Longtemps méconnu des pêcheurs français, le chatterbait commence à apparaître dans la gamme de tous les distributeurs de leurres en France. A l’occasion des salons, des portes ouvertes qui fleurissent dans les magasins en cette période de l’année, le pêcheur de carnassiers a l’opportunité de découvrir les nouveautés, de réfléchir et d’entretenir son matériel.
Une bonne façon de conserver un lien avec sa passion pendant la fermeture du carnassier, de se remémorer les sorties et de se projeter sur la saison prochaine. Le pêcheur aux leurres est toujours à la recherche du leurre miracle, du leurre qui lui fera prendre plus de poissons.
Chatterbait, qui es-tu ?
A la base, il s’agit d’un leurre hybride composé de deux parties, vous verrez plus bas je vous réserve quelques chatterbaits secrets. Mais pour revenir sur ceux que l’on trouve dans le commerce, les chatterbaits sont composés d’une plaque de métal sur laquelle vient se fixer une tête plombée mobile.
Le chatterbait est un leurre simple, efficace à la portée de tous et qui prend tous les carnassiers.
Jean-Michel Marcon
La tête plombée : elle a plusieurs rôles, dont le premier est d’assurer la capture du poisson. Il faut veiller à avoir un hameçon simple piquant et robuste. En fonction de la zone de pêche où vous allez faire évoluer le chatterbait, il va falloir choisir le bon modèle. En eau libre, un hameçon bien dégagé sera parfaitement adapté. Vous pourrez même assurer en mettant un hameçon chance comme sur les spinnerbaits. Dans les zones encombrées, pour les pêches en linéaire, le même type d’hameçon conviendra aussi mais sans hameçon chance. Par contre, si l’animation se fait en traction dans les obstacles ou avec des posés, il faudra recourir à d’autres formes de tête comme les têtes plombées avec anti-herbe, ou avec un hameçon texan.
Jupe et leurre souple : ce sont les deux éléments qui donnent du volume au chatterbait, la jupe de silicone prend vie à la moindre vibration, alors que le leurre souple renforce le volume et émet des vibrations supplémentaires. En linéaire les formes shad, virgule ou double queues sont parfaites. Pour une animation au ralenti avec des posés sur le fond, les leurres souples flottants n’ont pas leur pareil pour faire craquer les carnassiers, l’écrevisse à ce petit jeu est un excellent leurre. Choisissez-en une avec les pinces flottantes.
Palette : son premier objectif est d’émettre de fortes vibrations qui ne passent pas inaperçues des poissons, ou du pêcheur. Lors de la récupération du leurre, la palette se place en opposition à l’eau. Elle s’oriente à 13h00 et joue le rôle de déflecteur au moindre obstacle. La palette du chatterbait renvoie la lumière et émet une forte vibration provoquée par un mouvement de gauche à droite qui augmente en fonction de la vitesse de récupération.
D’où viennent ces leurres ?
Le chatterbait est né aux Etats-Unis, après des débuts difficiles, il a explosé sur le marché américain suite à la victoire d’un compétiteur qui n’utilisait que ce leurre. La médiatisation de la compétition a provoqué l’engouement de milliers de pêcheurs américains pour ce leurre qui a prouvé son efficacité. En France le chatterbait est arrivé il y a seulement 10 ans, de nombreuses évolutions sont encore à venir. Le secret de la palette réside dans le centrage des points d’attache sans laisser de jeu latéral excessif, sinon le leurre ne nage pas. En linéaire si vous êtes en tresse, une longue tête de ligne peut permettre d’amortir les vibrations, une astuce simple et rapide.
Comment utiliser un leurre chatterbait
C’est un leurre de prospection, comme peuvent l’être les spinnerbaits, les lipless et les cranckbaits. Le chatterbait est méconnu des pêcheurs pourtant il excelle dans les pêches de prospection aussi bien dans les milieux encombrés que libres. Aussi facile à utiliser du bord ou sur l’eau, c’est un leurre à l’usage simple et efficace. Il n’y a pas d’animation type. Le lancer ramener fonctionne très bien lorsque les carnassiers sont actifs. Mais vous pouvez aussi les provoquer pendant les périodes de repos avec le chatterbait. A la façon d’un cranckbait qui fait du bottom taping (action de faire taper la bavette du leurre sur le fond en soulevant le substrat), posez votre leurre sur le fond, vous constaterez par eau claire que le leurre se positionne parfaitement hameçon vers le haut. Une pause plus ou moins longue, quelques vibrations de la pointe de la canne pour faire vivre la jupe et le leurre souple. Même le plus fainéant des poissons prendra le temps de se déplacer et viendra voir le leurre, une traction rapide ou une glissade sur le fond provoquera alors un réflexe d’attaque.
Si les poissons sont au milieu des obstacles, aucun souci, le leurre franchit très bien les branches, les pierres et autres. Commencez par attaquer la zone de façon plutôt large. Puis au fur et à mesure resserrez la zone de prospection en n’hésitant pas à taper dans les obstacles afin de provoquer des réflexes d’attaque des poissons. A la moindre touche, ferrez et sortez le poisson en force des branches.
Dernier cas que vous rencontrerez, ce sont les zones de végétation, comme les nénuphars ou les herbiers très denses. Le chatterbait se fraye un passage très facilement dans les pieds de nénuphars. Mais attention, il faut impérativement penser au déroulement du combat avec le poisson, là, ce sera tresse quasi obligatoire pour couper la végétation et conduire en force le combat. Lorsqu’il s’agit de végétation plus dense, l’animation linéaire n’est plus possible, il faut animer le leurre en effectuant des tractions plus ou moins rapides tout en contrôlant bien la descente. On utilisera les têtes plombées avec un anti-herbe ou les hameçons texans. Cette animation donne d’excellents résultats. Si des débris se coincent sur le leurre, celui-ci ne vibrera plus. Une traction plus sèche que les autres permet alors de retirer l’herbe et le leurre se remet en action rapidement.
