Comme chaque année à pareille époque, la pêche aux leurres connait une période d’inactivité et beaucoup sont les pêcheurs qui attendent impatiemment l’ouverture de la truite pour pouvoir reprendre du service dans le domaine public, tandis que les plus acharnés n’hésiteront pas à se diriger vers les sites privés ou les eaux closes pour continuer à s’adonner à leur passion.
En étant résolument calquée sur la période de reproduction des espèces endémiques (brochet et perche), la fermeture de la pêche dans les eaux de seconde catégorie prive les pêcheurs aux leurres de leur activité favorite pour plusieurs mois et oublie finalement la considération des autres espèces à la valeur halieutique forte que sont le silure, le sandre, le chevesne, l’aspe et le black-bass.
Et même si dans plusieurs départements ou au sein des territoires locaux des mesures sont mises en place pour favoriser l’activité pêche tout en protégeant efficacement la ressource en respectant le rythme biologique des différentes espèces, ces initiatives apparaissent comme bien trop isolées et ne suffisent pas à montrer un réel engouement des gestionnaires pour le développement de l’activité pêche en France.
Favoriser l’activité pêche
Et c’est réellement dommage à la vue de la taille et de la diversité de notre réseau hydrographique, de la notoriété de notre pays en ce qui concerne le tourisme, et de nos atouts comme la gastronomie. Si l’on considère en plus que l’activité pêche est génératrice d’une économie certaine, qu’elle profite aux zones rurales et qu’elle apparaît comme un complément non négligeable des zones touristiques hors saison, on est en droit de se poser la question de la pertinence du maintien d’une telle mesure. D’autant que de nombreux pêcheurs sont aussi chasseurs. Ces derniers ne peuvent pratiquer leur passion qu’en automne et au début de l’hiver. Le reste de l’année, la pêche aux leurres pourrait avantageusement compléter cette offre « nature ». Or aujourd’hui, la pêche est en concurrence avec la chasse car elle sous exploite cette période où la chasse est interdite : la fin de l’hiver et tout le printemps. Cette longue période de fermeture de la pêche aux leurres n’apparaît-elle pas aujourd’hui comme contre-productive en privant les pêcheurs de leur activité, en étiolant inexorablement les effectifs de ces derniers et en proposant un loisir qui ne correspond plus aux attentes d’une société dont l’évolution permanente est incontestable ? Quelles seraient les pistes permettant au loisir pêche de raccrocher le train d’autres activités outdoor qui ont actuellement le vent en poupe ?
Retrouver de l’attractivité
Bien que depuis une vingtaine d’années maintenant certains tentent de faire évoluer l’image de la pêche, et si son influence a pu être perçue au sein des pêcheurs, il n’en reste pas moins que la vision générale auprès du grand public n’a guère changé. Et c’est relativement normal si l’on considère le peu d’actions promotionnelles réalisées en ce sens, aussi il n’est pas tant étonnant que l’image pêche, chasse et tradition demeure. Mais pour pouvoir attirer de nouveaux pratiquants, il faut leur proposer un loisir davantage en accord avec leurs attentes tout en s’adressant à un nouveau public où la réserve d’effectifs est importante, celui des villes. La pêche aux leurres et notamment celle du black bass apparait comme l’atout majeur pour entamer la mutation profonde du loisir pêche.
Ludique, accessible. Connecté et communautaire
Le succès actuel du running, du trail, peut s’expliquer de différentes manières mais l’accessibilité aisée à la pratique est un facteur indéniable. Ne pas être soumis à de quelconques contraintes et pouvoir pratiquer dès que l’on a un peu de temps dans une vie organisée autour du travail, de la famille voilà ce que recherchent cette population urbaine. Si l’on ajoute à cela l’aspect sportif et nature on obtient un engouement de la part des trentenaires, quadragénaires qui représentent une bonne partie de la population active. La pêche aux leurres dispose de tous ces atouts. Il est possible de faire un petit tour rapide, une paire d’heures seulement en marchant, en barbotant dans une apparente nature urbaine ou péri-urbaine.
Cette population connectée affectionne les communautés et les réseaux sociaux et délaisse les associations. Aussi, orienter les supports de communication dans ce sens semble aujourd’hui indispensable. En touchant cette catégorie de nouveaux pêcheurs, le marché profiterait de nouveaux clients au pouvoir d’achat supérieur à la moyenne et qui n’hésitent pas à s’équiper largement.
