A force de pratiquer la pêche aux leurres et d’être confronté à de multiples situations, peu à peu la technique du pêcheur évolue. Les discussions animées entre passionnés permettent de trouver des solutions aux questions beaucoup plus rapidement, chacun évolue ainsi plus vite. La question qui revient très souvent est comment aborder les zones encombrées avec des leurres ?
Difficile d’y lancer un leurre sans avoir à l’esprit l’accrochage immédiat, au mieux pour se décrocher, il faudra faire un tel bazar que tous les poissons déserteront la zone, au pire le leurre restera au fond de l’eau et à ce rythme vous allez rapidement éviter de pêcher ces zones trop dangereuses et trop onéreuses. Pourtant les poissons y sont en nombre car tout l’écosystème y vit, que ce soit les invertébrés, les poissons blancs ou les carnassiers qui y trouvent à la fois postes de chasse et postes de repos.
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Braver la végétation aquatique
Les nénuphars, la jussie, les roseaux et les autres plantes aquatiques sont des zones qui abritent bon nombre de carnassiers et pourtant beaucoup de pêcheurs se refusent à les pêcher. C’est dommage de se priver de ce terrain de jeu, quand on sait pertinemment que les carnassiers y sont et ne manquent pas de vous le montrer par quelques chasses ponctuelles. En ces mois de septembre-octobre les herbiers grouillent de vie, tous les alevins de l’année s’y réunissent pour s’alimenter mais aussi pour s’y dissimuler des prédateurs. La vie des juvéniles est difficile. Les bancs de perches, les bass, les brochets, les aspes viennent se mettre à table soit en attendant l’opportunité soit en effectuant des raids rapides.
La prospection de ces zones s’effectue logiquement d’abord en périphérie du haut vers le bas, puis à l’intérieur. Il est plus efficace de solliciter d’abord le poisson en périphérie et à proximité de la surface avec un leurre, plutôt que de lui passer le fil dessus ce qui le fera fuir.
On attaque par la surface
En surface lorsqu’il y a du vent et que les feuilles des nénuphars dansent sur l’eau, j’aime bien provoquer les poissons avec les leurres métalliques de type Buzzbait. Lancer et récupération rapide font naître des sillons de bulles au milieu des nénuphars, ainsi que le son si caractéristique du Buzzbait, plus il couine et plus il claque, mieux ça fonctionne par grand vent. Le Buzzbait est un leurre anti accroche proche des 100 %, il faut penser à le freiner avant qu’il ne touche l’eau, afin de démarrer sa récupération dès le contact avec la surface. L’hameçon étant protégé par l’hélice et le bras supérieur, il ne peut rien lui arriver.
En continuant par la surface avec les leurres passe partout, nous allons retrouver les grenouilles et autres formes allongées, exemples : Basirisky 60 (Deps), Serpentino (Storm), Diver Frog (Larry Dahlberg)… Ici le leurre est soit protégé par une élytre plastique, soit par le corps du leurre qui est creux et va s’écraser sous la pression de la mâchoire du poisson. L’animation est simple pour la Basirisky, il s’agit d’un crawler, qui nage tout seul à la récupération, seules conditions ne pas trop tirer sur la ligne, laisser un léger ventre ainsi qu’avoir un peu d’eau libre. Le Serpentino aura l’avantage de pouvoir s’exprimer partout, animation en « walking the dog » ou en « stop and go ». La Diver Frog sera la plus réaliste avec ses pattes de grenouille ultra souple qui s’allongent à la traction et se repositionnent à l’arrêt.
Dans un style beaucoup moins réaliste mais ô combien productif et totalement sous employé, il existe l’animation des leurres de type virgule dite en « Buzzing Grub », simple et accessible à tous. Il suffit de deux choses, un hameçon texan et un leurre de type virgule suffisamment dense pour pouvoir être lancer par son propre poids. Montée en texan la virgule passe partout, elle n’a quasi aucune chance de s’accrocher, pensez à vérifier de temps en temps que la pointe de l’hameçon soit bien dissimulée dans le leurre. A la manière d’un « Buzzbait », récupération en linéaire rapide à la surface de l’eau avec possibilité de faire une pause sur la végétation ou dans les trouées d’herbier. Dans le choix de la virgule prenez en une d’au moins 10 cm avec une faucille plus ou moins large ce qui permet de faire varier les vibrations et le son émis, il n’est pas non plus interdit d’utiliser un leurre double queue, voire un shad !
