Préamorçage sur petites surfaces : arme fatale pour pêcher la carpe

Préamorcer d’accord, mais où, quand et comment. Cette technique explosive, demandant un peu d’investissement, est d’une efficacité redoutable si elle est bien maîtrisée. Le préamorçage est une technique connue et efficace. Mais je trouve qu’elle révèle vraiment son efficacité lorsqu’on l’applique sur des petites pièces d’eau. Il ne faut pas croire qu’amorcer quelques poignées de bouillettes avant d’aller pêcher suffit à faire un carton. Dans un préamorçage tout est important, le choix des appâts, les quantités, l’endroit où l’on amorce, le moment que l’on choisit, etc. La méthode que nous utilisons nous est propre et je ne prétends pas que ce soit la meilleure, loin de là. Mais elle a déjà fait ses preuves à de nombreuses reprises et c’est pour cela que, dans cet article, nous allons vous exposer étape par étape comment nous procédons lorsque nous mettons en place cette technique.

Stratégie amorçage carpe
20 millimètres est un diamètre passe partout pour les préamorçages. Un bon compromis entre petite taille et distance atteinte au cobra.

L’intérêt de préamorcer

Pour que les choses soient claires, je pense qu’il est utile de définir ce que nous entendons par « petites surfaces », par « préamorçage » et, bien sûr, l’intérêt de mettre en place cette technique. Dans cet article nous ne parlerons que des pièces d’eau ne dépassant pas les 20 voire 30 hectares. Le préamorçage est très efficace sur ce type d’endroit, car les poissons sont concentrés et il y a fort à parier qu’il y ait des carpes sur la zone que l’on a choisie. Autant dire que les poissons sont impactés dès le début de l’amorçage. Attention, nous parlons ici de préamorçage et non pas d’ALT (Amorçage Long Terme). Il s’agit d’amorcer juste quelques jours avant d’aller pêcher, une semaine maximum. S’il est bien maîtrisé, un amorçage de quatre jours avant la partie de pêche suffit pour conditionner les poissons et donc pour avoir des résultats probants. Mon frère et moi voyons de multiples intérêts en cette technique. Premièrement, cette approche a le mérite de ne pas être aussi contraignante qu’un ALT pour des résultats parfois quasi similaires. Nous amorçons des petits lacs situés à une heure et demie maximum de notre domicile. Venir amorcer deux fois par semaine pendant des mois est compliqué. Nous préférons amorcer trois ou quatre soirs de suite et aller pêcher dans la foulée nous libérant ainsi du temps pour d’autres projets. L’intérêt majeur de cette technique est qu’elle permet d’obtenir un maximum de résultats en un minimum de temps. Aller amorcer est un peu chronophage, mais c’est complètement compatible avec une vie professionnelle. Cette technique permet de recréer les conditions d’une semaine de session en ne pêchant que deux jours. C’est vraiment efficace. Le but est de fixer rapidement le plus de carpes possible sur un type d’appât, de les mettre en confiance de façon à ce qu’elles s’alimentent sans crainte.

L’intérêt majeur de cette technique est qu’elle permet d’obtenir un maximum de résultats en un minimum de temps.

Dernier préamorçage de l’année…. la vague de froid aura calmé les ardeurs des plus gros poissons.

La stratégie de pêche

Dans cette partie, je vais décrire précisément comment mon frère et moi procédons lorsque nous mettons cette technique en marche. Tout commence vers janvier/février, quand les cannes sont au garage. Nous discutons, choisissons les plans d’eau que l’on va pêcher dans l’année, nous nous fixons des objectifs, ainsi de suite. C’est d’ailleurs un moment très agréable que nous aimons partager chaque année. C’est là que nous définissons le ou les endroits que nous allons préamorcer au cours de notre saison. Pour la petite histoire, à l’heure où j’écris ces lignes, les choix sont faits pour cette année. Nous avons choisi un lac situé à une heure de chez nous. Ensuite, nous observons la taille et la forme du plan d’eau sur google maps ce qui nous aidera à choisir le poste. Puis nous nous rendons sur place. Nous faisons le tour du lac, à pied, observons la végétation aquatique, les différents postes existants, les éventuels obstacles et haut fond visibles facilement. Tout ce travail préalable a pour but de choisir le meilleur poste du lac pour mettre en place le préamorçage. Le plan d’eau étant petit, il n’y a pas des centaines de possibilités, mais le choix du poste reste déterminant. En général, nous essayons de choisir le poste qui nous donne un maximum d’ouverture, une pointe au milieu du plan d’eau par exemple. L’important est de choisir un poste qui est une zone d’alimentation. Tout ceci représente la première partie du travail préalable au préamorçage.

Si l’opération a été rondement menée, on doit obtenir le premier départ dans les trois premières heures de pêche, cinq maximum.

Les cobras en carbone sont très légers et permettent de préamorcer sans se fatiguer.

