[Récit] Le jour où l’on croise la route d’une carpe commune géante

Mon frère et moi rêvions depuis des années de croiser la route d’une commune géante. Notre région recèle énormément de grosses miroirs, mais très peu de communes hors norme. Et c’est effectivement loin de chez nous que le rêve s’est réalisé…

Le lac est superbe. Nous le découvrons petit à petit lorsque le jour se lève, étant arrivés de nuit sur le poste. Honnêtement je ne m’attendais pas à ça. Je ne sais pas comment dire, mais nous nous sentons tout de suite à l’aise dans cet environnement. Le temps est au beau fixe et le restera tout au long de la session. Nous décidons de ne pas pêcher durant cette première journée et prenons le temps d’observer les lieux. Les spots intéressants se comptent par dizaines et il est clairement difficile de faire un choix. Le plus important est de choisir la bonne stratégie de pêche, la stratégie qui nous permettra d’accéder à notre rêve. La grande commune est au centre des débats. Nous sommes venus pour elle. Nous la désirons à tout prix cette commune immense, mais pour l’instant, j’ai l’impression qu’elle est à des années-lumière !

 

Mise en place de la stratégie de pêche

La première nuit nous permet de jauger l’activité qu’il y a sur le lac. Dans un premier temps nous décidons de varier notre pêche au maximum de façon à obtenir rapidement des informations sur les endroits où les poissons s’alimentent. Bordures, obstacles : tout est observé à la loupe. Nous écartons les lignes, varions les profondeurs et les types d’appâts. Peu à peu, nous appréhendons le fonctionnement du lac. Au bout de 72 heures, un spot se démarque réellement des autres. C’est de loin le plus productif. Grace à lui, deux ou trois poissons viennent nous rendre visite tous les jours exactement dans la même tranche horaire. Il y a de grandes chances pour que la commune ne soit pas loin, qu’elle tourne autour de nos spots, ne daignant pas pour l’instant se laisser prendre au piège. Nous en avons parlé pendant des heures : nous mettrons tout en œuvre pour voir cette commune entrer dans le filet, quitte à ne pas prendre beaucoup de poissons. Ne voyant pas la situation se débloquer, nous prenons alors une décision radicale. Nous arrêtons de pêcher ce spot pendant trois jours tout en continuant à l’amorcer de manière régulière. Je vous promets que c’est un effort immense de voir en permanence des poissons sauter sur le spot, de savoir que l’on peut les attraper et de ne pas placer de montage à cet endroit ! Un enfer ! Mais nous continuons notre stratégie jusqu’au bout : le spot est au repos. Nous amorçons juste avant l’heure productive. Le but est évidemment de mettre les poissons en confiance et plus particulièrement les gros sujets restés en retrait, apeurés par l’activité et la capture des poissons plus modestes. Heureusement, les autres cannes nous aident à surmonter cette frustration en nous offrant de temps à autre une belle récompense, rendant l’attente moins pénible.

 

Enfin !!

Au bout de trois jours d’attente, l’excitation est indescriptible lorsque le montage est replacé avec le plus grand soin. Nous allons enfin voir si notre stratégie a été bonne, si nos efforts n’ont pas été vains. Nous sommes à fond ! Un premier bip, puis un deuxième scellent une attente de deux heures au cul des cannes. Le poisson est lourd, puissant. Ça sent bon. Mais quelques minutes plus tard, le poisson se décroche. Je n’arriverais pas à décrire l’état de colère dans lequel nous nous trouvons. Nous savons tous les deux que si notre stratégie a fonctionné, les gros sujets vont tomber au premier départ, au deuxième au plus tard. Je peux dire que nous avions les nerfs… et je reste poli ! D’autant plus que le second départ n’arrive pas. Une heure, deux heures puis trois… c’est le calme plat. Nous arrivons à la fin de la « bonne heure » et toujours rien. L’amorçage et les trois jours de repos n’ont-ils pas fonctionné comme nous l’avions prévu ? Alors que les certitudes commencent à nous quitter, un départ strident nous extirpe de nos doutes. Elle est là, elle est au bout ! Ça ne peut être qu’elle ! L’objet de toutes nos convoitises ! Au premier passage devant l’épuisette, nous sommes tous deux émerveillés par ses mensurations ! Elle se retourne une première fois nous laissant admirer ses flancs plein d’écailles, mais également sa longueur hors norme. Notre ami d’enfance, de passage dans la région, lui non plus n’en croit pas ses yeux. Sur le tapis, elle est vraiment impressionnante ! En parfait état, il ne lui manque pas une écaille ! Elle nous aura livré un combat dantesque, comme l’aurait fait une carpe sauvage de rivière. Un combat à l’image de sa morphologie ! Une vraie torpille de 30.5kg !

Carpe commune géante

Conclusion

Ce poisson (et tous les autres d’ailleurs) nous le devons à une seule chose. Nous le devons à la complicité que mon frère et moi avons liée au cours de toutes ces années au bord de l’eau, allant toujours dans un sens commun, ne visant jamais l’individualité. La passion est là, sans relâche, allant crescendo, sans cesse alimentée par de nouvelles captures. Et je pense qu’elle sera là pour toujours !

 

 

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