La pêche à la truite aux appâts naturels est une technique de pêche efficace lorsque les beaux jours sont là et nombreuses sont les truites en attente de festoyer avec les appâts de saison. Selon l’altitude du cours d’eau et son environnement proche, nous pourrons pêcher plus facilement aux appâts naturels qu’avec n’importe quelle autre technique pour la truite. Tour d’horizon sur certains points techniques de cette pêche au toc…
Matériel de pêche à la truite aux appâts naturels
Nous utiliserons une canne à appâts naturels en 3 ou 4 brins comme la Feather Weight de Pezon et Michel puisqu’elle correspond exactement à ces pêches d’été. Elle nous permettra de lancer loin, grâce à sa longe d’anneaux (17), de petits appâts fragiles avec de petites plombées. Elle nous facilitera la tenue de beaux poissons piqués sur nos fils fins puisque son action très progressive absorbera les coups de tête et rushs puissants des poissons. Comme nous pêcherons des secteurs avec un niveau d’eau assez bas, nous enroulerons sur un moulinet léger à tambour tournant de préférence, un fil de 12,5 centièmes fluorescent « color line » en corps de ligne puis nous aurons dans les poches de notre gilet trois bobines de 12 à 10 centièmes pour les bas de ligne.
Les plombées seront composées de petits plombs de taille 5 à 9. Les hameçons que nous monterons sont choisis selon la taille des appâts, de préférence sans ardillon ou écrasés, ultra piquants et solides. Les tailles les plus courantes sont les numéros de 8 à 14.
Une épuisette sans nœud sera indispensable pour écourter les combats si nous relâchons nos truites dans les meilleures conditions de vie possibles et une paire de lunettes polarisantes pour juger correctement des profondeurs et des encombrements de la rivière sera un atout. Nous pêchons en fil fin et le moindre accrochage sur le fond se soldera généralement par une casse.
Gestuelle et tenue de la canne à pêche
Pêcher aux appâts en dérive naturelle nécessite une gestuelle assez particulière et il nous apparaît évident une fois maîtrisé que cela ne tient pas au hasard. D’ailleurs pour faciliter cette gestuelle, la canne devra être tenue sur le haut du manche en liège pour caler celle-ci contre notre avant-bras pour limiter les risques de fatigue et de modification de dérive. Pour lancer notre ligne, nous sortirons préalablement la distance en fil à atteindre et nous utiliserons un mouvement de balancier comme moyen de propulsion. Ce mode de lancer est celui qui occasionne le moins de problème de déchirement des appâts et demeure le plus précis avec un peu d’habitude.
Pour obtenir une dérive parfaitement libre après le lancé, l’angle formé entre la canne et le fil lors de la dérive doit être le plus aiguë possible, une fois l’appât situé à la bonne profondeur. Pour obtenir un tel angle, si nous pêchons une veine d’eau à six mètres de notre position, nous pratiquerons avec au moins sept mètres cinquante de fil. Cet « excédent » de fil nous permet de relever la canne en position haute et de réguler l’avancée de la ligne dans la veine d’eau.
Effectuer une dérive
Élément déterminant de notre journée de pêche, elle est basée sur la notion de distance de dérive. Souvent liée à la longueur de canne et pour choisir la bonne longueur de canne pour effectuer des dérives parfaites, nous devons retenir que les cannes à appâts naturels pêchent au maximum à 4 fois leur longueur totale, soit presque seize mètres pour une canne de trois mètres quatre-vingt dix. La longueur la plus intéressante étant deux fois soit huit mètres! Maintenant que nous savons comment choisir notre canne, regardons de plus près comment effectuer la dérive.
Une dérive se pratique à l’aide des deux mains. L’une suivant le courant de la veine d’eau avec la canne et l’autre régulant la tension de la ligne et sa longueur suivant l’avancée de notre appât. C’est dans un synchronisme subtil des deux mains que la dérive devient parfaite. De toute façon, les dérives en étiage sont les plus difficiles à réaliser du fait de leur « légèreté » apparente et seule la pratique permet d’obtenir des gestes coordonnés.
La plombée idéale pour la truite aux appâts naturels
Le point important de la plombée en condition d’étiage est de passer à la même vitesse que le courant avec l’appât pour qu’il dérive le plus naturellement possible sur un poste intéressant. Le bon bas de ligne est un équilibre parfait entre le diamètre du fil, les plombs, le poids de l’appât, la vitesse des courants et la profondeur des zones de pêche pour effectuer le meilleur passage de l’appât devant le nez des poissons pour qu’ils s’en saisissent dès la première dérive sans se méfier. En clair, la bonne plombée lors d’une sortie de pêche en été est celle qui vous permettra de prendre dix poissons sans s’accrocher au fond alors que les autres n’en prendront qu’un voire pas du tout.