Le matériel pour pêcher au chatterbait
Deux possibilités en fonction de la façon de pêcher, bien entendu il faudra prendre en compte le grammage du leurre, car si initialement le chatterbait était destiné au black bass et n’excédait pas 21g, nous avons désormais des chatterbaits pour le silure en eau profonde qui font plus de 50g.
Pour une pêche en linéaire, pour la canne il faut choisir une bonne lanceuse en fibre qui permettra d’atteindre les longues distances et atténuera les vibrations dans le poignet du pêcheur. Le leurre étant toujours en tension, l’attaque sera violente, l’utilisation du nylon se révèlera très confortable. Pour le moulinet utilisez un petit ratio c’est le même principe que pour les poissons nageurs grands plongeurs.
Pêche lente à gratter sur le fond, ou dans les trouées, là, le chatterbait n’est plus en tension constante sur la ligne. La tresse reprend tout son intérêt avec sa grande sensibilité, une canne tactile permettra de parfaitement sentir le moment précis où le carnassier se saisira du leurre posé sur le fond. Un ratio plus important du moulinet permettra alors de sortir rapidement le poisson des obstacles. Il s’agit là plus d’une pêche qui ressemble à une pêche au rubber jig, mais la palette du chatterbait par ses vibrations permet au carnassier de rapidement localiser le leurre et de venir de plus loin.
Réflexion sur le « Chatterbait »
En fin de saison, j’ai commencé à réfléchir sur le « Chatterbait ». Au travers des différentes marques distribuées dans le commerce, les chatterbaits sont relativement stéréotypés. L’origine Américaine du chatterbait le destine surtout à la pêche du Bass. En France malgré les efforts de passionnés nous sommes bien loin de pouvoir trouver des populations significatives sur l’ensemble du territoire national. Alors j’ai eu envie de faire évoluer l’esprit du chatterbait pour la pêche du brochet. Le plus dur a été de trouver les palettes seules, mais en cherchant un peu sur le net, j’ai fini par trouver mon bonheur. Le but ensuite a été de réfléchir aux différents leurres qui pourraient être associés à la palette. Pour les monter, il faut un point d’attache sur l’avant et c’est parti. C’est ainsi que sont nés des chatterbaits totalement différents.
Chatterbaits et leurres durs : si si, c’est possible et même très simple à faire, mais tous les poissons nageurs ne se montent pas. Seuls les poissons nageurs sans bavette avec un point d’attache au nez fonctionnent. De préférence les swimbaits, ils conservent leur nage avec la vibration en plus de la palette. Cela fonctionne aussi très bien avec les sliders. Pour confectionner le montage, il suffit de relier la palette au nez du leurre avec deux anneaux brisés et le tour est joué. L’ajout de la palette aura tendance à les faire nager plus haut. Un plomb additionnel placé sur le nez du poisson nageur ou sur un des anneaux brisés permettra à la fois de pêcher en linéaire et de pêcher à la descente. Quelques leurres parfaits pour ce montage : Rapala Otus et Peto, Spro BBZ, Salmo Slider, Westin Swim.
Chatterbaits et cuillères : partant du même raisonnement que pour les leurres durs, il a été encore plus facile de décliner le chatterbait version ondulante. Ramenée à faible vitesse, la palette vibre de gauche à droite alors que la cuillère ondule derrière, et sur les relâchés la cuillère reprend sa nage aléatoire. Le même montage peut se faire avec les cuillères tournantes, notamment celles bénéficiant d’un avançon plombé qui permettra de les faire nager à la descente ou de varier la profondeur d’évolution en linéaire. Il suffit de relier les deux éléments par un anneau brisé et le tour est joué.
Le chatterbait est un leurre qui intéresse tous les carnassiers. Il peut être utilisé dans toutes les conditions, aussi bien en linéaire que dans les zones encombrées. C’est un leurre qui se travaille et se modifie facilement, il rend la création de leurres à la portée de tous. Avant de l’utiliser un petit test en bassin pour valider ou modifier. La conjugaison chatterbait poisson nageur ou cuillère m’a déjà rapporté mes premiers poissons en eau froide en cette fin de saison. Pour l’ouverture, quand les brochets seront derrière les bancs de poissons blancs au moment du fraye, ça ne laissera pas indifférent ! En attendant place à la truite et pour ceux qui ne peuvent y aller, révisez le matériel, changez les hameçons, rangez les boites et imaginez le leurre parfait, car toute nouvelle vibration est souvent gage de succès au bord de l’eau !
Comment bien choisir son leurre ?
Les chatterbaits du marché français sont désormais très nombreux on les retrouve dans toutes les marques, la gamme de prix va de 6 à 18€. Quelques règles pour bien choisir son chatterbait : une jupe ligaturée évitera qu’elle ne soit découpée par les dents du brochet trop vite, et un hameçon de qualité.
Pensez au trailer, il est plus important qu’il n’y parait. Il ajoute des vibrations, écarte les fibres de la jupe, augmente le volume, diminue la densité de l’ensemble et permet une nage plus planante. Lors de l’attaque le carnassier aura plus de facilité à aspirer le leurre. Les trailers aromatisés et salés se révèlent particulièrement efficaces pour la tenue en gueule du leurre, mais pensez à les retirer en fin de partie de pêche pour éviter la corrosion.