Lorsque l’on pêche aux leurres de surface, le plus dur les premières fois est de gérer sa réaction sur l’attaque d’un poisson. Pour tous les leurres évoqués ci-dessus, il faut imaginer que vous pêchez les yeux fermés. Le pêcheur ne doit pas réagir à ce qu’il voit, mais à ce qu’il ressent au bout du fil, simple à dire mais tellement difficile à mettre en œuvre. Voir une gueule béante se jeter sur votre leurre, voir un brochet sauter hors de l’eau pour se saisir de votre grenouille, difficile de retenir son ferrage. Pourtant il ne faut rien faire, mais attendre de sentir le poisson peser sur la ligne pour envoyer, un vrai ferrage tout en puissance de façon à orienter le poisson vers le haut et l’empêcher de se réfugier dans les racines ou branches de nénuphars.
Sous la surface
Sur la base de la même construction que le Buzzbait, on va retrouver le Spinnerbait. A la place de l’hélice le bras supérieur de ce leurre métallique supportera une ou deux palettes qui vont protéger l’hameçon et éviter les accrocs. Très simple d’utilisation, il suffit de le lancer et de le ramener doucement. Il n’a pas son pareil pour passer dans les nénuphars et déclencher l’attaque des brochets, bass et perches. Si cette vibration ne fonctionne pas vous pouvez continuer avec les cuillères tournantes ou ondulantes traditionnelles en effectuant bien entendu une petite modification. Retirez l’hameçon triple de votre cuillère et remplacez le par un hameçon texan large (wide gap) fort de fer, montez dessus en texan un leurre souple qui fera office d’anti-herbe, simple et ultra efficace !
Leurres souples dans les herbiers
Viennent ensuite les leurres souples, le plus simple étant de les monter sur des hameçons texans à hampe large, ces derniers ayant ma préférence à cause d’une meilleure tenue du poisson. Pour bien passer dans la végétation deux possibilités de montage. La première avec un plomb balle monté sur la ligne et bloqué juste devant l’hameçon ce qui va permettre d’avoir une descente plus verticale et d’aller chercher les poissons plus au creux du massif d’herbiers. Le second montage consiste à prendre un hameçon plombé sur la hampe et y monter son leurre dessus, dans ce cas là, le plomb étant positionné sous le leurre, la prospection se fera d’avantage de façon horizontale. Pour choisir la façon de réaliser votre montage il faut tenir compte de la densité de l’herbier, car plus il sera dense plus il faudra le traverser, exemple de la jussie où le plomb balle lourd est vivement recommandé.
Le rubber jig, plus utilisé par les pêcheurs de bass que par les pêcheurs de brochets n’en reste pas moins un magnifique leurre passe partout qui sait séduire toutes les espèces de carnassiers. Souvent associé avec un leurre souple de forme écrevisse il est parfait pour trouver le carnassier dans les obstacles comme dans les herbiers. La forme de la tête plombée ici est capitale, préférez les têtes triangulaires dites de forme « Arky » (Arky jig) aux têtes football qui elles ne passent pas dans la végétation. Ne vous affolez pas sur la longueur du balai anti herbe, plus il sera long, plus il sera facile de le plier au ferrage pour piquer votre adversaire.
Affronter les bois noyés
Si toutes les techniques vues ci-dessus sont payantes il est encore possible de proposer des présentations totalement différentes. La notion de résistance à la pénétration dans l’eau étant moindre, nous allons pouvoir présenter les leurres souples avec un grammage plus faible et même non plombé. Souvent les pêcheurs passent au dessus des branches avec un popper ou un leurre de surface mais bien peu osent s’y aventurer et y descendre un leurre. Le leurre de surface est certes efficace, mais ce n’est pas tous les jours que les poissons viendront s’aventurer en haut. Les leurres souples ayant davantage une notion de consommable que les leurres durs, c’est par eux que je vais commencer dans les zones fortement encombrées.
Ouvrez-vous de nouveaux espaces
Pour les leurres durs pensez aux hameçons simples, ils vous ouvriront de nouveaux espaces, ils vous permettront de passer dans la végétation en limitant les accrocs, sans vous priver des poissons.
