Truite en étiage : Techniques et Astuces d’Experts

L’été est la période la plus incertaine dans les pêches à la truite. Souvent, le manque d’eau et la chaleur mettent les poissons en inconfort et pour réussir nos pêches, nous tablons sur la connaissance du milieu pêché et le comportement connu de ces truites. Regardons comment adapter nos techniques à cette saison !

Que nous pêchions aux leurres, aux appâts naturels – toc – ou à la mouche, nous devons penser systématiquement à un seul paramètre commun à toutes ces techniques, la discrétion. C’est dans l’approche des postes mais aussi la présentation de nos leurres, appâts et mouches que se jouent nos sorties de pêche à la truite. Nous pêchons aussi bien en rivière qu’en lac de montagne avec les mêmes pattern, le but étant de nous faciliter la capture de quelques poissons.

Discrétion, notre définition

Nous appelons « discrétion », la capacité de contourner la méfiance de la truite dans des périodes difficiles. C’est un ensemble de paramètres : les conditions climatiques, le milieu, les compétences techniques et physiques du pêcheur. Nos déplacements au bord ou dans le cours d’eau doivent être le plus silencieux comme nos lancers, qui en plus, doivent être effectués avec une distance raisonnable sans couvrir avec la canne ou le fil des poissons au risque de les voir fuir… Même en eau courante, le manque d’eau amplifie les bruits de nos déplacements et lancers alors imaginons la bordure d’un lac de montagne.

Pêche de la truite en période d'étiage.
Splendide milieu naturel pour les pêches d’été.

Les pêches aux leurres

Certainement les plus pratiques en termes de discrétion si nous regardons les distances de lancer. Elles nous permettent de pêcher à plusieurs dizaines de mètres sans avoir de mouvements trop visibles, le seul souci étant la discrétion au posé du leurre. Nous déposons un leurre, nous ne le jetons pas… Par comparaison, la pêche en rivière permet de prendre des appuis ou de pratiquer des posés sur les pierres, les bois et autres éléments structuraux pour faire entrer sans trop de bruit notre leurre dans l’eau. En lac de montagne, les poissons sont en bordure généralement, il nous suffit alors de lancer plein milieu du lac pour éloigner le « bruit » pour ensuite ramener en toute discrétion vers la bordure. Quoi que nous en pensions, l’important est de toujours attaquer les poissons à distance pour ne pas les effrayer.

Dans le matériel, la canne est vraiment un élément capital car c’est elle qui propulse nos leurres sans effort et sans bruit. Nous adaptons alors la puissance (inscrite sur le blank) selon les leurres du jour utilisés. Nous pouvons trouver une puissance très polyvalente pour l’étiage comme une 1/7g ou 2/10g voire une 3/12g si nous pêchons avec de fins nylons – de 0.12 à 0.16mm – ou des tresse fines – 0.03 à 0.08mm maximum.

Les pêches aux leurres les plus discrètes sont celles aux poissons nageurs, les plus bruyantes dans les posés sont bien celles des cuillers et des leurres souples, en dehors du pitching mais bon, faire un « pitching » avec un leurre souple de 2g à 20m, nous demandons à voir. Pour atténuer le bruit, nous armons nos leurres souples avec des têtes plombées – TP – plus légères que d’habitude.

Les meilleurs lancers pour supprimer les bruits restent ceux qui rentrent dans l’eau perpendiculairement à la surface de l’eau, comme un plongeur de natation ou les lancers qui utilisent les obstacles autour des postes de pêche tels que les blocs, plages de sable sur lesquels nous déposons le leurre puis avec une tirée minime imprimée sur le leurre, nous l’insérons discrètement dans l’eau.

Le choix des leurres durs ou souples se base sur l’ensemble de cette réflexion.

Nous pêchons à la cuiller ondulante ou tournante en taille n°00, 0 voire 1 en petite rivière, n° 1, 2 et 3 en grande rivière, tous ces numéros en lac de montagne selon la profondeur et les distances à atteindre.

Pour les poissons nageurs, de 3 à 10 cm est un panel polyvalent avec les familles suivantes pour pêcher les différentes couches d’eau où pourraient se tenir les truites : top water, cranckbait, jerkbait, sinking et heavy weight.

Pour les leurres souples, de 2 à 4 pouces avec des TP adaptées pour les rivières ou les lacs de montagne sont l’essentiel.

Les couleurs de nos leurres souples et durs sont vraiment à adapter le jour même de notre journée de pêche car la couleur d’eau, la couleur du fond, la profondeur, la luminosité et les poissons de fourrages présents déterminent notre choix. Avec peu d’eau et une grande lumière, les coloris ghost et peu éclairants sont à privilégier alors que si nous pêchons en grande profondeur comme en lac de montagne avec peu de lumière, nous choisissons des coloris flashies et éclairants.

Omble prise aux leurres en lac de montagne

Les appâts naturels – toc / anglaise / bombette

Compliqué d’en trouver l’été mis à part les vers de terre et teignes. Suivant la région dans laquelle nous pratiquons les rivières basses et chaudes ne peuvent pas vraiment offrir des insectes aquatiques mais ce n’est pas impossible. Les trichoptères ou porte-bois/pierre, sont encore d’actualité, les heptagénia ou pataches sont aussi représentées bien que plus petites mais les pêcheurs oublient assez souvent qu’il y a les sauterelles, les fourmis et les mouches naturelles. Ce sont bien ces dernières qui auront la faveur des poissons car ce sont les appâts de saison. Le « hic » est que ce sont des appâts légers et pour les utiliser correctement en dérive naturelle, nous sommes contraints de modifier deux ou trois paramètres de la technique comme la canne, le corps de ligne et bien entendu la plombée.

