Pêcher la carpe avec de petits appâts pour cartonner

La logique voudrait que ce soit le cas. La petite taille des esches est plus adaptée à la traque des petits poissons tout simplement parce qu’ils sont plus faciles à ingérer, c’est incontestable. Ceci étant dit, nous allons vous démontrer que les gros poissons sont également réceptifs à ces petites friandises.

Nous allons classer dans les petits appâts les bouillettes dont les diamètres sont inférieurs à 15mm, et les particules telles que graines, pellets et fragments de billes. En somme, ils n’ont rien de spéciaux et constituent des esches que l’on emploie dans sa saison de pêche.

Ceci étant dit, il ne vient pas toujours à l’esprit d’utiliser ce type d’appâts pour taquiner les poissons de bonne taille du fait du manque de sélection. Il faut reconnaitre que même les poissons blancs sont susceptibles de s’en emparer, ce qui freine son usage. Utiliser des particules dans un plan d’eau qui regorge de poissons blancs et de petites carpes dans le but de capturer les plus gros sujets peut paraître totalement aberrant. Et c’est le cas si l’on ne procède pas à quelques stratagèmes particuliers. Mais, bien évidemment, il ne sera pas possible de capturer uniquement les gros sujets, cela va de soi.

Pêcher la carpe avec de petits appâts
Une belle carpe du lac de Saint Cassien capturée à l’aide de 3 noix tigrées de 12mm

Les atouts des petits appâts pour pêcher la carpe

En tout premier lieu, pour un poids semblable, les appâts de petits diamètres sont plus nombreux que ceux de gros diamètres. Ceci est souvent oublié, bien qu’évident. Mais plus on a un nombre important d’esches, et plus il est possible de couvrir une grande superficie. Ceci représente une économie qui peut s’avérer avantageuse dans certains cas.

Pourquoi couvrir un plus grand périmètre, tout simplement parce que cela permet d’avoir plus de chances d’attirer l’attention de poissons en maraude. Ils passeront également plus de temps à la recherche de l’amorçage.

Un plus grand nombre d’appâts représente également une surface en contact avec l’eau plus importante, donc un meilleur échange de particules attractives. Cette diffusion étant augmentée, il en résulte une meilleure stimulation sur l’amorçage.

Enfin, les gros appâts sont facilement et rapidement saisis par les poissons (disons, à partir d’une taille), qui, pour le coup, peuvent rapidement déserter la zone amorcée. Les petites particules sont plus longues à ingérer du fait de leur nombre, ce qui oblige le poisson à rester sur la zone plus longuement. Cela représente un intérêt évident pour le succès de notre pêche.

Les particules attirent les poissons blancs. Leur activité alimentaire sur l’amorçage peut également susciter l’attention des carpes, quelle que soit la taille. Il faut savoir que dans des eaux surpêchées, les poissons méfiants peuvent fuir les amorçages classiques et finalement s’alimenter de particules au milieu des poissons blancs (voir encadré). Il y a ainsi de fortes chances de pouvoir stimuler des gros poissons qui ne se font que rarement prendre sur des amorçages habituellement proposés.

Voici un exemple de petits appâts : micro tiger et chènevis, bouillettes de 15 et 8mm

Quels sont les inconvénients

Comme nous venons de l’évoquer, les poissons blancs sont très réceptifs aux particules qu’ils consomment goulument. Si le plan d’eau contient une grande quantité de fourrage, ceux-ci auront tendance à « ruiner » tous les amorçages légers rapidement. Il s’agit donc d’un manque de sélection.

Leur petite taille ne permet pas d’amorcer à longue distance avec un matériel classique. Il faut donc avoir recours aux bait-rockets/spods, bateaux/bateaux amorceurs. A noter également que certaines particules comme le maïs doux, ne résistent pas aux lancers appuyés.

Damien nous présente une belle commune capturée a l’aide d’une seule bouillette de 14mm

Passons à l’action

Maintenant que nous avons dégrossis ce que représentent les petits appâts, il est temps de parler stratégie. Si l’on veut réussir à traquer les gros poissons avec de petites esches, il va falloir user de quelques astuces pour parvenir à ses fins. Mais d’abord quelques règles environnementales.

