Pour certains, la pêche ne peut s’envisager qu’en binôme, voire même en trinôme. Pour d’autres à l’inverse, c’est une pratique solitaire, une forme de “retraite spirituelle” par rapport à un quotidien où tout va toujours trop vite. S’il n’y a pas de mauvaise solution, il existe des avantages et des inconvénients dans chacune des façons d’aborder notre passion. Découvrons lesquels.
Partager en binôme
La première chose qui vient en tête lorsqu’on parle de pêche en binôme, c’est bien la notion de partage. Derrière ce terme un peu générique, se cachent des faits qui varient en fonction des binômes. En effet, chacun a un fonctionnement différent. Certains appréhendent leur pêche à deux intégralement, des amorçages jusqu’à la dépose conjointe des cannes. Dans de nombreux duos, les poissons sont également partagés, chacun son tour. Et parfois même, les photos sont également partagées, peu importe lequel des deux pêcheurs a sorti le poisson. Le partage est intégral.
Dans d’autres binômes, si les postes sont nécessairement choisis de concert, la réflexion autour de la pêche s’arrête là. Chacun y va de son approche sans forcément qu’une compétition s’installe entre les deux pêcheurs, même si c’est parfois le cas. C’est une façon de confronter ses techniques et, pour ceux qui savent prendre suffisamment de recul, une bonne méthode aussi pour avancer dans sa capacité d’adaptation en fonction des conditions.
La pêche en binôme, si on exclut le côté purement halieutique, c’est aussi souvent la convivialité. Il faut reconnaître qu’il est toujours plaisant de partager un verre, une bonne bouteille de vin (avec modération bien entendu) et un bon repas au bord de l’eau. C’est souvent le lieu de conversations interminables qui commencent une fois les cannes posées et ne finissent qu’au moment où chacun rejoint son bedchair respectif. Cette convivialité est, de fait, impossible quand on pratique seul. Un réel avantage de pêcher à deux (ou plus) !
Faire face aux difficultés
La pêche en binôme, en plus de permettre de partager des beaux moments, comme la prise de beaux poissons par exemple, est également très utile quand la situation se complique. Qu’ils s’agissent de conditions de pêche difficiles, ou une météo qui se dégrade en grand lac ou en rivière par exemple, pouvoir compter sur un autre pêcheur n’a pas de prix.
En effet, quand la pêche n’est pas simple, que les touches sont absentes ou presque, pouvoir échanger, chercher des solutions à deux, ou tout simplement se remonter le moral mutuellement est très important. Cela évite aussi de tergiverser dans des hypothèses plus ou moins farfelues auxquelles on a tous été confrontés dans ce genre de cas.
Et, pour reprendre l’exemple de la météo qui se gâte, quand on se retrouve face à des grosses vagues en bateau, qu’il est parfois impossible de reposer une canne seul proprement, on est bien content de pouvoir compter sur l’autre qui nous assure et nous rassure. Car on en parle finalement peu dans la presse spécialisée mais notre passion peut vite devenir dangereuse, tout particulièrement quand on utilise des embarcations, que ce soit ceux qui pêchent en bateau cabine par exemple ou simplement en zodiac lors de dépose des cannes. La sécurité doit toujours être évaluée et il n’est parfois pas de trop d’être deux pour éviter des déconvenues.
Quelques limites à la pêche en binôme auxquelles on ne pense pas toujours.
Suite à quelques situations vécues et à de multiples discussions à ce sujet avec des proches, on trouve toutefois quelques limites au fait de pêcher à plusieurs.
Tout d’abord, hormis si c’est toujours la même personne qui décide de tout, il faut souvent s’accorder sur des compromis, dans les choix de postes par exemple. Par expérience, autant éviter le “moins pire” et plutôt se dire que ce coup-ci c’est un des deux qui décide et la prochaine fois ce sera l’autre. Si on n’est pas toujours au maximum de notre motivation sur un poste qui ne nous parle pas, le partage reprend ici tout son sens puisque votre binôme pourra vous exposer sa vision de la pêche sur ce lieu et, peut-être, vous motiver. A l’inverse, quand on choisit le “moins pire”, on a tendance à ni l’un ni l’autre s’investir pleinement et les résultats s’en ressentent bien souvent.
De façon globale, quand on est deux, il est primordial d’être sur la même longueur d’onde au niveau du partage. Que ce soit sur le choix des postes comme évoqué ci-dessus mais aussi sur le fait de faire tourner ou non les départs, de partager aussi les séances photos… Sans ce même alignement, le risque de frustration peut être présent et engendrer des frictions dans le binôme. Autant être en phase à l’avance !
Quand on est deux, on est souvent davantage chargés, parce que la convivialité que nous évoquions a un certain encombrement. Si certains carpistes qui pratiquent seuls emportent un maximum de matériel, la plupart vont à l’essentiel, en fonction du confort qu’ils acceptent. A deux, c’est différent. Et, de fait, quand on veut se déplacer de poste ou aller sur une autre eau, tout est plus long, plus lourd. Ceux qui sont extrêmement mobiles comprendront aisément de quoi je parle.