Les hameçons texans wide gap, ils vous permettront tout et notamment de découvrir les nouveaux milieux sans accrocher et passer de longues minutes à refaire les montages. Pour la prospection osez le montage drop hameçon texan et en dessous un plomb balle hameçon texan. Deux tailles de leurres, deux vibrations différentes, deux profondeurs de pêche, concurrence alimentaire, rien de mieux pour déclencher les prédateurs.
Avant de lancer son leurre
– Comprendre le positionnement des carnassiers dans les bois noyés : C’est certainement une des premières chose à analyser, où se trouvent potentiellement nos adversaires ? Lorsqu’il s’agit d’un tronc en verticale, les poissons se trouveront autour du tronc avec une forte préférence pour le côté ombre. S’il s’agit de bois en position horizontale ou en biais, les poissons peuvent se trouver en parallèle de la branche en priorité du côté intérieur de l’obstacle s’il n’y a pas de soleil, par contre si la luminosité est forte ils iront où l’ombre se projette. Vous les retrouverez également sous les branches dans leur prolongement.
– Comprendre la structure d’un arbre : Cela peut paraître simple et évident à tous, mais avant de lancer son leurre, il faut réfléchir à l’orientation des branches. S’il s’agit d’un arbre tombé dans l’eau, le pied de l’arbre se trouve sur la berge et la cime vers le large. Les branches vont aller en s’écartant du tronc. Pour le pêcheur du bord, il va falloir attaquer la prospection large en étant relativement loin du pied de l’arbre, pour toujours tenter de conserver un angle compris entre 60 et 120° (angle de la ligne par rapport à la branche), l’idéal étant de 90°. Plus l’angle sera fermé, plus il y a de chance que la ligne glisse le long de la branche et à défaut de piquer l’hameçon dans le bois, c’est la ligne qui va se coincer dans une fente ou dans l’écorce qui se sera soulevée avec le temps. Il faut donc à tout prix éviter de se mettre au pied de la souche si elle est visible et sinon bien regarder l’orientation des branches avant de lancer.
– Qui dit branche, dit abrasion : Le pêcheur a souvent tendance à l’oublier et à attaquer ces structures avec les mêmes cannes, les mêmes corps et têtes de lignes que dans les autres endroits. C’est une grave erreur qui va être l’occasion de nombreuses pertes de poissons. La canne devra avoir une puissance Heavy (15-40g) ou Extra Heavy (20-80g) ici il n’est plus question de finesse. Préférez les tresses 4 brins (mini 30lbs) certes plus bruyantes que les 8 brins et plus, mais au combien plus résistantes à l’abrasion. Allongez votre tête de ligne en fluorocarbone car c’est elle qui doit aller au contact des branches, il ne faut surtout pas hésiter à la surdimensionner en puissance. A la touche il faut prendre le temps de mettre en tension la ligne, puis ferrer amplement pour empêcher le poisson de passer derrière une branche ou pire d’en faire le tour. Il faut ensuite le sortir en force des branches pour le combattre à l’extérieur. A ce petit jeu le matériel ne doit souffrir d’aucune faiblesse !
Dans les arbres comme ailleurs la prospection va se faire du haut vers le bas et de l’extérieur vers l’intérieur. Le plus simple à utiliser reste l’hameçon texan wide gap fort de fer si l’on veut éviter la casse ou l’ouverture! Une fois le montage du leurre souple non plombé sur l’hameçon, il faut s’assurer que la pointe de l’hameçon est bien repiquée dans le leurre et c’est parti. Il suffit de lancer et de contrôler la descente tout en surveillant que le leurre ne soit pas intercepté. Au moindre doute, la mise en tension de la ligne vous donnera au travers de la canne toutes les informations. Si la ligne décale à droite ou à gauche, si votre leurre est devenu soudain vivant, une seule chose à faire, baisser la pointe de la canne vers l’eau tout en récupérant le plus vite possible l’excédent de fil. Puis envoyez un ferrage ample et puissant pour faire dégager l’hameçon du leurre, piquer le poisson et le sortir des branches dans le mouvement. C’est une pêche plus ludique qu’il n’y paraît car elle demande concentration et précision. A ce petit jeu, tous les leurres souples s’y prêtent, les leurres souples contenant du sel sont plus denses et ont une meilleure conservation en gueule par les carnassiers. Ils s’utilisent plus facilement non lesté. Parmi les formes à retenir, mes quatre préférées sont : Ecrevisse – Tube – Worm – Shad (corps cylindrique).