Tout d’abord les lieux de pêche. Les lieux totalement envahis de poissons blancs ne sont pas les plus indiqués pour ce type de pratique. De même que ceux qui contiennent une très grande proportion de petites carpes. Le seul moyen de sélectionner sera d’avoir recours en eschage et même en amorçage à de grosses bouillettes ce qui ne nous intéresse pas dans ce cas de figure. En revanche, des eaux dont la population de carpe est équilibrée et la présence de poissons blancs suffisamment faible pour ne pas nuire à la pêche, sont des terrains idéals pour utiliser des particules.

La saison, joue également un rôle important. Elle va influencer sur la température de l’eau et donc sur l’activité alimentaire des poissons. Les périodes tempérées correspondent bien souvent à des phases alimentaires fastes pour les poissons de toutes tailles. Ce n’est donc pas le meilleur moment pour utiliser les petits appâts, sauf si l’on dispose de quantité importante permettant de saturer l’appétit des pique-assiettes voraces. En revanche, en période hivernale, mais également en période caniculaire, le métabolisme des poissons est ralenti, ce qui donne un intérêt et parfois une nécessité d’utiliser les particules. Les poissons blancs ayant leur activité alimentaire quasiment stoppée, laissent tranquille nos amorçages. De plus, étant donné que les poissons ne s’alimentent quasiment plus, les petites esches ne risquent pas de saturer le peu d’appétit. Leur attraction étant très importante, elles arrivent toujours à attirer des carpes en maraude.

Ainsi, vous l’aurez compris, il est possible d’utiliser les petits appâts dans toutes les eaux et a toutes les périodes, mais avec des chances de succès totalement différentes. Ce sera dans des eaux faiblement peuplées en poissons blancs, en hiver ou en pleine canicule, que vous aurez le plus de chances de capturer une grosse carpe.

Voyons à présent comment utiliser ces petits appâts. Les 3 axes stratégiques vont être les suivants : le type d’appâts, l’amorçage et l’eschage.

Rémi nous prouve qu’avec du maïs doux, les gros poissons sont de la partie !

Comportement des gros poissons

Il a souvent été observé, dans des conditions normales, que les plus gros sujets n’évoluent que rarement avec des bancs d’autres carpes. La compétition alimentaire qui se forme dans le rassemblement ne permet pas une alimentation correcte d’un gros individu. Ils ont donc un comportement plutôt solitaire ou se font accompagner de 1 ou 2 congénères de gabarit similaire ou tout simplement de poissons blancs qui agissent comme des poissons pilotes à la recherche de nourriture mais également profitent des restes de repas. Si on arrive à captiver l’attention de ces poissons blancs pilotes, il y a de fortes chances d’arriver à tromper le poisson de nos rêves.

Le choix des appâts

Il est inutile de faire durer le suspense plus longtemps, et il ne faut pas se leurrer, ce sont les bouillettes qui vous donneront le plus de résultat. C’est un fait incontestable. Des composants de qualité optimale et gorgés d’attractants font sensiblement la différence avec les autres particules. Seuls les pellets peuvent entrer en concurrence, mais leur durée de vie en immersion étant courte, ils ne peuvent pas servir d’esches durablement. En revanche, en amorçage, ils font partie des armes stratégiques pour stimuler les gros poissons. Ensuite, viennent les noix tigrées, qui même de petite taille, intéressent les gros poissons. Elles sont par ailleurs délaissées en hiver alors que c’est probablement la meilleure période pour taquiner de très gros sujets avec. D’autres graines peuvent permettre de capturer des gros poissons, mais ne permettent pas de les cibler efficacement. Ceci dit, en combinant certaines graines, on arrive à obtenir d’excellents résultats.

Les brèmes sont tellement actives qu’elles troublent l’eau, l’amorçage ne fait pas long-feu

L’amorçage

Il s’agit du point qui est le plus important selon nous. Un amorçage mal géré va rapidement se montrer totalement inefficace, anéantissant tout espoir d’obtenir une capture correcte. En revanche, s’il est bien conduit, les chances de succès seront importantes.

A la belle saison, il faudra agir avec à la fois la quantité, mais aussi les fréquences.

