Pêchez les carnassiers entre 2 eaux peut rapporter gros !

Poisson décollé, poisson suspendu, nos carnassiers ne passent pas leur existence les nageoires à ras du fond, loin s’en faut. Identifier un carnassier à cinq mètres sur une profondeur de 20 mètres ou plus, peut-être déconcertant à bien des égards, mais souvent payant.

Les chasses de surface trahissent l’activité des carnassiers et nous avons tous pû le constater notamment l’été quand les jeunes cyprinidés s’aventurent au-delà des bordures. Ceci est la partie visible de l’iceberg qui cache en somme une activité beaucoup plus soutenue sous la surface de l’eau à différentes profondeurs. On peut aussi bien trouver un carnassier suspendu proche d’une structure verticale, un pont par exemple, ou dans des arbres immergé, c’est souvent le cas dans les lacs artificiels dont les travaux initiaux ont laissé ces vestiges anciens, mais aussi et fréquemment sous un banc de poissons fourrage. Une quête il y quelques années complètement à l’aveugle, sauf bien sûr pour les chasses de surface, qui semblait complètement inappropriée ou du moins, très aléatoire. Un appareil est venu donner un sacré coup de main à cette recherche passionnante de poissons suspendus : le sondeur ! Certains guides se sont fait les spécialistes de cette technique moderne de recherche de carnassiers suspendus, je me dois de citer Arnaud Fileppi qui traque les grands brochets du Léman, il fut un précurseur de cette recherche captivante et passionnée. Il est l’un des premiers, pour ne pas dire le premier, qui a su utiliser ses connaissances du Léman, associées à la technologie d’un sondeur pour trouver les grands brochets.

Pêche des carnassiers en pélagique
Beau brochet suivant des alevins en surface dans 12 mètres !

Changer de méthode et affiner sa technique

Reconnaissons ici que pour 95 % de pêcheurs, la progression de notre leurre se fait proche du fond que l’on soit à huit mètres ou à quinze, on laisse couler ! Cette approche est communément admise, elle répond à des habitudes qui font leurs preuves. Mais si on pousse plus loin l’analyse de notre prospection, on constate d’une part que nos leurres sont interceptés en intermédiaire de l’évolution de notre shad, ce qui déjà donne une indication : Il n’évolue plus sur le fond, et d’autre part, une attaque assez proche du bateau devrait aussi nous donner des éléments sur le positionnement des carnassiers. Prenez également en compte les attaques quand le leurre est en descente, ce qui arrive assez fréquemment car cela est une autre indication de l’évolution des carnassiers dans la couche d’eau. Bien sûr, la reconnaissance d’une boule d’alevins au sondeur et quelques traces en dessous significatives de la présence de carnassiers, va conditionner notre approche technique. Au drop vif, il est possible de descendre notre appât dans l’environnement immédiat du carnassier, au leurre souple pour être sûr que l’on pêche dans la bonne couche d’eau et à hauteur du carnassier potentiellement réactif, une tresse de différentes couleurs tous les mètres peut nous aider dans cette démarche et pêcher juste. Il est intéressant pour affiner notre prospection de ne pas surcharger en plombage le leurre afin de lui donner une descente plus planante ce qui reste très efficace et nous donne une donnée capitale de la position du carnassier, c’est mieux qu’un leurre lourdement plombé qui atteindra certes, le fond rapidement, mais risque peu d’être intercepté à la descente.

Il est utile d’animer son leurre dans différentes couches d’eau afin de connaître à quelle hauteur les carnassiers évoluent.

Pêcher à « vue »

Il est aujourd’hui possible d’identifier un poisson en suspension ou décollé du fond grâce au sondeur, cela peut-être une quête et un choix de prospection qui nécessite de se déplacer en permanence à vitesse réduite pour pêcher, disons à vue, quand on a identifié un carnassier stationnaire. On peut aussi pêcher « l’eau » et tenter sa chance dans différentes couches dans l’espoir de rencontrer un poisson en maraude, mais on peut aussi, et cette approche semble moins aléatoire, prospecter des zones donnant plus de gages de réussite que la recherche systématique de poissons erratiques, posés au milieu de nul part dont la recherche devient assez fastidieuse au bout de quelques heures. Nous avons souvent besoin de repères, cela nous donne de l’assurance et augmente notre concentration. Pêcher en vertical en drop shop dans des bois immergés, même si aucun poisson n’a été identifié, nous rassure car nous sommes certains que des carnassiers sont certainement planqués dans cette structure. Lancer un leurre à l’aplomb d’un pic rocheux donnant sur un éboulis, nous amène à penser qu’un beau sandre est forcément en suspension dans l’attente d’une opportunité alimentaire. Identifier une boule stationnaire de poissons fourrage dans dix mètres d’eau peut aussi nous renseigner utilement, à coup sûr, des carnassiers sont dans les parages.

