Tout le monde n’a pas la chance d’habiter à proximité d’une belle rivière de première catégorie et pour ces pêcheurs, pêcher la truite rimera le plus souvent avec taquiner les arcs en ciel en plan d’eau. Plusieurs techniques ont été spécifiquement développées pour cette approche que je me propose de vous faire découvrir.
Quel bonheur que d’arpenter au petit matin sous un froid soleil de mars les berges de notre rivière préférée. Les truites seront-elles calées en plein centre de la rivière ou cachées sous les racines de bordures ? Mordront-elles au ver ou au leurre, l’eau sera t’elle teintée ou cristalline, basse ou haute ? Telles sont les questions que se pose régulièrement le pêcheur en rivière alors qu’en plan d’eau ce sera plus fera t’il beau ou pas ? Pour autant les truites de plan d’eau sont tout aussi capricieuses et aussi nobles que celles de rivières et il convient de connaître plusieurs techniques si on veut réussir sa pêche.
Les leurres durs et souples
Si ce ne sont pas les choix de la majorité des pêcheurs de plan d’eau, la pêche de la truite au leurre fonctionne très bien sur des truites lâchées il y a peu. Cette méthode ciblera les poissons les plus agressifs qui n’ont jamais vu un leurre de leur vie et qui ont tendance à se jeter sur tout ce qui brille ou qui dénote avec le milieu dans lequel elles évoluent.
Je me souviens de l’arrivée des cuillers jaunes fluo sur le marché, sur les arcs le jour d’ouverture c’était le leurre miracle durant les deux premières heures. Alors qu’elles boudaient les Aglia argent elles se jetaient comme des folles sur ces coloris extrêmes, puis tout se calmait et les palettes classiques fonctionnaient alors aussi bien. J’attaque donc toujours avec un coloris agressif au possible de façon à cibler les truites actives puis la matinée passant je reviens sur des coloris naturels.
Au poisson nageur c’est la même chose mais je cherche la hauteur d’évolution du banc d’arcs. On commencera avec un leurre suspending puis un leurre coulant pour finir avec un crank grand plongeur. Pour gagner du temps il suffit de regarder le fond utilisé par les pêcheurs au bouchon et aux appâts naturels qui prennent du poisson, on aura déjà un indice probant sur la zone où évoluent les poissons.
La truite est peu pêchée au leurre souple pourtant elle adore croquer du plastique, généralement je laisse passer les premiers jours d’euphorie où dame arc se jette sur tout ce qui brille pour attendre qu’elle descende dans la couche d’eau. A partir de là on peut commencer en dynamique avec le drop shot esché d’une imitation de ver ou de sangsue dans une taille inférieure à 10 cm. La pêche classique en tête plombée eschée d’un petit shad fonctionnera très bien aussi.
Le matériel type pour la truite aux leurres
Pour les plans d’ eau, contrairement aux rivières, une canne d’au moins 2,10m s’impose, on la choisira en puissance Light pour lancer des petites têtes plombées mais aussi des leurres jusqu’à 10/12g. On montera un moulinet en taille 2000 ou 2500 qu’on équipera d’une tresse 8 brins très fine et d’une tête de ligne en fluorocarbone ou nylon très transparent de 2m de long et d’un diamètre de 20 centièmes, ce qui reste largement suffisant pour des arcs en ciel jusqu’à 40 cm.
Le bouchon et les pâtes
Si on a décidé de pêcher les truites aux appâts, naturels ou non, l’immobilisme sera notre gros désavantage. Il faudra trouver les truites et lancer sur leur passage. Les bancs d’arcs prennent souvent l’habitude de tourner autour de la zone où elles ont été lâchées, il suffit de voir les prises s’enchaîner à une extrémité du plan d’eau et se déplacer au fil de la matinée.
A l’anglaise on prendra soin de bien s’installer pour un moment d’attente, bref ou long, mais qui demandera que tout soit à portée de la main lors d’une touche.
Si ce n’est pas interdit on peut au préalable amorcer un peu, puis fronder quelques pellets régulièrement qui vont rappeler aux truites l’heure du casse croûte en pisciculture. L’esche utilisée sera un petit lombric, une teigne bien dodue ou même un grain de maïs qu’apprécient ces poissons.
Les premiers lancers se feront dans la zone des 20m du bord avec guère plus d’un mètre de fond puis au fil de la matinée on lancera plus loin et on pêchera une couche d’eau plus profonde.