Dans l’idéal, il convient d’avoir recours à de la bouillette pure si la présence de blancs est vraiment gênante. Restez dans des diamètres proches des 15mm, évitez les versions trop petites. Si les poissons chats sont également présents, du chènevis peut compléter l’amorçage car il a tendance à être répulsif. Utilisez par ailleurs le jus de cuisson comme nappage sur vos billes afin de calmer la voracité de ces profiteurs. Par contre, s’il n’y a pas trop de prédation de votre amorçage, un nappage au foie va sensiblement augmenter le poids moyen de vos captures. L’objectif étant d’arroser la zone que vous allez pratiquer, de manière large mais pas copieusement. En revanche, il va falloir effectuer des rappels réguliers afin de faire en sorte qu’il reste toujours quelques appâts sur votre amorçage. Il est également possible d’effectuer la même opération avec des noix tigrées (mélangées au chènevis également). A noter également que des amorçages massifs à la farine pure sur un spot très précis avec uniquement votre esche au milieu peut également réserver de grosses surprises, notamment au raz d’une zone d’abri ou sur un spot d’alimentation. En effet, les farines vont stimuler les poissons blancs qui vont tout simplement mettre votre amorçage en suspension dans l’eau. Les gros poissons ne trouvant pas de nourriture saisissable se feront berner par votre esche piégée correctement positionnée.

Gilles et la « Danseuse » capturée a l’aide de noix tigrées sur un lit de 10kg de farine !

En saison froide ou caniculaire, il s’agira toujours d’arroser votre secteur de pêche mais avec des quantités assez faibles de particules. Les fragments de bouillettes ainsi que les pellets sont tout indiqués car moins vulnérables pour le coup. N’oubliez pas de les napper de foie également.

Les farines peuvent encore créer la surprise mais là aussi, il ne faut en utiliser que de faibles quantités.

C’est également le moment de sortir le grand jeu avec les noix tigrées qui pourront remplacer sans difficulté les bouillettes. Vous pourriez être agréablement surpris par vos résultats. N’hésitez pas à tester les bordures exposées au vent surtout si vous pratiquez de nuit. N’oubliez pas de broyer une poignée que vous disposerez autour du montage afin d’augmenter l’attraction.

Ensuite, n’hésitez pas à utiliser des chaussettes solubles afin de permettre de disposer d’un micro amorçage au raz de votre montage en complément de l’amorçage de zone. Particules de bouillettes et pellets enrobés de foie augmentent encore le niveau d’attraction. Un sac soluble permettra de faire la même chose avec de la noix tigrée broyée et du chènevis.

Pour finir, si vous connaissez précisément des spots fréquentés par des gros poissons, n’hésitez pas à pêcher en single. Pas d’amorçage. Uniquement votre montage esché de 2 micros bouillettes de 10mm ou d’une pop-up flottante en 14mm. En revanche, évitez les couleurs fluo qui sont trop attractives pour les poissons modestes. Cela a toujours permis de prendre quelques jolis poissons.

Alex et une belle miroir de printemps capturé a la noix tigrée

L’eschage

La manière de présenter les appâts est importante. C’est grâce à cela que le poisson réussira à se piquer. Il ne faut également pas oublier que nous présentons de petits appâts destinés à de gros poissons. Les propriétés mécaniques doivent permettre à l’hameçon de se planter dans des grandes bouches. Mais il n’est pas pour autant question d’utiliser de gros hameçons dont la taille pourrait être tout simplement disproportionnée par rapport aux esches et rendre la présentation totalement inefficace. Préférez ainsi de petits hameçons assez robustes et à la forme agressive assurant une piqûre quelle que soit la taille des bouches. Pour les petites bouillettes, il est possible d’en mettre 2 sur le cheveu, mais n’oubliez pas qu’il s’agit de tromper la méfiance de gros poissons, un chapelet de billes serait immédiatement reconnu comme un danger. En revanche, concernant les graines, les petites noix tigrées pourront être eschées à raison de 2/3 sur le cheveu sans perdre en efficacité. Pour les particules plus petites, il existe une astuce assez simple et remarquable par son efficacité : les enfermer dans un filet de type anti-chat, ou bas en nylon utilisé par nos compagnes afin de présenter des bouchées correctes. Ainsi, il est possible de présenter sur son hameçon une dizaine de grains de chènevis qui résisteront à la fois au lancer et aux attaques des blancs.

Dans tous les cas, la présentation doit rester naturelle, et les montages à la fois robustes et fiables. Les artifices utilisés habituellement sur des pêches classiques à rendements ne sont pas conseillés pour taquiner les gros sujets car trop attractifs. Vos montages doivent rester en place jusqu’à ce qu’un gros poisson s’y intéresse. Cela veut dire que si vous touchez trop de poissons blancs ou de carpes de petites ou moyennes tailles, c’est que la stratégie employée n’est pas la bonne. Il convient donc de réviser son approche afin d’optimiser ses chances.

Voici une méthode efficace pour présenter du chènevis

 

 

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