Identifier les zones propices

Les bois immergés, ancien vestige de bordure d’un l’étang que les bulldozers ont préservé lors du terrassement du lac réservoir, sont facilement détectables au sondeur ou identifiables lors un étiage prononcé. Les poissons dans ces structures sont toujours nombreux… Et convoités ! S’ils peuvent êtres sur le fond, ils sont aussi souvent suspendus mais pas forcément identifiables dans un amas de branches. La pêche verticale au drop reste une technique maîtresse pour les débusquer aussi bien au drop vif qu’armé d’un souple sur plomb sabot. On peut aussi utiliser un montage texan et venir frôler les pointes des arbres immergés, cela nécessite bien sûr d’être très tactile pour éviter l’accrochage toujours possible dans cette situation. Une pêche technique qui demande du sang froid et la capacité de réaction pour extraire rapidement la prise qui ne manquera pas de chercher à se plonger de nouveau dans les arbres, et quand c’est un beau poisson, assurément c’est du sport ! Le mort manié est aussi une arme redoutable, mais il n’est pas question de faire des lancers de champion car l’accroche sera inévitable. Quelques mètres du bateau, juste assez pour toucher les branches sans y laisser la monture, beaucoup de souplesse et une maîtrise de sa progression permettant de différencier le frôlement d’un bois à celui d’une véritable touche, la bannière restera tendue et le grammage de la monture léger pour une évolution pas trop profonde. Toucher un poisson suspendu dans ces conditions, nécessite une bonne maîtrise de la technique que l’on soit avec un montage texan ou au mort manié.

Les bois sont un lieu privilégié, on y trouve de nombreux carnassiers en suspension.

Un banc isolé

Rechercher un carnassier suspendu est probablement plus facile quand on identifie un banc d’alevins que l’on peut trouver assez éloigné du bord dans des profondeurs importantes mais évoluant quelques mètres sous la surface. Les poissons nageurs du type lipless ou swimbait sont efficaces dans ce cas, mais il est probable que les carnassiers se tiennent plus en profondeur et un shad fera le job, il faudra juste varier la vitesse de récupération et faire évoluer son leurre à des profondeurs différentes, mais assurément si le garde-manger est là, les carnassiers ne sont pas loin. Les attaques seront d’ailleurs franches et en pleine eau il s’agit souvent de beaux poissons. Une pêche assurément de prospection car il faut trouver des boules d’alevins, c’est quelquefois fastidieux aussi de progresser les yeux rivés sur le sondeur à la recherche du graal ! Mais qu’importe en somme si les résultats sont là, c’est toujours mieux que de pêcher l’eau et de lancer un leurre dans le but de rencontrer un carnassier actif.

Identifiez les boules d’alevins, les brochets ne sont pas loin !

Près d’une structure

Les structures verticales que l’on trouve assez fréquemment dans les lacs réservoirs, comme Vouglans dans le Jura par exemple, ou la pile d’un pont, une falaise, sont pour des raisons à ma connaissance inconnues, des repères à carnassiers. La méthode la plus opérationnelle consiste à longer la falaise et prospecter par pallier avec des arrêts intermédiaires. Un shad légèrement plombé juste ce qu’il faut pour qu’il soit planant mais gardant ses propriétés évolutives en le ramenant, fait très bien l’affaire. Faire évoluer son leurre en « dents de scie » semble une réponse opérante pour convaincre le carnassier suspendu le long de la structure. Un conseil néanmoins : leurre, poisson mort descendant en feuille morte sont toujours convaincants !

Pêcher entre deux eaux est une alternative intéressante qui donne des résultats quand les techniques traditionnelles ne sont pas vraiment opérantes. Certes, pêcher ainsi sur une étendue qui fait plus de vingt mètres de profondeur est assez déconcertant, mais un haut fond même s’il est encore à huit ou dix mètres sous la surface est un spot à ne pas manquer. L’idéal est bien sûr de connaître un peu la configuration du lac sous peine de pêcher inlassablement l’eau sans réussite. Arnaud Fileppi, pour le citer de nouveau, qui est passé maître dans la recherche de big fishs suspendus, ne pêche évidemment pas à l’aveugle : il connait son terrain de jeu et où évoluent les grands brochets. Alors sans vous lancer dans une recherche peu convaincante de poissons suspendus, prenez en référence les structures que vous connaissez et la recherche de bancs d’alevins, cela sera assurément payant.

 

 

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