L’ensemble anglaise monté avec un waggler bien visible est idéal pour voir les touches de loin et combattre une belle arc en jouant sur le frein du moulinet.
Les pâtes industrielles sont d’excellents appâts pour ces poissons issus d’élevages et nourris aux farines de poisson. Ces pâtes multicolores sont faciles d’utilisation, les meilleures sont flottantes et vont onduler sous l’eau retenues par votre seule plombée à la bonne hauteur.
J’ai gagné à plusieurs reprises le petit concours amical de mon village avec un simple amorçage à base d’amorce gardon et de pellets, puis en frondant régulièrement avec des asticots de couleur (ce qui n’est pas autorisé partout), je pêchais alors au coup avec une canne de 7m sur un montage très fin et en pêchant au ras du fond. Le concours dure deux heures et souvent j’ai enregistré mes premières prises au bout de quarante-cinq minutes, mais une fois sur le coup bien entretenu, elles y restent et m’ont permis des pêches à dégoûter mes voisins moins techniques.
Peu de pêcheurs le font mais la plombée est très efficace avec les truites surdensitaires en plan d’eau et pour cela une marque met à notre disposition certainement le meilleur appât du marché : Le Mice tail de Berkley. Ce leurre souple en forme d’œuf de poisson orné d’un flagelle et rappelant un spermatozoïde est l’arme absolue. Pour l’utiliser au mieux il convient de pêcher avec sur un montage coulissant. Le leurre étant flottant, on donnera 30 cm de mou toutes les minutes pour trouver la hauteur d’évolution des truites, une technique dérivée de la pêche au booby si prisée des moucheurs en réservoirs. Attention avec ce leurre dont l’attractant plaît particulièrement aux arcs en ciel et bien moins aux farios, il est régulièrement et totalement avalé, donc ferrez à la touche pour éviter d’avoir à sacrifier un poisson si vous ne le souhaitez pas
Le matériel type pour la truite au bouchon
je vous conseille une canne anglaise de 3,9 à 4,2m et de puissance 20g qu’on montera avec un moulinet à frein arrière en taille 2500. Je monte mes cannes au posé avec du nylon pour ce petit plus qu’apportera l’élasticité durant le combat et j’utilise dorénavant des fluorohybrides qui allient discrétion et souplesse. Utilisez un waggler coulissant avec une grosse antenne que vous verrez bien à 30/40m.
Pour la bombette, soit une canne dédiée à cette technique soit une canne feeder d’une puissance de 60g car les cannes anglaises classiques souffrent de lancer des bombettes jusqu’à 40g. Pour les bombettes, un seul modèle vaut réellement le coup : les Bubo de Sylvio Leonardi distribuées par « Milo », les autres étant simplement bonnes à jeter à la poubelle ou presque !
L’arme fatale : La bombette
J’ai découvert la bombette à sa sortie autour des années 2000. Mise au point en Italie pour justement pêcher les truites en lac il s’agit de lests transparents évoluant à une profondeur déterminée et permettant de lancer une simple teigne à plus de 50 m du bord. Je dois à la bombette mes plus belles réussites lors de ces ouvertures en plan d’eau, dont une mémorable avec 5 truites en 6 lancers, quota atteint en 10 minutes devant des pêcheurs médusés de cette efficacité.
La bombette demande une canne spéciale ou une canne anglaise assez puissante, différentes bombettes en grammage et densité, un bas de ligne très long d’au moins 1,5m et un émerillon triple pour éviter le vrillage.
Le principe est simple, on lance loin, on laisse la bombette atteindre sa profondeur puis on ramène son esche ou son leurre. Celui-ci évoluera toujours à la même profondeur donc le plus dur sera de trouver la bonne densité de bombette, flottante, semi plongeante, plongeante ou très plongeante, il suffit de changer régulièrement jusqu’à la touche !
Le long bas de ligne donnera ce petit laps de temps nécessaire à la prise en bouche de l’appât et le frein du moulinet aidé de la souplesse de la canne permettra de pêcher assez fin sans craindre la casse.
Ces astuces glanées au fil des ans sont toujours d’actualité et vous permettront de passer un bon moment en compagnie d’amis devant un bon casse croûte car pour ces ouvertures aux truites dites de « cirque » la convivialité reste l’élément déterminant d’une belle journée.