Une mini session pour tester

Dans cette approche, un des paramètres les plus compliqués à gérer est la quantité de bouillettes à mettre à l’eau. Si l’on amorce trop, les poissons sont gavés, ne mangent plus et se désintéressent même des bouillettes. C’est l’échec assuré. À l’inverse, si l’on amorce trop peu, les billes disparaissent rapidement et n’impactent pas une partie suffisante du cheptel, c’est également loupé. Dans cette optique, il est important de connaître autant que possible le cheptel du lieu que l’on a choisi. Pour cela, nous faisons une première session de 24 ou 48 heures. Le but de cette session n’est pas d’attraper du poisson à proprement parler, mais plutôt de voire la taille moyenne des poissons, d’estimer leur quantité ainsi que de déterminer les meilleurs techniques et endroits pour les capturer. Nous plaçons nos huit montages de manière à explorer le plus possible. Nous déterminons ainsi les bonnes profondeurs de pêche, les appâts les plus efficaces, la méfiance des poissons, etc. et bien sûr la composition du cheptel. D’un plan d’eau à l’autre, les quantités d’amorce peuvent varier énormément. À titre indicatif, pour un préamorçage de quatre jours, et pour un cheptel moyen, mon frère et moi amorçons environ 6 kg le premier jour, 4 kg les deux jours suivants et 2 kg le dernier jour. Un cheptel moyen est composé d’environ 5-10 individus à l’hectare avec une distribution des poids pyramidale. Il est impossible d’annoncer des quantités d’amorçage qui correspondent à tous les lieux de pêche, car chaque endroit est différent. D’autres paramètres sont également à prendre en compte comme la saison par exemple : les quantités ne seront pas les mêmes si l’on est en hiver ou en été.

Et ça peut rapporter gros !

Pour ceux qui décident de mener cette opération en solo, pensez bien à installer épuisette, tapis de réception, sac de pesée et de conservation avant de jeter la première canne. Il nous est fréquemment arrivé que la première canne déroule avant même que la quatrième ne soit en place. D’ailleurs quand ça part comme ça, c’est plutôt très bon signe.

Le préamorçage

Fort des informations glanées au cours de notre petite session préalable, nous attaquons le préamorçage. Nous optons généralement pour des bouillettes de petit diamètre et ceci pour une raison simple. Pour le même poids, il y a plus de bouillettes dans l’eau. Le premier amorçage est celui où nous mettons le plus de billes. Munis d’un cobra ou d’un bateau chacun, nous amorçons sur une grande zone, dépassant largement la zone de pêche que l’on a choisie. Nous essayons de disperser les bouillettes de manière la plus homogène possible. Au fil des jours nous resserrons l’amorçage sur la zone que nous exploiterons. L’idée est de toucher un maximum de poissons au premier amorçage et de les rapprocher du poste petit à petit, tout en les mettant en confiance. Pour un maximum de discrétion, nous essayons d’amorcer de nuit, mais ceci demande un peu de pratique. Il est bien de prendre des repères sur la berge d’en face pendant la session préalable. L’amorçage doit être précis, c’est primordial.

Le préamorçage étant terminé, il y a plus qu’à récolter le fruit de ses efforts. Nous pêchons deux voire trois jours… cela suffit, en général. Passé ce délai, l’activité retombe et les touches diminuent nettement. Soyons clairs, si l’opération a été rondement menée, on doit obtenir le premier départ dans les trois premières heures de pêche, cinq maximum. Attention à ne pas louper les premières touches, car les gros poissons tombent en premier. Mon frère et moi avons remarqué que nous prenons la plus grosse carpe de la session au premier, deuxième ou troisième run. En général, c’est au deuxième d’ailleurs, j’avoue ne pas savoir pourquoi. En tout cas, s’il n’y a pas de départ après la première nuit c’est que l’amorçage n’a pas été efficace. La dernière « opération » que nous avons menée a été un échec partiel. Une énorme vague de froid est arrivée le dernier jour de l’amorçage modifiant considérablement l’activité du lieu. Nous avons pris beaucoup de poissons, mais les plus grosses n’étaient pas au rendez-vous. C’est le jeu….

Tous à vos cobras!

Il est important de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Pensez, pendant le préamorçage, à mettre quelques billes en bordure. Une canne placée dessus pourra toujours rapporter un départ supplémentaire et permettra peut-être d’attraper un poisson qui n’aurait pas mordu sur l’amorçage de zone.

Conclusion

Le préamorçage est LA technique par excellence pour les petites surfaces. Mais comme à chaque fois dans notre discipline, rien n’est joué d’avance. La connaissance de l’endroit que l’on veut pêcher est essentielle, ce qui rend cette stratégie intéressante et motivante. Et que dire des résultats ? Si toutes les conditions sont réunies et que l’approche est bonne, il est possible de faire un carton mémorable. Alors à vos cobras !

Ajustez correctement les quantités ! Rien ne sert de trop amorcer !
Pas besoin de préamorçage pour ce genre de cochon !
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