Pêcher en solitaire
Quand on choisit de pêcher seul, on aborde la pêche d’une façon différente. Libre à nous de choisir le poste, la stratégie, les appâts… Et quand on réussit, la satisfaction est aussi très personnelle. On retrouve vraiment une forme de liberté qu’on a tendance, pour beaucoup d’entre nous, à perdre. Que ce soit par notre vie professionnelle, familiale, les contraintes sont globalement plus nombreuses que nos libertés.
Pêcher seul, c’est donc s’affranchir temporairement de toutes ces contraintes. De pouvoir faire les choix que l’on souhaite au moment où on le souhaite. Pour ceux comme moi qui ont la bougeotte, en étant seul, on est beaucoup plus rapide pour changer de poste, se déplacer et refaire sa pêche ailleurs. En effet, tout est optimisé pour gagner du temps car on est pleinement dans notre pêche.
Lorsqu’on passe du temps en solitaire au bord de l’eau, c’est aussi le moment, outre les réflexions purement halieutiques, de prendre du temps pour soi-même, prendre du recul sur un certain nombre de choses. C’est aussi l’occasion de réfléchir à certains tracas du quotidien qu’on souhaiterait voir disparaître, ou à l’inverse à des projets qui nous motivent… C’est typiquement le genre de réflexion qu’on ne peut avoir que quand on est seul, apaisé par un environnement calme autour de nous. Et justement, en vivant de façon solitaire, un peu à la manière d’un ermite le temps d’une session, on a la sensation de ne faire plus qu’un avec la nature. Et d’être vraiment une des composantes de ce qui nous entoure.
Pêcher en solo nécessite un vrai mental !
A l’inverse, quand on pêche en solo, on a tendance à se borner à ce qu’on sait faire en termes de pêche. Quand tout va bien, tant mieux, c’est parfait et on profite un maximum de la situation. Mais dès que cela devient plus complexe, pêcher seul nécessite un bon mental au risque de tout plaquer et rentrer chez soi. Nous l’avons surement tous vécu, une session qui ne vire pas comme on l’aurait souhaité et où, sans solution, on finit par baisser les bras.
Il faut bien être conscient que, quand on pratique en solitaire, il faut être en mesure d’avoir le déclic et de se dire “OK, là ça ne va pas. Je me pose et étudie toutes les options et possibilités qui s’offrent à moi”. Dit comme ça cela paraît plutôt simple mais, et cela dépend toujours des tempéraments de chacun, mais c’est beaucoup plus complexe que ce qu’on pourrait croire pour se motiver à sortir de sa zone de confort.
Pêcher seul, c’est aussi d’avoir la gymnastique mentale face à une pêche difficile ou, après plusieurs jours capots, de se demander ce qu’on pourrait faire qui sort complètement de nos habitudes pour déclencher des touches. On peut également essayer de se mettre à la place d’un ami qui pêche différemment et de se demander ce que lui aurait fait pour tenter de s’en sortir. L’important est d’être conscient de tous ces aspects pour, une fois face au fait accompli, tenter de s’en rappeler et de prendre les bonnes décisions.
L’adage “seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin” semble également s’appliquer à la pratique de notre passion. En effet, en pêchant seul, on est libre de ses propres choix. De pouvoir changer de poste à sa guise. Changer de stratégie, de lac, sans risquer de contrarier qui que ce soit. Tout va plus vite. On a la sensation d’être parfois davantage plongé dans sa pêche. Cette passion qui devient aussi une forme d’exutoire, une solution pour prendre le temps de se poser les bonnes questions sur notre vie, notre travail… C’est un peu une façon de se renfermer sur soi-même mais, en fonction des tempéraments, ce genre de moments est important et nécessaire. Il serait donc dommage de s’en passer.
Lorsqu’on pêche à deux, on partage les moments de vie, qu’ils soient bons ou mauvais d’ailleurs. Des moments de pêche aussi ! La prise d’un gros poisson par exemple n’a pas la même saveur lorsqu’elle est partagée ! Mais, pêcher en binôme, c’est avoir un soutien. Quelqu’un sur qui se reposer face aux difficultés (de pêche ou de l’environnement au sens large) ou qui saura, tout simplement, élargir notre champ de vision par une autre approche quand la pêche devient difficile. Comme une façon d’aller plus loin…
Septembre 2016, me voici parti pour 16 nuits sur un lac du sud de la France. D’abord 5 avec Nico puis 4 tout seul et le reste avec Laurent. Si la pêche avait bien commencé, mes dernières nuits avec Nico puis les 4 en solo seront stériles. De quoi sérieusement douter et me remettre en question. A son arrivée, Laurent me remotive et, par des choix que je n’aurais peut-être jamais fait, mettra 2h à faire son poisson. De quoi nous rebooster et se relancer pour la dernière partie de ma session !