Il y a deux ans, je vous avais proposé un article sur comment emmener vos enfants en bas âge à la pêche et une certaine vision de l’initiation à la pêche. Plus que des conseils, cela était mon propre constat de jeune papa et je tentais de vous faire partager mes déboires et expériences de sessions passés avec mes très jeunes enfants.
Aujourd’hui, les bébés ont grandi et sont des petits garçons curieux. Plus que des passionnés de pêche, ils sont avant tout je pense, heureux de partager des moments en plein air avec leurs parents. Je reviens vers vous donc, pour vous faire partager de nouveaux mes expériences. Elles n’engagent que moi et ne sont pas vérités. Voici comment j’ai lancé mes enfants, de l’accompagnement et l’observation, à la pratique pêche.
L’envie…
Avant toute chose et je me répète sûrement, il faut que votre enfant ait envie de vous accompagner à la pêche. Il faut que les sorties soient courtes, faciles (pas trop de marche, accès aisé…) pour éviter de frustrer votre enfant ou qu’il associe la pêche à une activité laborieuse. Il vous faut donc réfléchir à des endroits accessibles.
Ensuite, l’idéal, c’est qu’il y ait pas mal de poissons, peu importe la taille. En cela, la pêche au leurre n’est pas forcément le premier reflexe à avoir. La pêche au coup, avec un amorçage, est assez ludique et facile à mettre en œuvre. N’hésitez pas à faire appel à un guide de pêche pour trouver ces endroits et pratiquer cette pêche ludique et facile, ne serait-ce que pendant un après-midi.
Avant de tenir une canne à pêche, il y a de nombreux gestes qui nous paraissent anodins, mais qui sont très importants, avant même de savoir lancer un leurre ou un appât, ce qui est à priori la gestuelle la plus difficile à acquérir.
Les gestes faciles
Toucher le poisson, le manipuler avec précaution au-dessus d’une épuisette, mouliner, tenir sa canne, mise à l’épuisette… sont autant de gestes importants à maitriser avant de savoir lancer. Au début, je me disais qu’en laissant seuls mes enfants apprendre à lancer, ils apprendront vite et par eux-mêmes. En fait, ils lancent souvent n’importe où, c’est dangereux et le reste, à savoir mouliner efficacement n’est pas acquis.
D’autres gestes ludiques sont assez faciles à acquérir. Quand je ferre un poisson, je passe très souvent ma canne à l’un de mes enfants. Ils n’ont certes pas eu le plaisir de la touche, mais ils ressentent la puissance d’un poisson, apprennent à le fatiguer, le maitriser. L’adrénaline et la sérotonine font leur effet. Ils apprennent aussi à se faire à la frustration d’une casse ou d’un décrochage. C’est un apprentissage sûrement à l’envers en ce qui concerne la gestuelle de pêche, mais je pense qu’ils acquièrent ainsi l’envie de se lancer (et de lancer seul par la suite), de vivre ce moment intense d’avoir une touche et de combattre un poisson, le tout par eux-mêmes.
Pour la pêche au leurre, celle que j’ai (peut-être à tort) la plus pratiquée, il faut apprendre à mouliner de manière régulière et à assimiler le fait de ramener un leurre. La position de la canne est aussi déterminante : pas trop haute, ne pas mettre le scion dans les herbes ou rochers devant etc.
Le respect du poisson, mais aussi du matériel de pêche sont des notions importantes. Une canne à pêche, peu importe son prix se respecte. Combien de cannes cassées ai-je eu, parce que ces bonhommes s’impatientaient lors d’un nœud et secouaient les cannes dans tous les sens. De votre côté, je pense qu’il faut absolument mettre de côté le fait de réussir une session. Il faut passer du temps avec eux et réagir rapidement s’il y a un mécontentement, de façon à éviter sautes d’humeur et les casses, soyez au service de vos ou votre enfant(s) pendant la pêche. Il est assez facile de perdre patience et défaire 10 fois un nœud en 3 minutes peut-être très (très) pénible. Mais il faut s’y attendre.
Pour un maximum de confort et afin qu’ils acquièrent rapidement les gestes de base, un matériel adapté est idéal. Canne à coup télescopique sans moulinet dans les milieux dégagés, petites cannes à leurre légère, tresse ou nylon pas trop fin.
