Quel pêcheur de truite au leurre n’a jamais eu un jour la frustration de voir un poisson dédaigner ses leurres à la faveur d’une mouche ou d’une nymphe ? Et passer sa boite entière de poissons nageurs sans provoquer la moindre attaque… Cette défaite cuisante je l’ai connue plus d’une fois et il était évident que je n’utilisais pas la bonne technique de pêche de la truite à ce moment-là. La meilleure solution me direz vous aurait été d’utiliser une canne à mouche. Pourtant je n’ai pas fait ce choix, mon matériel mouche n’étant pas adapté, j’ai opté pour le toc. La fin justifiant les moyens j’ai associé les deux pour que le résultat corresponde à mes attentes. Loin de moi la prétention d’avoir inventé cette technique, d’autres pêcheurs l’ont fait bien avant.
Quel matériel ?
Pourquoi donc une canne au toc ? Généralement comprise entre 3,60 et 3,90m, j’utilise la canne Mitchell Supréma. Elle permet une bonne présentation de la nymphe et un excellent contrôle de la dérive. La longueur de la canne permet de soustraire une partie de la bannière de l’emprise du courant. Sa souplesse facilite le lancer des nymphes, même légères et sans plombée additionnelle.
Pour le moulinet je fais confiance (encore) au Mitchell mag pro light extrême en taille 200. Je le garnis d’un nylon en 14 centièmes orange ou jaune fluo en fonction de la luminosité. Mes bas de ligne sont en nylon compris entre le 14 et le 10 centièmes, encore une fois je varie ces diamètres en fonction des conditions de pêche, profondeur, taille des nymphes, et bien évidemment taille des poissons. J’utilise des bas de ligne d’une longueur comprise entre 1,50 et 2m au gré des profondeurs de pêche.
Une pointe de 12 centièmes voire 10 centièmes est nécessaire pour optimiser les dérives et les rendre encore plus naturelles. Pourquoi du nylon me direz-vous ? Au risque de passer pour un allumé, je trouve le nylon plus utile à cette technique car il permet une pénétration plus rapide de la bonne couche d’eau. Le fluorocarbone de part sa raideur bride trop les nymphes, surtout lorsqu’elles sont légères. Pourtant il possède un indice de réfaction proche de celui de l’eau, le rendant plus discret qu’un nylon. A vous de faire vos choix.
Pour le montage il m’arrive de pêcher avec deux nymphes, dont une montée en potence ; la nymphe la plus lourde stabilisera et conduira plus facilement la nymphe de potence dans la bonne couche d’eau juste sous le nez des truites.
Pour les pêches où la profondeur n’est pas trop importante et si il y a des gobages, j’utilise régulièrement un « pompon », comprenez une mouche sèche très flottante (gros sèdge par exemple) qui servira d’indicateur de touche, et peut par la même constituer un appât supplémentaire. L’utilisation de ces grosses mouches bien flottantes permet aussi de pêcher les courants les plus violents.
Une pêche à vue
Dans les petits torrents et rivières moyennes je pratique une pêche à l’arbalète, ou alors juste sous le scion de la canne. Il faudra donc être réactif sur les ferrages car les truites dans ces conditions se saisissent rapidement des appâts, mais les recrachent tout aussi vite.
La pêche à vue est largement praticable. Je me retrouve souvent immobile comme un héron à l’affût d’un poisson posté. C’est d’ailleurs pour moi la technique la plus palpitante mais aussi la plus difficile.
Je sais que les puristes de la NAV (nymphe à vue) risquent de me traiter d’hérétique, mais qu’importe ! C’est une pêche qui demande la même concentration, beaucoup d’observation et de discrétion, il faut avoir les nerfs solides et le ferrage précis car généralement tout se passe très vite, et puis finalement seule la canne change.
L’action de pêche consiste à lancer légèrement en amont de la veine d’eau, puis à redresser la canne sans brider la ligne, tout en contrôlant celle-ci à l’aide de l’autre main. Il sera alors simple de « tirer » du fil du moulinet pour que la nymphe descende à la bonne couche d’eau. Il ne faut surtout pas la brider, sous peine de passer trop haut sur l’eau. La nymphe doit frôler le fond sans s’y accrocher, et évoluer à la même vitesse que le courant. N’oubliez pas que la plupart du temps vous pêchez sans plombée additionnelle et que seule la masse de votre nymphe déterminera la vitesse de dérive. Parfois il faudra donner des petites animations et faire nager la nymphe pour décider les poissons. En fin de coulée faite une tirée sèche sur la ligne pour faire décoller la nymphe puis redonner du fil directement. Cela incitera certainement un poisson apathique à saisir votre imitation.
Quelles nymphes ?
Personnellement j’utilise beaucoup le faisan tail, avec des billes tungstène de différentes tailles. J’affectionne les modèles de chez JMC et Masterflie qui fabriquent des produits de qualité et qui sont vraiment bien adaptés. Il ne faut pas avoir peur de varier les couleurs des billes, pensez aux couleurs flashy, le fluo, le rose, couleur que j’affectionne particulièrement sur les ombres communs.
Comme je vous l’ai expliqué plus haut la densité de la nymphe est un facteur primordial, une bonne vitesse de descente et un grammage adapté au débit permettra sans nul doute de décider une truite. La pêche aux appâts naturels est basée sur ces mêmes règles.
Vous aurez certainement des débuts hasardeux, n’hésitez donc pas à faire des tests en changeant de nymphe régulièrement pour trouver celle qui passe le mieux, ainsi avec de l’habitude le choix se fera instinctivement. Lorsque la pêche est difficile je monte une nymphe en potence, sur environ 4 cm de nylon terminé par une micro boucle pour donner plus de liberté à celle-ci. Je change ma distance entre la nymphe principale et la nymphe de potence en fonction du comportement des poissons (entre 10 et 50cm). Les petits modèles de nymphe (j’utilise généralement des gammares) permettent bien souvent de faire la différence sur des poissons éduqués.
Voilà, nous avons fait le tour de cette technique vraiment ludique, accessible à toutes et tous, puisqu’elle demande un minimum de matériel. Pensez toutefois à écraser vos ardillons, à utiliser une bonne épuisette et à manipuler le moins possible vos captures pour que nos compagnons de jeu repartent dans les meilleures conditions. Rappelez-vous que la réussite de votre pêche dépend de votre faculté d’adaptation aux conditions. Seules vos observations et votre réactivité permettront de prendre encore plus de poissons ou d’essuyer un magistral capot.
Vous aimez pratiquer la pêche à la truite? Alors découvrez comment pêcher la truite en utilisant différentes techniques de pêche efficaces.