Descendre au cœur de l’obstacle
Il va falloir lester, le plomb balle devient un plus pour descendre rapidement au plus profond, mais il ne faut pas non plus sous évaluer le potentiel des rubber jig qui n’ont pas leur pareil pour déclencher les attaques sur le fond. Les fibres du rubber jig restent vivantes à la moindre sollicitation du pêcheur et au moindre courant. C’est pourquoi il faut les laisser se poser sur le fond sans rien faire quelques instants. La touche se traduit soit par un toc franc, soit par un déplacement latéral de la ligne, ne reste plus qu’à ferrer amplement.
Lorsque la prospection se fait en bateau si les branches ne sont pas trop denses, je n’hésite pas à utiliser des cranks flottants ou des lipless remontés en hameçon simple. Les carnassiers ne sont pas habitués à cette vibration dans ces endroits et réagissent souvent avec une grande agressivité.
La récupération du leurre doit se faire de façon régulière, pour le crank, la bavette vient en butée sur la branche, il suffit alors de lui redonner un peu de mou pour qu’il se dégage en reculant. Pour le lipless, la tête du leurre vient en opposition avec la branche, il suffit de forcer un peu plus pour le faire basculer sans accrocher. Attention au toc, ce sera parfois une branche mais pas toujours, les poissons ne font pas forcément une touche violente, alors ferrez à bon escient !
Pêcher l’eau libre avec un hameçon texan c’est possible ?
Qui peut le plus peut le moins ! L’avantage de l’hameçon texan est de ne pas accrocher, il se faufile partout, que ce soit dans les herbiers, les branches où les différents obstacles. Le pêcheur a davantage tendance à l’utiliser sur des structures identifiées, mais il est tout à fait possible de l’utiliser en tous lieux. L’avantage est d’augmenter le temps de pêche du leurre en évitant de ramasser des débris végétaux ou de s’accrocher. En eau libre il faudra préférer des hameçons plus fins de fer qui désormais se déclinent à partir de la taille 6 à 8/0, de quoi monter des leurres mesurant à peine 5cm jusqu’à plus de 20 cm. L’utilisation de ces petits hameçons va particulièrement intéresser ceux qui traquent la perche et le chevesne, sans oublier de nouvelles possibilités en mer avec le rockfishing.
L’hameçon texan s’adapte à toutes les situations et tous les montages, il vous ouvrira de nouveaux espaces !
Choisir son hameçon texan
Cela paraît relativement simple à tout le monde, un hameçon reste un hameçon… Hélas c’est loin d’être le cas, car il existe des modèles fins de fer, des normaux et des modèles forts de fers. Dans les obstacles préférez les hameçons forts de fer, car un bass de 45 est capable de casser un hameçon de 3/0 standard, je l’ai encore testé ces derniers jours, c’est toujours dommage de ramener un œillet d’hameçon au bout de la tête de ligne. En eau libre les hameçons fins de fers seront les rois.
- Pour le brochet pas de solution, il faut parer à la coupe : hameçon texan standard et fort de fer et tête de ligne 80 centièmes.
- Pour les autres carnassiers n’hésitez pas à passer sur des hameçons fins de fer wide gap en eau libre, avec une tête de ligne plus fine, ils piquent tout seul et sont indécrochables, à tester avec des têtes de ligne entre 20 et 23 centièmes !
Comment bien attacher un hameçon texan à oeillet
C’est simple et tellement évident que plus personne ne se pose la question, l’hameçon est attaché sur l’œillet tout simplement. C’est hélas une erreur en termes de résistance à la rupture au nœud. Il est tellement plus efficace de faire un nœud sur la hampe comme sur un hameçon à palette en faisant 4 ou 5 fois le tour de la hampe puis en repassant du bas vers le haut dans l’œillet la partie qui sera raccordée au corps de ligne. Avec ce type de nœud on augmente considérablement la résistance pure à la rupture et on supprime sur les montages texans tout frottement ou usure prématuré entre le nœud et le plomb balle.