Nous prenions l’exemple du running et du trail au début de ce paragraphe. C’est le loisir le plus accessible et le plus simple, le moins onéreux qui existe mais les codes mis en place par notre société de consommation obligent rapidement le débutant à investir dans des équipements électroniques et des vêtements techniques, des chaussures vendues pour plus pointues tout en commençant à participer à des regroupements lancés sur les réseaux sociaux. Ça tombe bien, la pêche aux leurres est la plus fournie en accessoires de tout genre et le nombre de clubs augmente chaque année. Et dès lors que ces nouveaux pratiquants sont convertis, appartiennent à une « communauté », ils deviennent les nouveaux vecteurs du loisir, les plus actifs et les plus acharnés sur les réseaux sociaux comme s’ils devaient prouver leur bonne foi à cette nouvelle appartenance.
A ceux-là, il ne faut pas parler d’engagement, de bénévolat ou encore d’implication. Ça ne les intéresse pas, ils n’ont pas le temps. Mais pourquoi se passer de leur participation au marché halieutique et de leur cotisation, il serait alors envisageable de professionnaliser les AAPPMA, les fédérations.
En prenant votre carte de pêche, vous devenez de fait membre d’une AAPPMA (Association Agrée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique). Une partie du montant de votre carte de pêche sera reversée à celle-ci. Vous êtes totalement libre de choisir l’association qui correspond le mieux à vos idées. Vous pouvez également, de par votre cotisation, participer aux Assemblées Générales et vous présenter aux conseils d’administration.
Que manque-t-il alors ?
Première réponse, des poissons et surtout des black-bass. Parce que c’est le poisson le plus accessible lorsqu’il est disponible en quantité suffisante.
Longtemps les pêcheurs de black-bass, avec leur matériel spécifique, leurs bateaux ont été considérés comme des pêcheurs élitistes pratiquants des techniques spécifiques mais c’est une fausse image. Il est en réalité bien plus simple de leurrer un black-bass, qu’un sandre ou un brochet.
Alors si l’on souhaite s’adresser à cette nouvelle population de pêcheurs, il faut concentrer les efforts d’alevinage sur le poisson qui répond le mieux à leurs attentes. En comparaison, chaque année des centaines de kilos de sandres sont déversés et les pêcheurs ne les voient quasiment jamais. Cette situation engendre inévitablement une incompréhension entre les AAPPMA et les pratiquants. Les premiers ayant voulus faire plaisir aux seconds mais les seconds sont insatisfaits parce qu’ils ne les attrapent pas, ne les voient pas.
Le second élément de réponse, c’est de permettre la pratique de la pêche aux leurres sur la période la plus large possible, en respectant simplement les périodes de reproduction des espèces. Cet élément doit inévitablement s’accompagner d’actions pédagogiques, et d’une simplification de la lisibilité de la réglementation de la pêche. Beaucoup de personnes souhaiteraient emmener leurs enfants pêcher mais devant la complexité de réglementation et la difficulté d’obtention d’information, elles renoncent ou se tourne vers les domaines privés.
Cette année 2016 est une année d’élections fédérales. Augurons que certaines de ces idées arrivent jusqu’aux oreilles de ces instances et suscitent un intérêt certain. Il y a tant d’actions simples à mettre en place, tant d’atouts pour la pêche en France qu’il est amusant de voir que certaines fédérations font appel aux dons de particuliers pour leur fonctionnement.
Le fossé entre les dirigeants et les pratiquants doit se réduire, les décisions prises doivent être concrètes et pas seulement politiques pour que la France ne soit pas le mauvais élève pour la pêche en Europe.
Black Bass France, association de loi 1901 fait la promotion du black-bass depuis 1994. En plus d’être à l’origine de nombreux plans d’empoissonnements à travers toute la France, l’Association a été un acteur incontournable dans l’évolution du marché halieutique français. Black Bass France est également un interlocuteur privilégié auprès d’instances comme les AAPPMAs, les Fédérations ou encore la FNPF. C’est notamment grâce à ces relations que sa proposition sur l’évolution de la taille légale de capture de 23 à 30cm a débouché sur la modification de la réglementation.
Informations et inscriptions sur : blackbassfrance.org
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