comme une lame.

Brochet d'ouverture en bordure
Un beau broc pris au lipless

Jerkbait

Le jerkbait est un peu à part sur la planète des leurres de début de saison, mais c’est à coup sûr le leurre qui sera le plus régulier sur des poissons actifs, mais nécessitera un combo casting parce qu’il s’agit de leurres beaucoup plus lourds. Animé en « walking the dog », c’est un leurre pour lequel j’ai un faible, non pas parce qu’il donnerait de meilleurs résultats que les leurres précédents, mais dans une eau peu profonde, c’est toujours un plaisir incommensurable de voir un brochet venir le cueillir avec violence. J’aime cette technique et le travail du leurre, qui part de droite à gauche, replonge puis remonte avec puissance et s’arrête pour reprendre sa danse. C’est évidemment très personnel et je connais bon nombre de pêcheurs qui réussissent mieux que moi avec un crankbait à l’ouverture. Mais bon la pêche c’est aussi se faire plaisir dans la technique utilisée.

Le jerkbait est un leurre très intéressant pour l’ouverture

Leurre souple

On ne peut faire l’impasse sur le leurre souple pour le brochet en ce début de saison, plus discret mais tout aussi efficace. La question souvent posée est : « mais un shad de quelle longueur ? ». Personnellement pour les bordures, j’utilise un shad de 16 cm permettant une tête plombée autour de 10 grammes, en dessus de cette taille afin d’assurer l’équilibre du leurre, on est amené à plomber un peu plus. C’est possible, mais dans peu d’eau cela nécessitera de le ramener beaucoup plus rapidement. La plombée de tête doit donc être en harmonie avec le leurre utilisé mais aussi en fonction de la couche d’eau : trop lourde votre leurre est toujours plein de débris donc inopérant, trop légère vous pêchez beaucoup trop haut. C’est un compromis, un équilibre qu’il faut trouver pour que votre shad évolue à la bonne profondeur, un peu au dessus du fond sans être obligé de le ramener à grands coups de manivelles ! Chaque shad à des particularités notamment en raison de sa caudale qui émet des vibrations basses ou hautes fréquences. Il est bon d’essayer plusieurs modèles, de varier l’animation et de changer de couleur sachant néanmoins que la base est comme pour la verticale : eau translucide, shad clair, eau chargée, shad foncé. Cela est une base qui peut être transgressée car j’ai souvenir d’avoir utilisé un ripple de chez Berkley coloris perche orange qui fut ce jour là le seul souple efficace, allez savoir pourquoi, je n’ai pas la réponse.

L’analyse

Vous l’aurez compris, pêcher les bordures à la recherche d’un carnassier nécessite de prendre en compte plusieurs éléments et de ne pas lancer bêtement un leurre dans l’espoir qu’il tombe sur un poisson décidé. Il y a une combinaison qui est un facteur de réussite et peut s’extrapoler pour toutes les pêches linéaires quelle que soient la profondeur où l’on évolue. L’animation bien sûr, j’insiste sur cet aspect car trop souvent on se contente d’utiliser une technique qui est porteuse, mais pas toujours, car l’activité des carnassiers, la pression atmosphérique, la turbidité de l’eau et la température sont des pièces essentielles dans le puzzle. Varier l’animation c’est essayer de comprendre ce qui se passe sous l’eau, poisson légèrement décollé ? Poisson collé dans l’herbier ? Poisson en mouvement ? Poisson en activité ? Si vous ramenez votre leurre à la vitesse d’un coureur olympique et que le carnassier n’est pas décidé, il y a peu de chance qu’il fasse l’effort d’un déplacement. Réfléchissez ! Ai-je essayé toutes les facettes du lancer-ramener ? Et si cela ne fonctionne toujours pas, si on ne fait pas « bouger » un carnassier, changer le leurre. Tenter un crankbait ou un shad, varier les couleurs, la profondeur de nage, le grammage. C’est la condition sine qua non de la réussite en début de saison, et une très bonne initiation pour la saison qui commence.  Bonne ouverture à tous !

Variez la techniques et les leurres pour trouver le pattern
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