Il est aujourd’hui une nouvelle réalité dans le monde des appâts pour la pêche de la carpe, celle des bouillettes « Low-Cost », ou bouillettes pas chères, que vous pouvez retrouver auprès des principaux industriels mais aussi des structures artisanales. Mais alors, que sont-elles, que valent-elles en termes de qualité et comment est-il possible de vendre des appâts à ce prix après avoir vendu pendant longtemps des appâts à 10 euros le kilo voire davantage ?
Ces bouillettes « low-cost » sont donc toutes les gammes d’appâts que l’on peut trouver entre 2,5 euros et 5/6 euros environ sur le marché. Il convient à mon sens de dissocier les billes vendues par plusieurs grandes enseignes qui tournent autour de 2/3 euros le kilo mais qui n’apportent pas grand chose aux poissons de par leur composition. Nous traiterons donc au cours de cet article des appâts vendus par certaines firmes à des prix compris entre 4 et 6 euros le kilo.
Ces appâts sont le résultat d’une évolution de la pêche en France et surtout d’une évolution des besoins. En effet, de plus en plus de pêcheurs utilisent de grosses quantités d’appâts et ont été forcés, au vu des coûts des bouillettes depuis une dizaine d’année, de rouler eux-mêmes leurs propres appâts. Mais qui dit davantage de rouleurs, dit aussi moins de clients pour les entreprises de bouillettes. Aussi, afin de répondre à cette demande de plus en plus forte, on voit apparaître après 2010 de plus en plus d’appâts peu onéreux mais qui pourront ravir les amateurs de gros amorçages ou d’amorçages de postes en continu. Ces bouillettes, souvent qualifiées de gammes « éco » ou gammes d’amorçages ont su séduire de plus en plus de pêcheurs et font aujourd’hui des beaux jours de nombre d’entre eux.
Bouillettes de qualité pas chères ?
En termes de qualité, il n’est à mon sens pas vraiment justifié de parler de bouillettes bas de gamme. En effet, si on a voulu nous faire croire pendant nombres d’années que les bouillettes composées de dizaines d’ingrédients étaient les appâts « miracles », il est finalement assez facile de concevoir des appâts simples et qui prendront des carpes partout. Demandez-donc à tous ceux qui roulent chez eux à combien leur revient un kilo d’appât ! De fait, dans ces appâts, on retrouve généralement une base simple maïs/blé/soja, des œufs (entiers ou en poudre) et quelques ingrédients additionnels tels que des bird food, des mélanges d’épices, des farines de poissons présentes en quantité restreintes, un ou plusieurs arôme(s) et un colorant.
Ce sont certes des appâts plutôt simples mais qui permettent de pêcher à moindre coût.
N’attendez pas dans ces appâts à retrouver des composants de première qualité tels que le fameux Robin Red, ou alors des farines de poissons prédigérées, ces produits feraient exploser le coût de revient pour le fabricant et donc le prix public également.
Après 5 ans d’utilisation de bouillettes low cost
Pour ma part, cela va faire 5 ans que j’utilise ce genre de produits issus de la gamme Eco Line de l’entreprise Project Baits, vendue autour de 4 euros le kilo en gros conditionnement, et je ne saurais me plaindre. J’utilise principalement 2 appâts, une bille épicée/carnée et une bille crémeuse.
Pour la première, un mix de base, des œufs en poudre, de la farine de poisson à hauteur de 15%, un arôme Monster Crab, un mélange d’épices fait maison et un colorant rouge et c’est tout.
Pour la seconde, un mix de base, des œufs en poudre, du lait en poudre, des caséinates, un arôme, un colorant blanc et c’est tout.
Trop peu d’ingrédients me direz-vous ? Etant particulièrement adepte des gros amorçages à l’avance, j’ai pu constater à de nombreuses reprises les défécations de bouillettes sur mon tapis. Signe que les poissons avaient parfaitement assimilé ces produits et y étaient revenus au fil des jours. De la même façon, il m’est arrivé de poser de grosses quantités de billes « low-cost » sur de larges zones en barrage, et une fois revenu sur le poste 48h après, les nuits furent courtes !