La canne ne peut être qu’une canne à appâts naturels avec une glisse exceptionnelle (nombre d’anneaux minimum 13 sur 3,6m, plus il y en a mieux c’est !), de longueur de 3,6 à 4,2m selon le milieu, d’action très progressive pour utiliser de fins corps de ligne et limiter la casse sur les bas de ligne encore plus fins. Le but est de pouvoir lancer entre 5 à 15m sans effort et sans détériorer nos appâts fragiles.

Le corps de ligne est en règle générale sur les étiages un bon 0.12mm fluorescent, résiné ou siliconé pour aider la glisse. Nous n’avons jamais observé de méfiance liée à la couleur du fil, seulement une méfiance au fait de « couvrir » le champ visuel du poisson avec le fil, incolore ou non, c’est bien l’ombre portée par le fil qui fait fuir le poisson.

Pour finir en rivière, le niveau d’eau plus faible, les distances de lancer et le côté « aérien » de ces appâts naturels nous demandent alors de créer une plombée qui entretient la fluidité de la dérive. Nous commençons toujours avec 3 plombs de même diamètre et espacés à l’identique, soit par exemple 3 plombs de 7 et nous rajoutons 1 ou 2 plombs selon la profondeur des postes et la vitesse de courant. Si nous forçons au lancer pour atteindre les distances désirées, c’est que notre montage est trop léger pour entrainer le corps de ligne et n’est donc pas bon.

Pour les lacs de montagne, la pêche aux naturels peut se pratiquer de plusieurs façons, l’anglaise et la bombette étant les deux techniques « reine ». Si nous les comparons, la bombette demeure la technique la plus adaptative pour trouver la couche d’eau dans laquelle évolue les poissons. Il nous suffit de choisir les N° d’affondenti, de 1 à 8, qui donnent la capacité d’immersion des bombettes. Dès lors, nous pouvons lancer très loin mais surtout pêcher de la surface au fond avec un appât vivant. Pour se donner toutes les chances en termes de discrétion et de lancers lointains, le diamètre du corps de ligne doit rester en nylon assez fin entre 0.14mm et 0.20mm maximum selon le poids des bombettes utilisées et les poissons recherchés.

Ici, les appâts « Roi » sont les sauterelles, les mouches naturelles, les petits terreaux, les trichoptères et les petits vairons.

Splendide truite sauvage.

Les pêches à la mouche

S’il existe une technique adaptative, c’est bien la pêche à la mouche. Que nous ayons un milieu bas, étroit ou large, des poissons qui se nourrissent sous l’eau ou sur l’eau, les différentes techniques permettent en très peu de temps, quelques minutes tout au plus de pouvoir réaliser une pêche qui répond aux exigences du milieu et des poissons. Pour réussir, la maitrise technique des pêches en nymphe, en noyée, en sèche, au streamer et la connaissance des poissons visés sont nécessaires.

Côté matériel si nous devons choisir un seul segment de canne, nous restons convaincus qu’une canne soie de 5 est la plus polyvalente pour pêcher en rivière comme en lac de montagne. Ce segment de puissance est celui qui permet d’offrir suffisamment de discrétion sur le poser d’une mouche comme de posséder assez de puissance pour lancer loin même avec un vent assez fort, de tenir un beau poisson sur fil fin. Attention, les marques de cannes ne se ressemblent pas toutes en termes de qualité, nous avons fait le choix de pêcher avec une Centric soir de 5 de chez Scott mais vous avez aussi de très bons outils chez d’autres marques telles que Sage, Orvis, G loomis…

La discrétion tient dans peu de choses si nous comparons la mouche aux techniques décrites plus haut, le niveau de technicité est bien l’élément limitant pour le pêcheur. Pour expliquer simplement la discrétion dépend de l’approche du poisson, de la gestuelle du pêcheur, de la longueur de son bas de ligne, du poser – tendu, détendu, courbe – en évitant de couvrir le poisson ciblé avec la soie et le bas de ligne. Plus le bas de ligne est long, plus la discrétion est importante mais plus c’est difficile de le maitriser pour des posers précis lorsque nous n’en avons pas l’habitude. Une bonne base est deux fois la longueur de la canne jusqu’à trois fois si nous avons la nécessité de l’allonger soit 5,8m minimum à 8,7m pour une 9 pieds.

Le diamètre de pointe du bas de ligne n’est pas si important tant que nous arrivons à nouer notre imitation et que les poissons ne refusent pas ce diamètre. Nous adaptons donc celui-ci à l’humeur des poissons et la base est un 0.12mm.

En été, les mouches qui sont intéressantes pour les truites et les ombres en rivière ou les truites et les ombles en lac de montagne sont de préférence sombres mais communes aux deux milieux comme les fourmis volantes, les chironomes, les sauterelles et les mouches. Le choix des tailles peut influencer notre réussite et avoir des tailles de l’hameçon de 22 à 12 permet de répondre à tous les cas de figure. L’exemple le plus flagrant est celui des fourmis qui, en montagne sont capables d’être de presque 2 cm de long alors qu’en plaine, elles peuvent être de 3 mm…

Les coloris de nos imitations sont assez simples, du noir, du rouge, du jaune, de l’orange, du blanc et bien entendu du vert clair et foncé et du gris.

Magnifique ombre sauvage prise en nymphe à vue.

Contre-pied

Le principe même de l’été est de faire le moins de bruit possible mais parfois et nous l’avons observé depuis toujours le bruit est aussi un moyen de « provoquer » un poisson dans les pêches aux leurres mais aussi aux appâts naturels. D ‘ailleurs qui n’a jamais vu une truite se saisir d’un insecte tombé à l’eau de façon lourde…

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