L’utilisation des sacs de conservation s’est généralisée avec le développement de la pêche de la carpe et sont indissociables de la volumineuse bagagerie que le carpiste s’échine à transporter au bord de l’eau. Plébiscités par les pêcheurs mais parfois décriés sous principe de lutte contre le trafic des spécimens, les sacs dans lesquels les poissons sont sensés reprendre leurs esprits après une capture ont connu quelques évolutions notoires ces dernières années.
Qui n’a jamais rêvé tenir dans ses bras un splendide poisson ? Les captures d’un trophée coïncident rarement avec les conditions optimales pour shooter des photos, surtout quand on est seul en session. L’utilisation de sacs de conservation s’avère nécessaire pour qui veut des souvenirs de ses captures ou pour qui a besoin de preuves pour justifier de son statut de carpiste…
L’évolution des sacs et leurs caractéristiques
Les sacs de conservation ont peu évolué jusqu’à l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération combinant pesée et réception. Effet de mode ou vraie avancée technique, les magazines pullulent de photos de sacs flottant en surface. Pourtant, les différents sacs ont des caractéristiques différentes et leur bonne utilisation dépend des conditions rencontrées.
Les sacs d’ancienne génération se plaquent sur le fond une fois le poisson calmé. Ils ont quelque peu changé pour passer de vulgaires sacs à patates à des produits épousant au mieux les formes allongées des poissons qu’ils hébergent. Dépourvus de flotteurs, leur principal défaut réside dans leur propension à s’accrocher dans les obstacles de la berge. Il arrive de retrouver un sac vide au petit matin, la carpe s’étant échappée de sa prison éventrée sur une souche, à condition de ne pas s’être abîmée durant son combat pour retrouver l’eau libre. J’ai pourtant toujours quelques-uns de ces sacs qui me sont utiles quand je pêche des zones propres et au fond meuble, mais surtout par mauvais temps, quand le vent rabat invariablement les sacs flottants contre les bordures. Je préfère aussi des sacs coulants par températures extrêmes, quand il est nécessaire de conserver les poissons dans une zone de confort relatif à l’abri de températures trop élevées ou trop froides.
Il est indéniable que les sacs flottants conviennent mieux à notre pratique dans les conditions ordinaires. Ils ont été adaptés pour réduire les manipulations des poissons mais restent volumineux et contribuent à surcharger le carpiste. On peut y mettre directement une carpe après sa prise pour procéder à la pesée puis la mettre à l’eau sans la changer de contenant. Les risques de voir le poisson s’abimer sur des obstacles est réduit si le sac flotte loin de la berge. Les photos dans l’eau se trouvent facilitées, il suffit de sortir délicatement Madame de son cocon pour la présenter devant l’objectif sans avoir à la reposer sur le matelas de réception.
Les qualités requises pour un bon sac de conservation
Si comme l’indique leur nom les sacs sont étudiés pour conserver les poissons, on a compris que leur qualité première réside dans l’utilisation que l’on en fait. Face à la pléthore de matériels à disposition, on peut lister différents critères guidant son choix car tous les sacs ne se valent pas :
- une solidité générale des matériaux avec des coutures doublées, des renforts aux points sensibles, des sangles centrales supportant le poids du poisson durant le transport ;
- des mailles en nylon permettant une circulation optimale de l’eau et la bonne oxygénation de la captive ;
- des poignées doublées placées aux extrémités pour assurer le bien-être du poisson pendant la manipulation qui s’en trouvera facilitée ;
- Une fermeture éclair à double glissière permettant une ouverture sur 3 côtés et munie d’un système de verrouillage empêchant une ouverture intempestive ;
- des barres de tension évitant que les parois du sac ne collent au poisson ;
- une corde en nylon solide assez longue pour un amarrage à une pique solide dans des conditions acceptables pour la carpe, lien à munir d’un flotteur si le sac en est dépourvu.
On est proche du matériel idéal si on peut ajouter à cette liste non exhaustive une pochette étanche évitant les odeurs et les pertes d’eau durant le transport.
Les limites de l’utilisation des sacs
Il est aberrant de constater que des pêcheurs revendiquant un no-kill total apportent peu d’attention à l’utilisation des sacs. Le meilleur matériel ne sera d’aucune utilité et son emploi dangereux si son placement dans l’eau est inadéquat : un sac sec accueillant un poisson, le stationnement d’un poisson de nuit dans une zone chaude ou dans un herbier mal oxygéné, l’immersion d’un sac sur un poste miné d’obstacles, sont autant d’agressions mettant en jeu la santé du poisson. L’utilisation des sacs ne doit pas être systématique. L’excuse parfois avancée consistant à placer en sac une carpe tout juste capturée pour lui permettre de récupérer avant d’être relâchée est difficilement recevable quand la possibilité de la photographier immédiatement existe.
A contrario on peut douter de l’efficacité de l’interdiction des sacs de mise sur certaines eaux pour lutter contre le trafic des poissons. J’ai du mal à croire qu’une telle disposition puisse arrêter le pillage de certaines eaux publiques, comment expliquer sinon les déplacements de spécimens révélés par la publication de photos exhibant un seul et même poisson dans des décors totalement différents… Il est vrai qu’il est plus facile et surtout moins dangereux de sanctionner un adepte du no kill ayant bravé cette interdiction dans le but de garder un souvenir d’une capture que de s’attaquer aux vraies causes du problème ainsi qu’aux braconniers.
Bien réfléchir avant de placer un poisson au sac…
Le sac doit être utilisé en tout dernier recours afin d’éviter les manipulations superflues des poissons capturés. Procéder directement à la séance photo à l’issue d’un combat évite les risques encourus avec des poissons énervés tout juste extraits de leur prison de toile. Il convient également de s’assurer qu’un poisson emprisonné soit en parfaite sécurité dans un sac positionné loin de tout obstacle et dans une couche d’eau lui permettant d’attendre sa libération dans de bonnes conditions.