Bas de ligne pour la pêche à la truite aux appâts naturels
Allégés au maximum, même dans les zones courantes afin de préserver l’évolution « libre » de l’appât dans la bonne hauteur d’eau, les bas de lignes seront composés d’un fil résistant à l’abrasion de type fluorocarbone avec des plombs extra tendres pour limiter les blessures sur le fil et les déplacer facilement dessus. Le but à atteindre est de pêcher dans la bonne hauteur d’eau, à la bonne vitesse tout en lançant normalement, ce qui n’est pas une mince affaire surtout si nous débutons. Nous pensons toujours qu’il faut beaucoup de poids pour lancer ou même tenir dans une veine d’eau puissante…. alors que nous voyons que ce n’est pas la réalité lorsque nous pratiquons souvent les eaux rapides.
Dans tous les cas, nous ne dépasserons pas le nombre de cinq plombs utilisés sur le bas de ligne en dérive naturelle auquel cas nous augmenterions considérablement les accrochages et les nœuds sur les lancés si nous ne maîtrisons pas parfaitement la technique. Quand nous devons « alourdir » notre bas de ligne, nous diminuerons le numéro des cendrées d’un chiffre. Si nous concevons une plombée trop légère, le lancé et la dérive seront impactés et les appâts seront détériorés par les pêcheurs qui forcent sur leur lancé par manque de poids. A l’inverse, trop de poids empêche un suivi correct des veines de courant et engendre des accrochages à répétition nuisibles à une pêche discrète d’étiage. L’intérêt est d’amener naturellement par la veine d’eau l’appât à la truite pour qu’elle s’en saisisse. Les deux premiers bas de ligne servent à pêcher dans la première moitié de la profondeur et en fonction de la force des courants alors que le troisième sert à pêcher la seconde moitié plus rapidement tout en gardant une grande fluidité dans la dérive.
Les appâts des pêches estivales pour la truite
Ces pêches aux appâts naturels utilisent des appâts prélevés dans le milieu naturel aquatique et/ou terrestre. Les appâts les plus courants que sont les sauterelles, les trichoptères ou portes bois, les mouches noires, les fourmis volantes et certaines heptagénéidés ou pataches doivent être le plus qualitatifs possibles. Nous les conserverons dans le meilleur état possible avec des boîtes adaptées à l’abri de la chaleur. C’est la vie qui plaît au prédateur… et il est certain que des appâts « frais » auront plus de grâce aux yeux des truites que des morts! Plus il fera chaud dans la journée plus nous devrons prendre soin de nos appâts et pour certains, il sera utile de les mouiller toutes les dix minutes. La mouche naturelle et la sauterelle sont des appâts de surface, c’est-à-dire que lorsqu’ils dérivent immergés, nous les trouvons le plus souvent dans la moitié supérieure de la profondeur alors que les pataches et les portes bois dérivent le plus souvent dans la moitié inférieure de la profondeur. Il est aussi très important d’utiliser les appâts trouvés sur le secteur, c’est à dire que de pêcher avec des sauterelles là où il n’y en a pas serait une erreur…
Le ferrage
Nous sommes équipés d’un équipement ultra efficace en terme de ferrage et encore plus avec des hameçons au piquant irréprochable. Nous ne devrons donc pas trop appuyer celui-ci au risque de provoquer une casse sur un poisson correct. D’ailleurs avec de petites cendrées, un ferrage latéral est bien plus efficace et présente au moins l’avantage de ne pas occasionner d’emmêlage sur le bas de ligne ou contre le scion de la canne en cas de raté ou de décrochage intempestif.
Les postes de pêche de la truite aux appâts naturels
Pêcher aux appâts naturels sur des rivières en étiage, c’est comprendre la position des truites pendant les différentes heures de la journée. L’observation des postes sur des secteurs ensoleillés ou à l’ombre permet d’anticiper les lieux de pêche en fonction de la thermie de la journée. Si nous pêchons tôt le matin, nous privilégierons les postes avec des courants de moindre importance et situés à la lumière alors que si nous pêchons en pleine journée, nous privilégierons les courants puissants et ombragés. Tout le choix du parcours réside sur la température extérieure, plus il fera chaud, plus nous devrons aller chercher des secteurs de rivière protégés des fortes températures comme les « gorges » ou les secteurs abrités comme les sous-bois… Très souvent, nous pratiquerons ces pêches dans les rivières de montagne et les résurgences qui seront les plus praticables car leurs températures d’eau restent fraîches au plus fort de l’été. Même si les parcours judicieusement choisis sont à l’origine de la réussite de la pêche, il ne nous faudra pas négliger l’importance de nos appâts selon les postes pour définitivement sortir notre épingle du jeu.
La conclusion
Les pêches estivales sont des pêches captivantes qui permettent au pêcheur au toc de se replacer au milieu de la nature et de prendre du poisson dans des conditions difficiles. Mais le principal avantage de ces pêches, c’est qu’elles permettent de comprendre ce qu’il doit travailler sur sa technique favorite pour devenir encore meilleur pêcheur.