Les techniques
En termes de techniques de pêche, comme évoqué, je pratique majoritairement la pêche au leurre. C’est ma technique de prédilection et celle avec laquelle je suis le plus à l’aise. Le rockfishing est une approche aisée, où il n’est pas forcément nécessaire de lancer. J’y vais régulièrement avec les enfants, ce qui leur permet d’apprendre beaucoup de notions : le lancer court, le ferrage sur de petits poissons, le respect du poisson, faire attention à la manipulation (rascasse, vive…) et relâcher son poisson.
Pour ce qui est des leurres, après de nombreux essais, certains sortent du lot en termes de facilité de mise en œuvre et de capture de poisson. Les crankbait, cuillères tournantes ou spinnerbait sont plutôt pas mal pour apprendre. Ils nagent bien (l’enfant voit facilement son leurre nager), sont faciles à animer (récupération linéaire) et à lancer, ils tirent dans la ligne et l’enfant sens bien travailler son leurre. Les leurres coulants comme les minnows, lames, lipless… sont plutôt à bannir. Ils coulent, sont plutôt difficile à animer et s’accrochent au fond et dans les obstacles en coulant. Par ailleurs, ils sont souvent plus onéreux qu’une tournante ou un crankbait.
Je me suis « remis » aussi un peu à la pêche au coup, celle que je pratiquais dans mon enfance. Cela permet de varier les espèces de poissons capturées et là encore, on trouve d’autres gestes et notions qui complètent l’apprentissage de la pêche : trouver ce que mange un poisson (ça nous parait évident à nous, mais mes enfants m’ont déjà demandé pourquoi on ne pêchait pas la truite avec du jambon), mettre un appât sur l’hameçon, lancer sa ligne sur le coup, amorcer… Ils ont ainsi pu attraper quelques carpes, mais aussi des mulets et oblades au pain dans le port. L’excitation est palpable quand le bouchon frétille et s’enfonce. C’est un moment fort pour eux où ils doivent aussi gérer leurs émotions et attendre le moment opportun du ferrage.
Toujours en utilisant des appâts naturels, j’ai remarqué que la pêche au tenya en bateau est particulièrement ludique et efficace. Elle génère de nombreuses touches et la variété d’espèces qu’il est possible d’attraper est immense, en atlantique comme en méditerranée. C’est d’autant plus facile qu’il s’agit d’une pêche à la verticale, sans besoin de lancer. C’est un bon apprentissage pour gérer la profondeur d’évolution de l’appât et gérer sa bannière.
Autres remarques pour pêcher avec des enfants
Parmi les inclassables et les choses que je retiens particulièrement, voici quelques remarques que je pense utiles lorsque vous pêchez avec vos enfants.
Tout d’abord, je pense qu’il est utile d’écraser au maximum les ardillons. Les leurres et hameçons qui passent prêt de votre tête ou autre, cela est assez courant et il est clair qu’un hameçon sans ardillon sera moins dangereux qu’avec. Dans l’excitation ou l’énervement, il n’est pas rare malheureusement qu’un hameçon atterrisse là où il ne faut pas.
Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec le fait que vos enfants évoluent au bord de l’eau, mettez-leur un gilet de sauvetage ou des brassards. Cela peut-être rassurant à plusieurs titres. Personnellement, j’avoue ne pas arriver à leur faire mettre (du bord), mais je reste constamment à moins de 5m d’eux, avec les poches vides (pas de portable ou portefeuille) prêt à sauter dans l’eau si nécessaire.
En ce qui concerne la ligne, il faut éviter de pêcher trop fin à plusieurs titres. Un fil fin, notamment une tresse, peut se révéler coupante et dangereuse. Par ailleurs, lorsqu’il y a un nœud, c’est plutôt difficile à défaire. Ensuite, les enfants maitrisent encore mal leurs gestes, le leurre traine au sol, dans les rochers ou au fond. Le fil est très sollicité par l’abrasion et pêcher trop fin entraine trop de casses.
Privilégiez du matériel pas trop onéreux. Les casses sont régulières. J’en ai d’ailleurs fait les frais à plusieurs reprises.
Conclusion
Voici donc quelques remarques, non exhaustives qui sont le reflet de mes expériences. Organisez et planifiez vos sessions en fonction de votre enfant, de ses attentes, de ses besoins. Je pense que chacun doit s’adapter, en fonction du caractère de son enfant, des zones qu’il pratique. Un sujet très vaste qui rejoint l’éducation. Une chose est sûre, la pêche est une pratique en plein air qui apporte de nombreuses notions : patience, respect de la nature, motricité relativement difficile, moments de complicité et de partage avec les parents et quelques souvenirs impérissables.