Ça me casse les koïs!

Dans mon petit chez moi, j’ai la chance de m’être construit un petit bassin pour abriter 3 carpes koïs qui sont choyées plus que tout à la maison : nourriture spécifique, filtre UV, oxygènateur, filtration spécifique et même chauffage pour passer l’hiver au chaud! Et encore, je ne suis qu’un petit amateur comparé aux passionnés que peuvent l’être certains. Je connais d’ailleurs de nombreux pêcheurs « connus » qui sont de véritables passionnés de bassins à koïs. Ce bassin me sert également de baromètre et je peux ainsi voir l’activité des poissons selon les changements climatiques, ce qui est toujours intéressant et je ne peux que vous encourager à en faire de même chez vous (attention, il faut partir sur 2m cube d’eau minimum, l’idéal étant 3m cube + 1m cube par poisson).

 

 

Les carpes koïs se sont retrouvées dans certains plans d’eaux et certaines rivières, certainement laissées par des propriétaires de koïs ne sachant pas quoi faire du frai. C’est ainsi qu’on a eu un record de France en Saône aux alentours de 12kg il y a une dizaine d’année, et c’est également certainement par ce moyen que Raphaël Biagini (lire ici) s’est retrouvé à faire la une de tous les médias du monde avec ce qui a été présenté comme le plus gros poisson rouge du monde (ils sont rigolos les médias non spécialisés!). Seulement, à force de voir quelques magnifiques poissons médiatisés, cela a donné l’envie à certains pêcheurs de faire partie de ce cercle très fermé d’avoir capturé une jolie carpe koï. Seulement, tout ceci fini par avoir un impact énorme, car les plans d’eaux privés, sentant cette demande grandissante, sont en train de peupler les plans d’eaux avec de magnifiques poissons… pour qu’un pêcheur vienne la prendre, fasse une photo et soit heureux de son cliché qui fera le tour des réseaux sociaux et peut être de quelques magazines.

Alors je le dis haut et fort, voir des pêcheurs s’afficher en photo avec des koïs, ça me les casses! Ce poisson si noble et adulé dans de nombreux pays, avec des passionnés prêt à débourser des dizaines de milliers d’euros pour voir nager ces spécimens en toute quiétude dans leur bassin, se retrouve à faire la tapin pour quelques pêcheurs en manque de reconnaissance! C’est quoi le but de la pêche? Se prendre en photo avec un poisson? L’essentiel de notre pêche réside dans le fait de se retrouver immerger en pleine nature, à chercher, traquer, débusquer des poissons, les combattre, pour les remettre à l’eau, le tout sans notion de poids, de taille, d’écailles ou de couleurs. Autant je peux tout de même comprendre l’envie de prendre de gros poissons, qui peut se justifier par les sensations et l’adrénaline du combat, mais chercher la beauté d’un poisson, c’est dénigrer le reste. Que l’on cherche un spécimen particulier, je dis pourquoi pas, mais à vouloir une koï à tous prix, on se retrouve à créer des bassines à koïs pour pêcheur en mal d’exotisme. Les premiers plans d’eau spécialisés ont vu le jour cet hiver, et beaucoup de plans d’eau privés ont commencé à empoissonner avec ces poissons pour attirer le chalant. Vraiment navrant et désolant, la demande créant l’offre, j’espère que ces quelques lignes sauront vous faire prendre conscience que ce noble poisson se retrouve à faire le tapin dans les bassines pour satisfaire quelques âmes en mal d’ego.

 

 

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