Il n’y a donc que peu d’intérêt à mes yeux à utiliser des appâts plus coûteux au vu des résultats depuis plusieurs années que ce soit en plan d’eau, en rivière ou en grands lacs qui ont ma préférence. Dans certains cas, il m’arrive de bâcher mes appâts si les poissons blancs sont trop actifs puisque l’utilisation d’œufs en poudre altère légèrement la tenue de l’appât sur le cheveu mais on est quand même loin des bouillettes quasi solubles vendues par certaines grandes enseignes.
Alors oui, j’utilise et j’utiliserai pendant de nombreuses années ces appâts « low-cost » qui me permettent d’utiliser de grandes quantités d’appâts tout au long de l’année et surtout avec lesquelles j’ai pleinement confiance dans ma pêche !
Du côté des fabricants de bouillettes pas chères
Mais regardons maintenant de l’autre côté du miroir, comment les entreprises qui en distribuent peuvent s’en sortir financièrement en vendant des appâts à 4 euros le kilo environ ?
Pour pouvoir vendre des appâts à ces tarifs là, il faut un coût de revient proche de 2 euros afin de garantir une certaine marge, d’autant plus si l’entreprise vend également via des magasins ou des sites de e-commerce qui doivent également prendre leurs commissions sur les ventes. Il y a donc différentes solutions pour obtenir de tels prix de conception que les marques utilisent.
Tout d’abord, certaines utilisent des ingrédients de qualité médiocre voire faible. Certes, ce n’est pas cher mais à moyen terme, ils se rendent compte que les clients n’achètent plus ces produits, finissent par les retirer de leurs catalogues et dans certains cas, peuvent même altérer leur image de marque, ce qui est forcément préjudiciable pour l’entreprise. Vous pouvez donc faire confiance à une entreprise qui propose des bouillettes « low-cost » depuis plusieurs années, c’est généralement signe que la qualité est au rendez-vous.
Un autre moyen pour le fabricant est de miser sur le volume. Si le producteur ne récupère que quelques dizaines de centimes sur un kilo de billes, il est dans l’obligation d’en produire en grosses quantités pour pouvoir être rentable et payer ses charges, son personnel… Cela implique toutefois d’avoir un volume de production suffisant pour satisfaire les clients et éviter des ruptures de stock trop fréquentes. Pour reprendre l’exemple de Project Baits, plus de 50% des ventes sont faites avec la gamme Eco. Autant dire qu’à l’année, on parle en dizaines de tonnes !
Il est aussi intéressant de proposer des billes plus élaborées en complément de ces bouillettes d’entrée de gamme. Ainsi, le fabricant marge davantage sur les appâts plus élaborés mais se garantit un certain volume de ventes (et donc de chiffre d’affaire) grâce aux appâts low-cost dérivés.
Afin de garantir une marge nette, on remarque également que ces fabricants minimisent les publicités. Il est rare de retrouver ces marques proposant des appâts low-cost affichant ces produits dans des magazines ou sur des supports payants. Même dans le cas des grandes firmes qui proposent ce genre de produits, on constate que leur communication n’est que peu axée sur ces appâts mais plutôt sur d’autres gammes plus onéreuses et plus rentables pour eux.
Par ces différents exemples, et il en existe bien entendu d’autres, on constate donc qu’il n’est pas des plus complexe de produire des appâts à bas prix, c’est surtout une question de volonté et de politique mise en place par le fabricant face aux besoins de sa clientèle.
J’espère que vous aussi, à la suite de la lecture de ces quelques lignes, franchirez le cap pour passer sur des appâts low-cost et ainsi réaliser vos amorçages comme vous l’entendez sans vous ruiner ! En tous cas, pour ma part, ce n’est pas prêt de changer !